En attendant la marée (et la récession)

Geoffroy Brochard, Raiffeisen Suisse

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En dépit des craintes, la récession tant attendue ne se concrétise pas pour le moment aux Etats-Unis malgré la hausse des taux de la Fed. Et cela supporte les cours des actions. Pour le moment.

Après la nouvelle hausse des taux effectuée par la Banque centrale américaine en juillet dernier, il était tout à fait logique de s’attendre à ce que la récession voit le jour. Toutefois, il n’y a pas eu de changements radicaux dans les signaux économiques. En effet, le chômage reste relativement bas, symbole d’une économie qui tourne encore à haut régime. Bien que nombreux soient ceux qui redoutent depuis quelques temps le comportement de l’inflation, celle-ci se tasse. Au niveau de l’indice des prix à la production (PPI), les tendances sous-jacentes montrent que l'inflation du PPI revient à son rythme d'avant la pandémie, même si les progrès devraient être plus lents au second semestre. Quant à l’indice des prix à la consommation (CPI), nous constatons que l’inflation se modère dans presque toutes les composantes. Les consommateurs ne cessent pas de consommer. Le PMI des services aux Etats-Unis reste encore au-dessus du seuil de croissance de 50 points. Cependant, tous les secteurs ne sont pas sauvés: le secteur manufacturier se trouve en difficulté. Du point de vue des analystes et des investisseurs, il faut relever celui-ci ne tient pas à lui seul le destin de l’économie entre ses mains.

L’économie se ménage

Si l’économie semble pour le moment relativement stable, c’est notamment parce que les entreprises et les ménages se trouvent dans une situation saine grâce au stimulus fiscal et aux hausses de salaires. Aussi, malgré les hausses successives des taux d’intérêt, la politique monétaire reste expansionniste en comparaison historique et n’est pas encore assez restrictive pour véritablement assommer la conjoncture. Le Doomsday récessionniste est donc momentanément repoussé. Mais pas pour toujours.

La récession passera à l’action

Cependant, cette situation «tranquille» ne durera pas éternellement. Effectivement, il est certain que la récession arrivera un jour – c’est peut-être la seule certitude à son sujet. Historiquement, après un pic sur la hausse des taux, il y a généralement eu un délai d’une année avant qu’une récession ne se fasse jour, impliquant une chute des actions avec une baisse moyenne de 43%, annihilant ainsi entre 5 et 10 ans de performance. Un coup dur pour les petits comme les grands investisseurs. Ainsi, lorsque la vapeur se renversera, plusieurs changements se feront ressentir avec, en particulier, un accroissement rapide du chômage comme nous avions pu le voir lors des précédents cycles. En moyenne, il avait augmenté entre 3 et 4%.

Quelles sont donc les options?

Il est évident qu’une telle situation n’est pas monnaie courante. Toutefois, afin de pouvoir s’y préparer au mieux, il demeure possible de protéger son portefeuille grâce à quelques aménagements. Il est judicieux de le garnir d’obligations de qualité, de titres résilients – par ex. dans le secteur pharmaceutique ou de la consommation de base comme Novartis, Unilever ou Nestlé – ou encore de mettre en place des stratégies d’options qui, pour le moment, ne sont pas hors de prix. Comme pour ses vieux jours, il n’est jamais trop tôt pour prévoir et agir – mais il peut en revanche être trop tard si l’on ne fait rien.

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