IA: choisir son camp

Carmine de Franco, Ossiam

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Les spécialistes de l’IA demandent plus de réglementation après l’enthousiasme de 2023.

Les scénarios catastrophes associés aux percées fulgurantes des nouvelles technologies ne manquent pas. Un jour, on craint que l’intelligence artificielle (IA) ne remplace l’équivalent de 300 millions d’emplois (BBC, 2023). Le lendemain, c’est l’angoisse du «jour Q» où un puissant ordinateur quantique pourrait tout bouleverser, des communications sécurisées aux fondements du système financier (New York times, 2023).

Parmi les investisseurs, la crainte d’une crise financière provoquée par l’IA ont été exprimées par Gary Gensler, président de la Securities and Exchange Commission des Etats-Unis, qui estime que la probabilité d’un tel événement dans une décennie sans intervention réglementaire (Financial Times, 2023) est «presque inévitable». En effet, cette déclaration fait suite à une série d’appels pour un contrôle plus strict du développement des modèles d’IA.

Un meilleur contrôle, qui serait le bienvenue selon l’informaticien britannique Stuart Russell pour qui «il y a plus de réglementations sur les sandwicheries que sur les IA» (The Guardian, 2023). En effet, les grands scientifiques de l’IA ont recommandé que les entreprises et les gouvernements consacrent au moins un tiers de leurs budgets de recherche et de développement en matière d’IA à la sécurité et à l’utilisation éthique des systèmes (The Guardian, 2023).

Dans ce contexte, les dirigeants du monde entier se mobilisent. Le président américain Joe Biden a annoncé une action de grande envergure visant à renforcer la sécurité tout en protégeant les consommateurs, les travailleurs et les minorités des risques liés à la technologie (Reuters, 2023). Parallèlement, lors d’un sommet de deux jours à Bletchley Park - où Alan Turing a contribué au décryptage du code Enigma utilisé par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale - le Premier ministre britannique Rishi Sunak a convaincu 28 gouvernements, dont la Chine et les Etats-Unis, de signer une déclaration dans laquelle ils s’engagent à coopérer pour évaluer les risques de l’IA (New York Times, 2023).

L’année de l’IA

Pourtant, l’IA a un autre visage, celui qui embrasse les opportunités offertes par les progrès technologique et qui voit l’avenir avec plus d’optimisme. Par exemple, un implant cérébral alimenté par l’IA a permis de capter les signaux électromagnétiques d’un patient paralysé à la suite d’un accident vasculaire cérébral, de les traduire et de les retranscrire numériquement.

En outre, l’IA - y compris ChatGPT4 - sera bientôt autorisée dans toutes les écoles australiennes, le gouvernement ayant soutenu un cadre réglementaire national régissant l’utilisation de cette technologie (The Guardian, 2023). Ou encore, la «nouvelle» chanson des Beatles, qui ressuscite la voix de John Lennon, un exploit qui n’a été rendue possible que grâce à l’IA (Fast Company, 2023).

En bref, que l’on soit optimiste ou pessimiste quant à l’avenir, il ne fait guère de doute que les investisseurs se souviendront de 2023 comme de l’année de l’IA. Les perspectives de croissance associées à l’IA générative telle que ChatGPT4 - entraînée à créer de nouveaux résultats à partir d’ensembles de données existants - ont permis aux actions technologiques de dominer les marchés boursiers.

En effet, l’année 2023 a été marquée par des rendements vertigineux, des prédictions insondables et l’apparition du fameux acronyme dans pratiquement toutes les annonces de résultats des entreprises, quel que soit le secteur. C’est pourquoi une myriade de sociétés se sont empressées d’exploiter les dernières innovations en matière d’IA afin de révolutionner leurs modèles commerciaux, dans l’espoir de se démarquer avant de se faire distancer.

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