On reconnaît les leaders à leur capacité à relever les défis dit-on, et bien il est tant que l’Europe nous offre des leaders face au COVID-19.
Une nouvelle fois, l’Europe a donné un spectacle affligeant dans la recherche d’une solution fiscale aux problèmes que posent la gestion des conséquences économiques du COVID-19.
Si un plan de 540 milliards d’euros a finalement été agréé, avec trois axes (soutien fiscal, aide aux entreprises et système de réassurance pour le chômage), l’accouchement s’est fait dans la douleur et c’est un euphémisme.
On ne peut que se réjouir de ces mesures qui sont indispensables. Cependant, il faut surtout mettre en avant l’attitude pathétique et idéologiquement insupportable d’états comme la Hollande, englués dans des concepts éculés comme la rigueur budgétaire face à ce qui constitue le plus grand choc économique depuis des générations. Si l’Allemagne a su, même tardivement, comprendre que le pacte de stabilité ne faisait aucun sens dans le combat contre la pandémie et ses effets économiques, elle n’a pas su convaincre ses partenaires du Nord de l’Europe de franchir le pas de la mutualisation de la dette dans la zone Euro!
ou les hollandais de la dérive du projet européen.
Au nom de quoi peut-on refuser cette dernière? Les inflexibles bataves et allemands – malgré un certain infléchissement de ces derniers récemment – ont toujours mis en exergue les dangers que faisaient peser les prodigalités budgétaires des pays du sud, France comprise, sur eux en cas de mutualisation de la dette. On en vient alors à se poser la question de savoir si les «nordistes» n’ont pas commis eux l’erreur fatale, à savoir celle de créer une union monétaire avec leurs partenaires «sudistes», les conduisant ainsi à trouver tous les prétextes pour mettre la faute sur ces derniers?
On le sait, l’union monétaire européenne est une construction éminemment politique à son origine, sorte de «corset» mis en place pour éviter qu’une Allemagne réunifiée ne soit tentée par une politique de repli sur soi. Or, le concept d’union monétaire est avant tout économique. Non seulement elle implique le respect de conditions mais elle induit aussi, pour ne pas dire surtout, des conséquences économiques.
En créant une union monétaire sans une intégration fiscale la zone Euro a, elle-même, posé les conditions des échecs successifs qui l’ont marqué au cours des deux dernières décennies. A cet égard, les italiens sont aussi responsables que les allemands ou les hollandais de la dérive du projet européen, qui est devenu le bouc-émissaire des populistes de tout poil!
La piteuse conférence téléphonique des ministres des finances européens d’avril est un peu comme l’aboutissement d’un processus de délitement dans un contexte où l’Europe est en manque de leader depuis des années ; et que l’on ne me dise pas qu’Angela Merkel la «gestionnaire» a tenu ce rôle de quelque manière que ce soit!
une intégration fiscale indispensable à la survie de la zone Euro!
J’ai toujours eu les plus grandes réserves sur l’union monétaire «croupionne» mise en place sans le projet clair d’une intégration fiscale et bancaire à terme.
On reconnaît les leaders à leur capacité à relever les défis dit-on, et bien il est tant que l’Europe nous offre des leaders face au COVID-19!
Dans ce contexte, l’idée de créer des coronabonds ne devrait pas être rejetée, au contraire. Elle peut être une étape vers une intégration fiscale indispensable à la survie de la zone Euro! Il ne faut pas croire que face aux défis économiques que représente le COVID-19, les pays du sud pourront accepter longtemps de voir des bataves – au demeurant un pays légèrement plus peuplé que la Suisse – leur donner des leçons et alimenter les réprimandes fiscales pour s’opposer à la mutualisation, au moins partielle, de la dette!
Il y a trop en jeu. Sans vouloir faire des prévisions sur les changements radicaux qu’impliquera le COVID-19 pour le monde et nos comportements, je reste peu enclin à penser que le «tout sera différent» ait beaucoup de sens, il y a clairement un enjeu européen majeur! Economique évidemment mais aussi politique! Ils sont tapis pour l’instant, attendant leur heure, mais les populistes européens auront beau jeu de se nourrir des difficultés sociales que la crise sanitaire va induire, au moins à brève échéance. Pour survivre à long terme au choc qui l’affecte, la zone euro doit être en mesure de faire face aux défis du court terme. Les «nordistes» seraient bien inspirés de le comprendre!
Le plan de coronabonds défendu par Madame Lagarde est non seulement bon parce qu’il peut permettre de traiter les difficultés économiques et sociales que l’Europe affronte mais aussi parce qu’il peut améliorer le fonctionnement d’une union monétaire inachevée au bénéfice de tous les européens. A moins que l’inflexibilité de certains ne soit que l’expression d’un agenda caché, voir une bonne fois pour toute la zone euro exploser!