Fort rebond au deuxième trimestre en Chine

Marc Brütsch, Swiss Life Asset Managers

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Le rythme de la reprise sera moins vif au second semestre en raison du ralentissement des mesures de relance de l’Etat, surtout dans l’immobilier.

© Keystone

L’économie chinoise a progressé de 3,2% sur un an au deuxième trimestre, se remettant rapidement de la contraction de 6,8% enregistrée précédemment. D’une part, ce rebond est dû à la bonne résistance des exportations, compte tenu d’une demande soutenue du reste du monde pour les équipements médicaux chinois, notamment les masques. D’autre part, les investissements en infrastructures et dans l’immobilier se sont nettement redressés, reflet de la volonté du gouvernement de sortir sans tarder de la récession. Suite à cette solide performance économique du deuxième trimestre, nous relevons nos prévisions de croissance annuelle du PIB en 2020 de 1,3% à 2,3%. Quant au second semestre, le rythme de la reprise sera sans doute moins vif en raison du ralentissement des mesures de relance de l’Etat, surtout dans l’immobilier. Plusieurs grandes villes ont déjà commencé à durcir leur politique du logement face à l’envolée des prix des maisons. Outre l’incertitude globale quant à l’évolution future de la pandémie, un des principaux risques pour l’économie chinoise réside dans la montée des tensions géopolitiques avec les Etats-Unis. Dernier épisode en date : la fermeture du consulat chinois à Houston sur demande américaine, suivie de celle du consulat américain à Chengdu. Comme les Etats-Unis se préoccupent aujourd’hui moins de commerce et de technologie que de propriété intellectuelle et des droits de l’homme, il se peut que d’autres pays leur emboîtent le pas face à la Chine.

Les prix du porc, qui ont encore un peu augmenté,
restent le principal moteur de l’inflation.

L’inflation totale annuelle s’est un peu redressée à 2,5% en juin, contre 2,4% précédemment. Les prix du porc, qui ont encore un peu augmenté, restent le principal moteur de l’inflation. Ils ont toutefois nettement ralenti depuis mars et devraient continuer dans ce sens au fur et à mesure de la reconstitution des stocks. A l’inverse, l’IPC sous-jacent a reculé de 1,1% à 0,9% sous l’effet d’une demande toujours déprimée.

Paralysie économique au Japon

Le Japon suit actuellement son propre cycle économique. Alors que tous les autres pays développés se remettent rapidement, son économie progresse lentement. Et alors que les autres nations se hâtent de rouvrir les entreprises, celles du Japon craignent une nouvelle désaffection des clients imputable à la vague de COVID-19 enregistrée en juillet, en particulier dans le poumon économique du pays, Tokyo. Certes, les nouveaux cas restent relativement limités et le gouvernement semble réticent à se montrer plus exigeant sur les distances physiques, mais la situation récente pourrait expliquer pourquoi l’indice des directeurs d’achats (PMI) stagnait toujours autour de 45 points en juillet, en dessous du seuil d’expansion de 50 points. La faiblesse persiste également dans l’industrie manufacturière. En juillet, celle-ci s’est nettement améliorée en Europe et aux Etats-Unis, où la composante des nouvelles commandes du PMI manufacturier a dépassé les 50 points, alors qu’elle restait autour de 35 au Japon en juin et juillet. Une lueur d’espoir pourrait venir du fait que les ambitieux projets d’investissement des grandes entreprises japonaises resteraient inchangés selon la dernière enquête Tankan. Sur le plan politique se poursuivent les spéculations concernant de nouvelles mesures budgétaires de soutien à la consommation des ménages, voire des élections anticipées, ce dernier point restant douteux au vu de la cote de popularité plutôt faible du gouvernement Abe à l’heure actuelle.

En juin, l’inflation totale a encore une fois mieux résisté que prévu, d’où un léger relèvement supplémentaire de notre estimation 2020, de 0,0% à 0,1%. L’inflation devrait se maintenir aux niveaux actuels jusqu’en septembre, avant de passer en dessous de zéro pendant six mois environ, du fait de la disparition de l’effet de base positif créé par la hausse de la taxe sur la consommation mise en place l’an dernier.

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