Equivalence boursière: tout le monde est perdant

AWP

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Le nouveau directeur de l’Association suisse des banquiers, Jörg Gasser, déplore cette entrave faite aux marchés financiers, qui donne une impression de fermeture.

La suspension de l’équivalence boursière suisse par Bruxelles lance un mauvais signal, selon Jörg Gasser. Le nouveau directeur de l’Association suisse des banquiers (ASB) déplore cette entrave faite aux marchés financiers, qui donne une impression de fermeture.

«Il n’y a que des perdants, pas de gagnants», affirme le responsable dans une interview mercredi au Temps, faisant référence à la mesure de rétorsion «politique» prise par la Commission européenne.

L’Union a décidé de ne pas renouveler l’équivalence pour la Bourse suisse à compter du 1er juillet. Jörg Gasser constate que la mesure de protection activée à fin juin par le Conseil fédéral a joué son rôle, préservant l’infrastructure boursière et l’échange d’actions suisses.

«Maintenant, il faut se focaliser sur la question de l’accord-cadre avec l’Union européenne, et pas compliquer des dossiers qui rendraient plus difficiles les négociations» lance le patron de l’ASB, arrivé en mai dernier. Cet ancien diplomate dirigeait auparavant le Secrétariat d’Etat aux questions financières internationales (2016-2019).

L’accord-cadre revêt une grande importance aux yeux de la faîtière des banques, car il ouvrirait la voie à l’accès au marché européen. «La place financière (suisse) est clairement pénalisée car elle ne peut pas exporter ses services vers l’Union européenne», souligne le directeur général.

Pas de conflit d’intérêts

A défaut d’un accès au marché commun, les banques risquent d’exporter certaines activités, avec un impact sur l’emploi et la «diversité du tissu économique suisse».

Egalement interrogé par Finanz und Wirtschaft mercredi, Jörg Gasser réfute tout conflit d’intérêt entre son engagement actuel et ses anciennes activités au sein de l’administration fédérale. «En tant que secrétaire d’Etat, je n’avais pas le devoir de superviser les institutions financières», se défend-il.

Les négociations en vue d’un accord-cadre constituent un projet à long terme, qui ne devrait pas aboutir avant «cinq à dix ans», selon l’ancien diplomate. Le dossier du Brexit, dans lequel est empêtrée l’Union européenne, ralentit les discussions entre Bruxelles et la Suisse.

Questionné par Le Temps sur la cryptomonnaie que s’apprête à lancer Facebook, la libra, Jörg Gasser se montre fataliste. «Dans le contexte actuel de numérisation, ce genre d’idée apparaît soudain et il faut faire avec».

Le patron de l’ASB ne perçoit cependant pas la libra comme une menace pour le monde bancaire, plutôt comme un «outil additionnel» destiné aux habitants de pays sans système bancaire ou dont les monnaies ne sont pas stables.

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