Il est encore trop tôt pour faire une croix sur le dollar

DWS

2 minutes de lecture

Graphique de la semaine de DWS. Il est difficile de prédire l’évolution du marché des changes, les dirigeants européens l'ayant souvent surpris.

Depuis la mi-mai, le dollar a chuté de plus de 8% par rapport à l'euro. Historiquement, de telles fluctuations de devises ne sont pas inhabituelles. Nous avons néanmoins été surpris par la force soudaine de l'euro par rapport au dollar.

Les prévisions de taux de change sont souvent délicates. Comme elles concernent toujours deux pays ou deux zones monétaires, ce qui importe, c'est la façon dont l'un se compare à l'autre: par exemple la façon dont le niveau des prix dans un pays évolue par rapport au niveau des prix dans un autre pays. C’est ce qu’on appelle communément la «parité du pouvoir d'achat». Une façon très simple d’étudier la parité du pouvoir d’achat est d'examiner les prix de produits de restauration rapide disponibles dans un grand nombre de pays différents. Les chiffres du commerce extérieur peuvent également fournir des indices, tout comme l'évolution relative des taux d'intérêt dans différents pays.

Actuellement, les paris sur une nouvelle faiblesse
du dollar sont à leur plus haut niveau depuis 2018.

Aucune de ces approches ne peut expliquer pourquoi le dollar s'est autant affaibli par rapport à l'euro ces derniers mois. Il semblerait que les efforts des responsables politiques européens aient pris les marchés par surprise. Grâce aux mesures radicales prises pour contenir à la fois la pandémie de Covid-19 et ses retombées économiques, le nombre d'infections en Europe a sensiblement diminué en mai. Aux États-Unis, en revanche, on a constaté une nouvelle hausse importante en juin et juillet. En outre, l'Allemagne a abandonné toute résistance à une alliance de transfert, s'associant à la France pour lancer un fonds de reconstruction de l'UE1.

Le positionnement a été un autre moteur de la correction du dollar. Au début de l'année, de nombreux acteurs du marché des changes s'étaient positionnés en faveur d'un euro plus faible, comme le montre notre graphique de la semaine. Avec l'euro plus fort, le positionnement a également changé. Actuellement, les paris sur une nouvelle faiblesse du dollar sont à leur plus haut niveau depuis 2018.

La plupart des aspects positifs pour l'euro sont donc pris en compte, mais personne n’est à l’abri d’une mauvaise surprise. Les infections au Covid sont à nouveau en hausse en Europe, alors qu'elles sont en baisse aux États-Unis. Les élections de novembre aux États-Unis sont imminentes. Du point de vue du marché, elles pourraient entraîner des changements indésirables comme des augmentations d'impôts. Les sondages ont fortement penché en faveur des démocrates. Ils pourraient toutefois facilement revenir en faveur des républicains. Nous nous attendons aussi à de nouvelles mesures fiscales américaines dans les semaines à venir. «Dans l'ensemble, il est encore bien trop tôt pour écrire la nécrologie du dollar», explique Stefanie Holtze-Jen, responsable de la stratégie monétaire chez DWS. Après une phase de faiblesse temporaire, nous nous attendons plutôt à ce que le billet vert se renforce à nouveau.

Les paris sur le marché des changes favorisant l’euro sont à leur plus extrême depuis 2018

Bleu: Positions longues nettes en euro
Vert: Dollar par euro (axe de droite)

 

1 Le 21 juillet 2020, les chefs de gouvernement des 27 États membres de l'Union européenne ont convenu d'un fonds de 750 milliards d'euros au profit des pays les plus touchés par les conséquences de la pandémie de Covid-19. Le fonds est divisé en subventions de 390 milliards d'euros et en prêts à faible taux d'intérêt de 360 milliards d'euros.

A lire aussi...