Déchiffrage délicat des approches factorielles

Cyril Gomez

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Top-down ou bottom-up? David Wickham d’Aberdeen Standard Investments analyse les points positifs et négatifs.

Dans la pratique, parler d’indices multifactoriels renvoie le plus souvent à une approche descendante (top-down) ou modulaire, basée sur l’agrégation d’indices à facteur unique préfabriqués au sein d’un portefeuille. Mais il existe également une approche ascendante (bottom-up) ou fondamentale, se voulant plus robuste et efficace. C’est cette approche plus sophistiquée qu’a choisie Aberdeen Standard Investments, qui a lancé en juillet dernier sa nouvelle gamme d’indices multifactoriels.

En charge des investissements quantitatifs et multi-actifs auprès de l’un des plus gros gérant d’actifs européen, David Wickham explique que l’approche top-down revient à assembler ou joindre au moins deux produits à facteur unique totalement séparés les uns des autres. Par exemple, un produit basé sur le facteur «valeur» est additionné à un autre produit basé sur le «momentum», les deux produits pouvant provenir de fournisseurs d’indices distincts.

«L’approche top-down risque de générer des expositions opposées.»

«Le problème de l’approche top-down est que vous risquez d’obtenir des expositions opposées», prévient David Wickham, avec qui Allnews s’est entretenu. «Par exemple, le produit basé sur la valeur peut se traduire par l’achat de l’Entreprise A, alors que le produit basé sur le facteur momentum est vendeur de cette même Entreprise A. L’effet net de cette agrégation, pour l’investisseur final, est la pure élimination de l’exposition à l’Entreprise A, alors que l’investisseur paie des frais de trading deux fois, pour chaque produit, érodant ainsi l’alpha», nous détaille l’expert.

L’approche bottom-up, en revanche, gère le processus de sélection des facteurs en une seule fois, prenant en compte l’ensemble de ces derniers sous une vue unique. «Grâce à cette approche, soit vous serez exposé à l’Entreprise A, soit vous ne le serez pas, mais le risque de trade opposé disparaît», insiste David Wickham. «Tel est le gain en efficacité réalisé à travers l’approche ascendante.»

Bien que la compréhension des mécanismes de l’investissement factoriel soit déterminante du point de vue des investisseurs, celle-ci varie en fonction des régions et des pays. «En Europe, par exemple, les investisseurs institutionnels des pays nordiques et ceux basés aux Pays-Bas utilisent les facteurs depuis très longtemps et sont donc plus familiers de l’investissement factoriel. Tandis que les investisseurs basés en Allemagne sont à un stade d’adoption des facteurs relativement moins avancé.»

«Des connaissances relativement solides sont requises pour être
en mesure de décrypter les offres des différents fournisseurs d’indices.»

Inspiré de la gestion active et alternative, l’investissement factoriel n’en est pourtant pas à ses débuts, du moins sous une perspective purement conceptuelle. «On peut en retracer les prémisses jusque dans les années 1920, puis lorsque Benjamin Graham et David Dodd ont commencé à publier leurs ouvrages clés sur l’investissement de valeur ou value investing. Le concept n’est donc pas nouveau et n’est pas si compliqué à saisir», rappelle David Wickham.

Ceci étant dit, le marché de l’investissement factoriel est souvent comparé à une jungle de facteurs, au milieu de laquelle n’importe quel investisseur peut facilement se perdre. «Il existe une très grande marge de différenciation de produits, en particulier dans l’investissement multifactoriel, de telle sorte que des connaissances relativement solides sont requises pour être en mesure de décrypter les offres des différents fournisseurs d’indices.»

Aberdeen Standard Investments a baptisé sa gamme d’indices multifactoriels SMARTER Beta, que l’on pourrait traduire par «Beta Plus Intelligents». Conçus en interne, ils s’adressent aux investisseurs souhaitant obtenir un accès à des indices multifactoriels plus sophistiqués, construits selon une approche ascendante et servant à atténuer les effets de retournement de marché, notamment grâce à la diversification des facteurs au sein d’un même indice.

Un facteur doit se révéler comme étant à la fois
Robuste, Intuitif, Persistant et Empirique.

En effet, les facteurs individuels présentent des comportements différents selon les cycles économiques et des affaires. Le facteur value est plus pro-cyclique et enregistrent les performances les plus élevées au début du cycle, tandis que le facteur momentum est privilégié durant les phases intermédiaires et tardives. De son côté, le facteur faible volatilité («low vol») s’avère particulièrement efficace durant les phases de stress sur les marchés financiers, ainsi qu’en fin de cycle économique.

Afin de maximiser l’efficacité des facteurs, Aberdeen Standard Investments a retenu six facteurs respectant rigoureusement quatre critères incontournables, résumés sous l’appellation «R.I.P.E.» (MÛRS). Autrement dit, un facteur doit se révéler comme étant à la fois Robuste, Intuitif, Persistant et Empirique. «Robuste», en ce qu’un facteur doit fonctionner dans des environnements de marché en constant changement. 

«Intuitif», dès lors qu’un facteur est censé se comporter comme on peut raisonnablement s’attendre qu’il se comporte. Par exemple, les entreprises présentant de meilleurs fondamentaux surperforment les entreprises de mauvaise qualité sur le long terme. Les rendements excédentaires d’un facteur sont également «Persistants» à moyen et/ou long terme, en dépit de leur cyclicité. Enfin, l’efficacité d’un facteur se base sur des recherches Empiriques.

Voir églament: Aberdeen Standard Investments (Switzerland)

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