Depuis les élections présidentielles américaines, les marchés boursiers américains profitent d’un optimisme lié aux baisses d’impôts annoncées et à une tendance à la déréglementation, suscitant l’espoir d’une croissance bénéficiaire des entreprises. A l’inverse, les actions européennes subissent la défiance des investisseurs, en raison des indicateurs macroéconomiques en zone Euro et en Chine, et des craintes liées aux droits de douane promis par Donald Trump sur les importations sur le sol américain.
Cependant, ce sentiment négatif vis-à-vis des actions européennes nous semble discutable. Nous voyons même plusieurs raisons d’espérer un rebond des marchés européens dans le courant de l’année 2025.
Tout d’abord, l’impact des droits de douane sur les importations européennes devrait rester limité, car la majorité des biens européens vendus aux États-Unis est produite localement . Seuls quelques secteurs, comme l’automobile et le luxe, pourraient être touchés. Toutefois, les sociétés du luxe disposent d’un pouvoir de fixation des prix, et le secteur automobile, bien que directement affecté, ne représente qu’une faible part des indices européens (moins de 2% de la capitalisation boursière de l’indice MSCI Europe ). Par ailleurs, n’oublions pas qu’il s’agira d’une négociation et que les Etats-Unis ont également à perdre dans une guerre commerciale avec l’Europe.
De nombreuses sociétés cotées en Europe génèrent une part plus importante de leurs revenus en Chine qu’aux Etats-Unis, notamment dans les secteurs de la sidérurgie, de la consommation, de la chimie et de l’industrie.
Une autre raison d’être optimiste à l’égard des marchés européens réside dans les bénéfices que pourront retirer les grandes sociétés européennes de la mise en œuvre du programme de Donald Trump, compte tenu de leur exposition significative aux Etats-Unis (26% des revenus des sociétés appartenant à l’indice STOXX 600 ). Ainsi, elles profiteront directement dans cette zone de la baisse annoncée du taux d’imposition sur les sociétés, de l’accélération attendue de la croissance et de la poursuite du renforcement du dollar vis-à-vis de l’euro.
Par ailleurs, de nombreuses sociétés cotées en Europe génèrent une part plus importante de leurs revenus en Chine qu’aux Etats-Unis, notamment dans les secteurs de la sidérurgie, de la consommation (luxe, automobile, cosmétiques et alimentation), de la chimie et de l’industrie. Dès lors, la probable accélération du plan de relance chinois devrait jouer un rôle de catalyseur significatif pour les actions européennes, qui n’est aujourd’hui pas pris en compte par les marchés. Au-delà des mesures déjà annoncées en faveur des collectivités locales et du crédit immobilier, les autorités chinoises pourraient prochainement en dévoiler d’autres, visant à dynamiser la consommation et la croissance.
Le règlement négocié de la guerre en Ukraine aurait également un impact positif sur les actions européennes, car elle conduirait à une baisse de la prime de risque pour les actions européennes. Il faut se souvenir que le début de la guerre en Ukraine et la crise énergétique qui s’en est suivie ont entraîné des sorties massives de capitaux des marchés européens en 2022 et 2023. Par conséquent, les investisseurs internationaux sont aujourd’hui sensiblement sous-exposés aux actions européennes, alors qu’elles offrent d’après nous une opportunité d’investir à bas prix dans des leaders mondiaux.
Enfin, les actions européennes devraient bénéficier d’un environnement de taux plus favorable qu’aux Etats-Unis. En effet, il fait peu de doute que la Banque Centrale Européenne va poursuivre le cycle de baisse de ses taux directeurs, compte tenu du faible niveau de l’inflation dans la zone Euro et de la nécessité d’y soutenir la croissance économique atone. A l’inverse, l’incertitude plane sur le rythme de la baisse des taux de la Fed, en raison de la résilience de l’économie américaine et de l’impact inflationniste du programme de Donald Trump (réduction des impôts, hausse des droits de douane, mesures anti-immigration).
Compte tenu de ces dynamiques différentes, nous pourrions assister à une certaine décorrélation des taux longs aux Etats-Unis et en Europe, comme ce fut observé dans les premières semaines suivant la victoire de Donald Trump. Nos économistes tablent même sur un écart entre les taux 10 ans allemands et américains qui pourrait monter jusqu’à 2,5% , comme lors du premier mandat présidentiel de Donald Trump. Cette situation serait bénéfique aux valorisations des sociétés européennes en termes relatifs, et pourrait conduire à une réduction de l’écart entre les multiples des deux côtés de l’Atlantique, aujourd’hui historiquement élevé (22,7x les bénéfices prévisionnels 2025 pour le MSCI USA vs. 13,3x pour le MSCI Europe, sur la base du consensus de marché au 31 décembre 2024 ).
Ne passez pas à côté des marchés qui vous ouvrent les bras.