Faire face au ralentissement du marché

Seema Shah, Principal Asset Management

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Il n’existe pas de solution miracle pour gérer les crises du marché mais les cycles historiques peuvent mettre en évidence quelques principes d’investissement utiles.

Des niveaux historiques d’inflation ont poussé les banques centrales à resserrer les conditions monétaires ces 18 derniers mois, augmentant considérablement le risque de ralentissement économique mondial et conduisant à une année marquée par des fluctuations sur l’ensemble des classes d’actifs et les principaux indices boursiers. 2023 a apporté son lot de nouveaux défis. L’effondrement de SVB et du Crédit Suisse a entraîné une volatilité significative et a fait de la stabilité financière la priorité des banques centrales, avec des implications restant à déterminer en ce qui concerne d’éventuelles hausses de taux.

Aux États-Unis, les événements de marché récents ont montré que les hausses de taux de la Fed ont durement touché le système bancaire, sans avoir l’effet escompté sur l’inflation. Alors que la Fed semblait initialement écartelée entre sa mission de stabilité financière d’un côté et sa mission de stabilité des prix de l’autre, le stress des marchés financiers semble désormais s’être partiellement apaisé, permettant à la Fed de continuer à se concentrer sur l’inflation.

En Europe, la dernière hausse de 50 points de base implique, pour la BCE au moins, que les inquiétudes concernant l’inflation sont toujours plus importantes que les préoccupations en matière de stabilité financière.

Il n’empêche, les banques centrales restent prises entre le marteau et l’enclume. Trouver un moyen de séparer les risques sur la stabilité des prix et les risques sur la stabilité financière n’est pas évident, même si cela reste indispensable dans un environnement où l’inflation est élevée et où la crise bancaire reste préoccupante.

Certains investisseurs peuvent être tentés par le retrait de ce marché apparemment morose. Mais, si les phases baissières peuvent être difficiles, l’histoire montre qu’elles sont souvent de plus courte durée que les marchés haussiers. Et même si la durée exacte de la crise actuelle est difficile à prévoir, maintenir son exposition à un portefeuille diversifié reste la meilleure approche pour la plupart des investisseurs.

Les classes d’actifs se comportent souvent différemment dans des environnements de marché changeants, ce qui rend essentielle la diversification.
Comprendre les marchés baissiers et les récessions

Il est toujours difficile de faire des prévisions alors même que les événements se déroulent, mais il y a des raisons de croire que la croissance restera résiliente au cours du premier semestre de cette année, et que la récession n’interviendra qu’au deuxième semestre 2023. Et même dans ce cas, la récession sera certainement plus courte que la récession des neuf trimestres de la Grande crise financière de 2008.

L’une des raisons à cela est que, bien qu’une inflation plus élevée ait considérablement entamé le pouvoir d’achat des consommateurs américains, l’impact sur les dépenses de consommation a jusqu’à présent été réduit par la volonté des ménages de puiser dans l’épargne excédentaire. Un autre facteur est qu’avec le stress récent subi par le secteur bancaire, les décideurs politiques ont appris des erreurs passées et ont réagi rapidement par des politiques efficaces pour contenir les turbulences. D’autre part, les banques sont généralement en meilleure forme que lors de crises précédentes.

Positionnement des portefeuilles pour les environnements de marché difficiles

Il n’existe pas de solution miracle pour gérer les crises du marché, et apprendre à investir dans les périodes difficiles est une étape importante du parcours pour tout investisseur. Cependant, les cycles historiques peuvent mettre en évidence quelques principes d’investissement utiles.

Une stratégie qui tient compte de la situation et des objectifs uniques d’un investisseur peut faire la différence entre rester sur la bonne voie et faire les ajustements nécessaires, ou prendre la décision potentiellement coûteuse de se replier du marché lorsque des retraits se produisent. Pour les investisseurs à long terme, lorsque les prix sont en baisse, la valorisation des investissements est plus intéressante.

Les classes d’actifs se comportent souvent différemment dans des environnements de marché changeants, ce qui rend essentielle la diversification. En 2008, au plus fort de la crise financière mondiale, les obligations ont enregistré un rendement de 5,2%, tandis que les actions ont chuté de 37,0%. Puis, en 2020, malgré la chute abyssale de la crise du COVID, les large caps ont terminé l’année en hausse de 18,4%, et les obligations de 7,5%.

Même l’année dernière, alors que tous les indices semblaient en baisse, selon Bloomberg Commodity Index, les matières premières ont enregistré une performance supérieure à 15% ! En 2023, si la fragilité de l’économie est susceptible d’entraîner des baisses pour les actions, la situation devrait être favorable pour les obligations, d’autant plus que les nouvelles hausses de taux devraient être limitées. Le maintien d’une diversification optimale peut aider à réduire la volatilité que les investisseurs subissent quand les marchés sont difficiles à naviguer.

Le fait de maintenir une vue d’ensemble peut aider les investisseurs à rester sur la bonne voie. Les marchés boursiers ont une longue histoire de croissance parallèle au développement économique. Cela a été le cas au cours du siècle dernier, où d’innombrables investisseurs ont pu partir à la retraite sereinement en raison de la hausse des marchés. Cependant, les fluctuations sur des périodes mensuelles et trimestrielles sont fréquentes. Adopter un horizon d’investissement plus long peut aider les investisseurs à déceler les tendances de fond qui se produisent sur de nombreuses années et décennies.

Aujourd’hui, le marché peut paraître difficile, d’autant plus que beaucoup s’inquiètent d’une possible récession et que les récents pics de volatilité ont donné des sueurs froides aux  investisseurs. Ces derniers ont tout intérêt à appliquer les leçons des cycles précédents: respecter un plan d’investissement, garder une logique de diversification et maintenir un horizon plus long. Cela permet non seulement de minimiser les risques en période de ralentissement, mais également de bénéficier d’éventuelles phases de reprise.

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