Les valeurs énergétiques ont encore de la marge. C’est particulièrement le cas en Europe.
Le secteur de l'énergie est dominé par quelques sociétés traditionnelles bien connues – les «majors» – avec Exxon Mobil, et Chevron aux États-Unis et BP, Shell et Total en Europe. De l'autre côté, vous avez le sous-secteur «énergies propres», qui est composé d'entreprises qui développent des alternatives aux énergies fossiles: solaire, hydraulique, éolienne et déchets. NextEra Energy, SolarEdge Tech, clearway Energy, Plug Power et Brookfield sont des sociétés d'énergie renouvelable qui s’évaluent en milliards de dollars.
Souvent, les investisseurs ressentent le besoin de choisir entre les deux. Et comme les entreprises d'énergie propre sont bien représentées dans les radars ESG en raison de leurs avantages «E» et «S», elles constituent un premier choix. Mais la décision est plus difficile cette année, car les énergies propres ont souffert après un rallye préélectoral en 2020. Une grande partie du programme attendu de Biden est déjà «pricée», et les investisseurs sont maintenant dans l'attente des plans de dépenses réels. Par ailleurs, les entreprises d'énergie propre se négocient à une prime de 70% par rapport à leurs pairs traditionnels dans le domaine de l'énergie en termes d'EV/EBITDA. Les majors affichent généralement des PER inférieurs à ceux de leurs homologues des énergies propres et versent généralement des dividendes plus élevés. En effet, elles ont tendance à être plus matures, plus établies et plus rentables. En outre, les sociétés traditionnelles d'énergie investissent de plus en plus dans les énergies renouvelables, en raison de la transition énergétique, des efforts de réglementation et d'autres incitations. Et compte tenu de la hausse continue des prix du pétrole, le potentiel des titres énergétiques est évident.
La classe d'actifs des matières premières est la plus performante cette année, avec des rendements jamais vus depuis le début des années 2000. Les métaux et autres matériaux ont grimpé en flèche en raison de perturbations continues dans les chaînes d'approvisionnement, impactant les prix des actions à cause de la pression sur les marges dans les industrielles et les matériaux, mais les actions énergétiques ne sont bénéficiaires que dans ce scénario.
La réouverture des économies a permis au secteur de l'énergie de surperformer ces dernières semaines, ce qui devrait se poursuivre en 2022. En Europe, cette crise a contribué à donner un coup de fouet à l'indice MSCI Energy, dans la continuité de la rotation cyclique. Et malgré la récente performance, le secteur énergétique européen semble encore sous-évalué.
Avec la crise énergétique en Europe et les températures froides qui commencent, le secteur de l'énergie devrait continuer à se redresser. C'est particulièrement le cas pour l'indice européen, car il semble avoir plus de potentiel de rattrapage que son homologue américain.
Tout d'abord, l'indice MSCI EU Energy suit généralement l'évolution du Brent de près, mais ce n'est pas encore le cas. Ensuite, nous pensons que la demande de pétrole devrait rester soutenue au T4, alors que l'économie mondiale continue de se redresser et de se rouvrir. Pour l'instant, l'OPEP + restreint encore l'offre, et les États-Unis ont décliné le déploiement de leurs réserves stratégiques, soutenant les prix.
Enfin, les fondamentaux. Le BPA prévisionnel combiné de l'indice MSCI EU Energie est estimé à 114% selon Bloomberg. Ceci, comparé à un ratio P/E relativement faible, pourrait indiquer une plus grande marge de croissance. Compte tenu d'un TMVA du BPA de 3,1% en Europe contre 2,9% aux États-Unis, la hausse des rendements des actions en fin d'année en Europe est également encourageante. De plus, les majors européens, comparés à leurs homologues américains, voient leur ratio P/E futur afficher une décote suggérant une meilleure exposition aux valeurs de rendement.
Oui, la transition énergétique se traduit par une baisse régulière des volumes de pétrole qui pourraient atteindre 30% d'ici 2030. Toutefois, le géant européen Total estime que la baisse des volumes de pétrole n'équivaudra pas nécessairement à une baisse des flux de trésorerie disponible. Total prévoit d'augmenter de 1,5 milliards de dollars le free cash-flow via ses activités de LNG, électricité et autres énergies renouvelables, et d'augmenter également ses économies de coûts de USD1 milliard. Plus de la moitié des revenus proviendra des produits non pétroliers dans les cinq prochaines années, ce qui implique une convergence entre les énergies propres et les majors. Cela pourrait pousser les investisseurs à considérer l'énergie européenne traditionnelle comme un gagnant au-delà du court terme, tant que les entreprises continuent de travailler en étroite collaboration avec leurs partenaires dans le domaine des énergies propres.