Identifier des actions prometteuses pendant l’Année du Rat

Nicholas Yeo, Aberdeen Standard Investments

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Le rat a plutôt l’image d’un épargnant prudent. Mais l’année à venir devrait être placée sous le signe de la consommation.

© Keystone

Dans le système zodiacal chinois, le rat a plutôt l’image d’un épargnant prudent. Mais en dépit de l’épidémie de coronavirus, nous pensons que l’année à venir sera placée sous le signe de la consommation. Les investisseurs perspicaces sachant flairer les meilleures opportunités peuvent profiter des corrections.

Avant-même l’épidémie de coronavirus en Chine, de nombreux observateurs prévoyaient une période de consolidation pour le marché des actions A après une année faste.

Les actions de Chine continentale ont en effet rebondi de plus de 30% entre le 20 janvier 2019 et le 20 janvier 20201, une période qui correspondait à l’Année du Cochon dans le système zodiacal chinois2. Ce n’est pas pour rien que le cochon symbolise la richesse et la prospérité.

Le 25 janvier 2020 a marqué le début de l’Année du Rat. Premier animal du zodiac, le rat est considéré comme intelligent et prudent en matière de finance. Il a tendance à économiser ce qu’il possède, ce qui n’est pas une mauvaise chose après les excès observés lors de l’Année du Cochon qui a précédé.

Toutefois, malgré l’épidémie de coronavirus, on est en droit de penser que l’Année du Rat sera davantage marquée par les dépenses que par les économies, que ce soit celles des ménages ou de l'État.

Il y a dix ans, seulement 8% de la population affichait un revenu annuel
supérieur à 138'000 RMB. Ce chiffre est aujourd’hui de 49%.

Les autorités se sont engagées à faire passer le taux d’urbanisation du pays de 60% à 80%3, ce qui correspond au niveau des pays développés. Plus une population est urbaine, plus ses revenus sont élevés. Le PIB par habitant de Shanghai s’établit à 20'000 dollars, alors que la moyenne nationale est de 7500 dollars4.

De toute évidence, la population chinoise s'enrichit. Il y a dix ans, seulement 8% de la population affichait un revenu annuel supérieur à 138'000 RMB. Ce chiffre est aujourd’hui de 49%5.

Les Chinois prospères, notamment les «Millennials» qui alimentent les rangs de la classe moyenne et qui gagnent et dépensent plus que leurs parents, dopent la consommation intérieure.

Même si l'épidémie de coronavirus mine quelque peu les perspectives pour la consommation des ménages, nous pensons que son impact sera éphémère. Comme nous avons pu le constater lors des épidémies de SRAS (entre la fin 2002 et la mi-2003), de grippe porcine (entre mai 2009 et août 2010) et de grippe aviaire (hiver et printemps 2014, 2015 et 2017), l'impact économique des maladies infectieuses dure généralement un ou deux trimestres.

Les responsables politiques ont maintenu une politique de crédit souple en 2003 et en 2009-2010, ce qui a permis d'atténuer l'impact économique de ces épidémies6. Cette fois-ci, les autorités ne devraient pas ouvrir aussi facilement le robinet du crédit mais nous pensons qu'elles prendront des mesures budgétaires ciblées pour aider les zones touchées.

L'épidémie de SRAS avait durement touché le secteur des services et de la distribution en 2003 et le timing de l'épidémie de coronavirus, en plein Nouvel An chinois, accentuera sans doute son impact en 2020. Le secteur manufacturier pourrait être moins perturbé mais Wuhan est un bastion de l'industrie automobile et la filière dans son ensemble pourrait être mise à rude épreuve.

Nous tablons sur un net ralentissement de la croissance du PIB chinois au premier trimestre. Néanmoins, nous pensons que l'activité rebondira dans le courant de l'année avec un effet de rattrapage.

Malgré l'épidémie de SRAS entre janvier et avril 2003, l'indice MSCI AC
Asia Pacific ex Japan a bondi de près de 50% cette année-là.

S'agissant de l'impact sur le marché des actions, les chocs macroéconomiques ou d'autre nature, comme cette épidémie de coronavirus, se traduisent généralement par une pression vendeuse généralisée.

Mais les investisseurs feraient bien de se souvenir que, malgré l'épidémie de SRAS entre janvier et avril 2003, l'indice MSCI AC Asia Pacific ex Japan a bondi de près de 50% cette année-là, et même 56% pour l'indice MSCI AC Asia Pacific Small Cap.

Même si le marché chinois est aujourd'hui différent du point de vue de sa composition, de sa structure et de ses déterminants, cet exemple souligne à quel point il peut être risqué d'essayer de deviner la trajectoire des marchés face à de tels événements.

Les investisseurs feraient mieux de se focaliser sur les facteurs de croissance structurels qui leur permettront sans doute d'être récompensés à long terme. Avec la transition mise en place pour réduire la dépendance du pays aux exportations, la croissance économique va désormais être alimentée par la consommation intérieure et l’essor de la classe moyenne.

Nous restons convaincus que le meilleur moyen d'investir dans les actions A sur le long terme consiste à s'exposer à la consommation des ménages chinois aisés, dont le nombre augmente rapidement.

En effet, les marques premium enregistrent une croissance plus rapide que les marques d'entrée de gamme. La demande en Baijiu (un alcool haut de gamme) est par exemple en forte hausse, au point d’entraîner des pénuries.

L’augmentation des revenus disponibles stimule également la demande en produits de santé, en services de gestion de fortune et en assurances.

De plus, l’État chinois devrait se montrer plus interventionniste. L'année dernière, les dirigeants ont assoupli les restrictions sur les droits de résidence dans toutes les villes sauf les plus grandes et ont accordé aux résidents permanents un accès aux services publics.

Même si les rats sont considérés comme prudents, on les dit
également aussi flexibles, instinctifs et exigeants.

Cette décision devrait faciliter l’installation des travailleurs migrants et de leurs familles, accroître le taux d’urbanisation et stimuler la consommation. Les Chinois se rendent dans les villes pour y trouver des emplois plus attrayants, un bon système de santé et de meilleurs services d’éducation.

Par ailleurs, le gouvernement est susceptible d'accélérer les réformes en donnant la priorité aux mesures budgétaires, partant du principe que la meilleure assurance contre l'incertitude au niveau mondial et de stimuler l'économie intérieure.

Par conséquent, malgré l'épidémie de coronavirus, l’Année du Rat pourrait se révéler fructueuse pour les investisseurs. Même si les rats sont considérés comme prudents, on les dit également aussi flexibles, instinctifs et exigeants.

Faire preuve d’exigence peut s’avérer judicieux pour les investisseurs au cours de l’année qui se profile. Les entreprises de qualité (celles qui ont un bilan sain, un avantage concurrentiel et un rendement des capitaux propres élevé) devraient mieux résister à la panique vendeuse liée au coronavirus. Elles seront sans doute parmi les premières à rebondir.

Même si la performance à court terme s'avère volatile, la pression vendeuse généralisée est souvent l'occasion d'investir à un prix raisonnable dans des entreprises de grande qualité opérant dans des secteurs qui connaissent une croissance structurelle. Les investisseurs perspicaces sachant flairer les meilleures opportunités devraient tirer parti de cette situation.

 

1 Indice CSI300, 22/01/19 - 20/01/20, Bloomberg
2 Dans le système zodiacal chinois, les animaux sont utilisés pour représenter les années dans le cadre d’un cycle répétitif de 12 ans.
4  FMI, Base de données sur les perspectives économiques mondiales, oct. 14. PIB par habitant sur la base des prix courants.
5 McKinsey Global Institute – China Consumer Report 2020, déc. 19
6 Coronavirus (2019-nCov) – précédents macro et sectoriels, 23 janvier 2020, Morgan Stanley