Digital Love

Walid Azar Atallah, DECALIA

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L’américain Match Group et le chinois Momo se partagent le marché en plein boom des rencontres en ligne. Facebook compte faire plus que tenir la chandelle.

Comme ils le font depuis des siècles, les couples du monde entier s’apprêtent à célébrer la Saint-Valentin. De nos jours, cependant, nombre d'entre eux se sont connus non pas dans la vie réelle mais sur des plateformes électroniques. Selon une enquête de l'université de Stanford, il est devenu tout aussi (voire plus) probable de trouver sa douce moitié en ligne qu’au travers d’amis.

Un marché de 12 milliards de dollars

Le développement du «online dating» est allé de pair avec la démocratisation d'Internet. Au début, il s'agissait de simples sites web, requérant des profils détaillés et des recherches fastidieuses. Ce n'est que lorsque les applications de rencontre sont apparues sur les smartphones que le marché a véritablement décollé.

La démographie chinoise, avec 250 à 300 millions
de célibataires, augure de belles perspectives.

Ces applications sont aujourd’hui parmi les plus populaires, de plus en plus nombreux étant les utilisateurs qui recherchent des relations à court ou long terme et sont prêts à payer pour des services à valeur ajoutée tels que des notifications lors de «like», des comptes premium ou des cadeaux virtuels. Le marché, estimé à près de 12 milliards de dollars, est dominé par deux poids lourds – qu’un sérieux outsider pourrait venir déstabiliser.

L'américain Match Group est le grand maître du ring. Au-delà de son joyau Tinder, la première application de rencontre au monde avec quelque 70 millions d'utilisateurs mensuels, ce «pureplay» (issu en 2015 du conglomérat IAC) gère la plupart des plateformes occidentales populaires (Plenty of Fish et OkCupid aux États-Unis, Meetic en Europe, Eureka au Japon), ayant multiplié les acquisitions ces dernières années. Son principal concurrent est le chinois Momo, avec ses plateformes Momo (services de divertissement, notamment la diffusion en direct) et Tantan (la plus grande application de rencontre du pays). La démographie chinoise, avec 250-300 millions de célibataires, ainsi que le potentiel d’accroissement de l’adoption et de la monétisation, augure de belles perspectives. Rien que sur les neuf premiers mois de 2019, le temps passé sur l’ensemble des applications chinoises de rencontre a quasiment doublé.

Facebook peut compter sur sa mine d’or
de données personnelles ainsi que sur Instagram et Messenger.

Et dans les coulisses s’échauffe déjà Facebook. Intéressé par le domaine depuis 2018, il n'a pas (encore) lancé de services à grande échelle, bien que possédant une mine d'or de données personnelles. Parmi ses atouts figurent aussi Instagram, qui permettrait aux utilisateurs de reproduire leurs photos et histoires sur leur profil de rencontre, ainsi que Messenger, utile pour renforcer la sécurité lors d'un rendez-vous en informant un ami de son lieu/heure.

Gare aux risques à long terme pour les investisseurs!

Aussi attractif soit le marché du «online dating», il s’agit pour les investisseurs de ne pas en négliger les risques à long terme. La concurrence est intense, même si le fait que les consommateurs ont tendance à utiliser plusieurs applications limite la cannibalisation. La réglementation pourrait également se durcir et la réputation des plateformes souffrir d’une surcharge de spams ou de comportements inappropriés.

Plus généralement, si les rencontres en ligne peuvent sembler plus simples et permettent d'élargir son réseau, rien ne vaut un véritable contact humain. Espérons que la nouvelle génération n'oubliera pas comment échanger – et conquérir des cœurs – sans écran interposé... 

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