Energies renouvelables: piège ou opportunité?

Andreas Ruhlmann, IG Bank

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Après une année 2020 exceptionnelle, les actions des énergies renouvelables ont fortement corrigé en 2021.

L’indice S&P Global Clean Energy Index composé de 30 entreprises du monde entier actives dans les énergies propres, a terminé l’année 2020 sur une hausse impressionnante de 141%, mais perd 20% depuis le début de l‘année, et est en baisse de plus de 30% depuis le sommet atteint en Janvier. 

S’agit-il d’un repli passager ou le début d’une douloureuse phase baissière?

Plus de 70 pays se sont engagés à atteindre zéro émission nette d'ici 2050 dans le cadre de l'accord de Paris. Bien qu’il soit plus aisé de le dire que de le mettre en pratique, et que nombreuses personnes sont sceptiques, la transition énergétique est belle et bien en cours et gagne en ampleur. L’agence internationale de l’énergie (AIE) est formelle; les énergies renouvelables achèveront une année d’expansion record en 2021 grâce à un soutien politique globalement ininterrompu, ainsi qu’à des projets retardés par la pandémie qui se concrétiseront cette année. Au-delà de 2021, l’AIE prévoit que l’éolien et le photovoltaïque combinés dépasseront le gaz naturel en 2023 et le charbon en 2024, et représenteront 95% de l’augmentation de la capacité de production électrique entre 2020 et 2025. Toujours selon l’AIE, le renouvelable fournira un tiers de l’électricité mondiale d’ici là. Le passage de l’administration Trump à Biden pour les quatre prochaines années ne devrait que davantage favoriser la transition énergétique. 

Projection de la capacité électrique (source: AIE)


 

L’investissement durable a fortement gagné en popularité ces dernières années et n’affiche aucun signe de ralentissement. Selon Bloomberg les obligations «green» ont levé 500 milliards de dollars en 2020, et devraient en lever 650 milliards en 2021. La tendance est semblable pour les fonds mutuels et ETF.

Croissance de l'investissement durable (source: Blackrock)


 

Pour Larry Fink, à la tête de BlackRock, le plus grand gestionnaire de fonds au monde, l’impact sur le climat jouera un rôle majeur dans les décisions d’investissements et leurs valorisations. Les entreprises, secteurs et pays qui embrasseront la transition vers une économie verte seront récompensés au détriment des autres. 

Le coût pour les entreprises lié à la pollution ne cesse d’augmenter.

Le coût pour les entreprises lié à la pollution ne cesse d’ailleurs d’augmenter comme l’atteste par exemple le contrat à terme sur les émissions de gaz à effet de serre (EUA) actuellement à un nouveau record à 42 dollars. Certaines entreprises prennent les devants; c’est notamment le cas de Google et d’Amazon qui investissent intensément dans les énergies renouvelables. Ce dernier a récemment ajouté 3,4 GW dans son portefeuille d’énergies renouvelables d’un total de 6,5 GW, en signant des contrats avec Engie et Orsted entre autres. Plus d’une cinquantaine d’entreprises dont Amazon, Microsoft et Coca-cola ont signé le «climate pledge» les engageant à attendre l’objectif de zéro émission d’ici 2040, soit 10 ans avant l’accord de Paris.

Contrat à terme «Carbon Emission» 2008-2021 (source: ICE)


 

La chute des valeurs des énergies alternatives ne parait pas liée à un problème fondamental, dont les perspectives de croissance restent intactes, mais plutôt à un marché qui est trop vite monté et à une rotation sectorielle importante. Alors que le marché anticipe une normalisation de l’économie mondiale, les investisseurs se tournent vers les titres de valeurs ou cycliques qui ont souffert durant la pandémie, au détriment des titres de croissance. La rotation n’affiche pour le moment aucun signe de faiblesse et pourrait se prolonger sur les prochains mois. Un autre danger à court voire moyen terme est structurel. 

Les ETF en énergie renouvelable ont investi des montants
colossaux dans un secteur encore relativement petit.

Victime de leur propre succès, les ETF en énergie renouvelable ont investi des montants colossaux dans un secteur encore relativement petit, ce qui a causé une embellie des cours, et l’effet inverse est en train de se produire. Selon un article du Financial Times, c’est la raison pour laquelle le Standard & Poors prévoit de changer la composition de l’indice en élargissant le nombre d’actions. Des ETF tel que l’iShares Global Clean Energy (ICLN) qui a plus de 11 milliards de dollars sous gestion, se retrouverait ainsi forcé de rebalancer des positions importantes dans des titres peu liquides. D’un autre côté, les chiffres du premier trimestre 2021 qui sortiront prochainement devraient être solides, ce qui pourrait compenser la pression vendeuse. 

La configuration graphique de l’ETF ICLN reste globalement haussière évoluant à mi-chemin entre le point bas durant la pandémie en mars et le sommet de janvier, et proche de la moyenne mobile de prédilection de 200 jours. Cette zone entre 20 et 22 dollars parait intéressante en termes de potentiel de rendement/risque. Toutefois aucun signe net de retournement haussier n’est encore visible. Le volume d’échange, élevé durant la chute, est en léger déclin. Une semaine haussière avec un volume important, accompagné d’un aplanissement du MACD pourrait potentiellement annoncer un tel retournement.  

Analyse Graphique: iShares Clean Energy ETF

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