Des perspectives paradoxales, mais non contradictoires

Salima Barragan

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Vanguard revoit ses prévisions économiques à la baisse, mais relève les rendements attendus sur les actifs. Avec Roxane Spitznagel.

Inflation, récession, volatilité: ces trois préoccupations sont au cœur des perspectives semestrielles de Vanguard. Alors que l’économie mondiale surchauffait au sortir de la pandémie en raison d’une reprise de la conjoncture plus rapide qu’attendu, la guerre en Ukraine a enflammé les matières premières et accentué une inflation déjà naissante. Puis le combat agressif des banques centrales contre les tensions a résulté sur une chute simultanée des marchés actions et obligations. Si le gestionnaire d’actifs a revu ses perspectives annuelles de croissance pour 2022 à la baisse, il a cependant relevé les rendements attendus sur les actifs. Les explications de l’économiste Roxane Spitznagel.

Révision des prévisions à la baisse sur toutes les régions

Vanguard est devenu plus prudent sur l’avenir économique: «Nous attendons dorénavant des taux de croissance plus faibles pour 2022: 0,5% aux Etats-Unis, 2% en Europe et 3% en Chine», indique Roxane Spitznagel qui s’attend à une probabilité de récession de 60% en Europe sur les prochains 24 mois en raison des risques géopolitiques. «Le facteur déclenchant sera l’aggravation du conflit en Ukraine et des prix l’énergie. Seules une augmentation substantielle de l’approvisionnement en gaz ou sa substitution plus vite que prévu par d’autres matières premières pourraient améliorer les perspectives», précise-t-elle.

Aux Etats-Unis, cette probabilité se situe seulement à 25% sur les douze mois à venir. «La situation géopolitique n’influe pas sur les États-Unis dans la même mesure, car le pays est autosuffisant en hydrocarbures. En revanche, la politique de la Fed dans sa lutte pour dompter l’inflation sans écraser l’économie est un facteur à suivre», précise Roxane Spitznagel pour qui seule l’union de trois catalystes pourrait mener sur un atterrissage en douceur de l’économie: «Il faudrait voir plus d’un million d’Américains retourner au travail après la grande démission où tant de personnes ont quitté leur emploi durant la pandémie. Cette condition, qui reste dans le domaine du possible, pourrait réduire les pressions sur l’inflation des salaires. Mais les attentes d’inflation devront également rester sous contrôle afin que la Fed puisse maintenir sa crédibilité pour cibler son objectif de 2%. Enfin, les prix du pétrole devront rester durablement autour ou en dessous de 100 dollars le baril».

…Attentes des performances des marchés à la hausse.

Vu la toile de fond, l’on pourrait s’attendre à des rendements sur les actifs plus timorés. Mais Vanguard, qui évalue les valorisations plus attractives, les a relevés: «Nos attentes ont augmenté parce que les prix des actifs sont descendus plus bas que leurs fondamentaux sous-jacents», explique l’économiste qui s’attend à 5,6% de performance annualisée sur un portefeuille (libellé en dollar américain) équilibré en actions (60%) et en obligations (40%), pour les dix prochaines années. Soit presque deux points de pourcentage plus haut qu'en début de l'année.

Au niveau du style, Roxane Spitznagel préconise un portefeuille diversifié: «L’écart de valorisation entre les titres de croissance et de valeur est en train de se rétrécir, au point d’être pratiquement fermé, donc les retours attendus sur les deux styles deviennent identiques».

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