Engagement: en l’absence de résultats, mieux vaut désinvestir

Yves Hulmann

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Pour Alix Chosson de Candriam, le dialogue avec les entreprises est essentiel. Dans certains cas, il faut toutefois réduire certaines positions.

Le chemin qui reste à parcourir pour atteindre le «Net Zero» est encore long mais des progrès sont réalisés d’année en année. La prochaine décennie sera cruciale pour continuer à réduire les émissions de CO2 qui, selon cet objectif, devraient justement tomber à zéro à l’horizon 2050. Pour parvenir au «Net Zero» d’ici à 2050, c’est autant la trajectoire que la destination qui compte, met en perspective Alix Chosson responsable de l’analyse ESG (Lead ESG Analyst) chez Candriam, qui s’exprimait lors d’une conférence en ligne consacrée à ce thème à la mi-octobre.

La part des énergies renouvelables devrait atteindre les 45% d’ici 2030 dans l’UE

Pour mesurer les progrès déjà réalisés, et surtout ceux qui doivent encore l’être, les analystes de Candriam ont passé en revue différents indicateurs relatifs au climat et à la consommation d’énergie. L’un d’entre eux est la mesure de l’empreinte carbone (exprimée en tonnes de CO2 par million de dollars investis) de divers indices boursiers. Les écarts entre indices sont importants: par exemple, la réduction annuelle d’émissions de CO2 entre 2016 et 2019 a atteint presque 11,5% pour l’indice élargi MSCI World, tandis qu’elle n’a été que de 4,1% pour le même indice pour les marchés émergents (MSCI EM). Pour la suite, le taux annuel de décarbonisation requis pour parvenir à une réduction de 50% de l’intensité carbone d’ici à 2050 (comparé à 2019) et considéré comme étant conforme aux accords de Paris est de 6,1%.

Le recours à des sources d’énergie telles que le bio-méthane ou l’hydrogène augmentera aussi significativement durant la décennie actuelle.

La crise énergétique actuelle – qui avait déjà commencé avant la guerre en Ukraine, relève Alix Bosson – peut aussi servir de catalyseur à la transition énergétique. En Europe, la part des énergies renouvelables devrait atteindre les 45% d’ici à 2030. Le recours à des sources d’énergie telles que le bio-méthane ou l’hydrogène augmentera aussi significativement durant la décennie actuelle.

Say on climate: l’occasion pour les actionnaires de manifester leur opposition

Pour inciter les entreprises à atteindre le «Net Zero» d’ici à 2050, Candriam intègre plusieurs dimensions dans sa stratégie d’investissement. Parmi celles-ci, il y a celle de l’engagement avec les entreprises. A ce sujet, l’initiative appelée «Climate Action 100+» bénéficie de l’appui de plus de 600 signataires qui représentaient plus de la moitié des actifs sous gestion globaux à fin 2021. La possibilité pour les actionnaires de voter sur les questions climatiques lors des assemblées générales d’une entreprise («Say on climate») est toujours plus répandue. A cet égard, Candriam souligne avoir voté contre pratiquement tous les «Say on climate» lors des assemblées générales, comme le précise Sophie Deleuze, analyste ESG (Lead ESG Analyst) et spécialiste des questions d’engagement et de vote chez Candriam. «En tant qu’investisseurs, nous devons nous assurer que les entreprises agissent davantage en matière d’action climatique», estime la spécialiste. Et que se passe-t-il lorsque les entreprises ne suivent par les recommandations qui leur sont adressées ? «Lorsque notre engagement échoue à les convaincre, nous n’avons pas d’autre choix que de désinvestir progressivement les parts que nous détenons», souligne l’analyste.

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