Cryptomonnaies: des plus bas encore plus bas

Cyril Gomez

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Le risque réglementaire, les failles des systèmes et les signaux techniques suggèrent que le bitcoin peut descendre jusqu’à 5000 dollars.

 

Les cryptomonnaies ont enregistré de lourdes pertes durant le week-end. Le bitcoin (BTC) chute de plus de 10% et, en cotant à moins de 7000 dollars (6775), franchit un support psychologique important. Les altcoins, cryptomonnaies alternatives au BTC, reculent dans les mêmes proportions. Au total, sur le mois écoulé, le BTC et Ripple (XRP) perdent toutes deux plus de 20% de leur capitalisation, tandis qu’Ethereum (ETH) abandonne près de 30%.

Plombées par le hack contre Coinrail

Cette tendance baissière est en grande partie le résultat de mesures légales contre les plateformes d’échanges, dans pratiquement toutes les régions, celles-ci n’étant soumises à aucune réglementation. Mais elle s’explique également par les nombreuses failles techniques, partiellement dues à des attaques informatiques.

Dimanche, le site web du sud-coréen Coinrail, la 99e plus importante plateforme d’échanges au monde, a ainsi annoncé la suspension des opérations suite à un hack survenu le même jour. Seuls 70% des avoirs des utilisateurs sont préservés, sous forme de pièces (coins) et de jetons (tokens). Sur le plan réglementaire, vendredi, aux États-Unis, le Wall Street Journal a relayé une éventuelle dispute entre la bourse des contrats à terme Chicago Mercantile Exchange (CME) et les quatre principales plateformes de trading de cryptomonnaies à partir desquelles celle-ci dérive les prix de ses futures sur le BTC, lancés en décembre de l’année dernière.

La CME saisit la CFTC contre ses partenaires

Les places de marché Bitstamp, Coinbase, itBit et Kraken refuseraient en effet de fournir à la CME toutes les données de trading garantissant que les prix sous-jacents ne sont pas manipulés sur ces plateformes non régulées. En janvier, ces dernières ont jugé la demande de la CME intrusive. Elles ont finalement consentis à fournir les données de négoce, mais s’appliquant sur une période de la journée seulement et non sur l’ensemble de la séance de négoce.

La Commodities Futures Trading Commission (CFTC), gendarme des marchés des dérivés aux États-Unis, a ainsi été sollicitée par la CME afin de contraindre les plateformes d’échanges de cryptomonnaies à se plier aux exigences en termes de transparence des données. Ce qui aurait, selon les sources du Wall Street Journal, «surpris» les propres enquêteurs de la CFTC. Qui s’interrogent sur le fait que la CME n’ait pas préalablement négocié une clause obligeant les bourses de cryptomonnaies à leur fournir toute l’information nécessaire avant le lancement des contrats à terme sur le BTC.

D’un point de vue de l’analyse technique, tout semble également jouer contre les cryptomonnaies, les signaux indiquant que la tendance pourrait être de long terme et que le cycle baissier ne ferait que commencer. C’est l’avis du trader indépendant Jani Ziedins, qui gère le site Cracked.Market et qui table depuis début mai sur une détérioration de la tendance.

Un «double bottom» trompeur

L’investisseur observe que la figure de double bottom formée par le BTC depuis avril ne signale pas, comme elle le suggère, la fin d’une tendance baissière. Le double bottom se caractérise par une première phase de baisse accompagnée de gros volumes, avant de connaître un sursaut en deuxième phase, puis une troisième phase de prises de bénéfice accompagnées de faibles volumes d’échanges, signalant la fin de la baisse.

En l’occurrence, observe Jani Ziedins, le BTC a d’abord franchit à la baisse, en début d’année, le support psychologique de 10.000 dollars, qui est le support clé. Puis en avril, un nouveau plus bas a été touché à 6600 dollars environ, avant de rebondir vers les 9700 dollars autour du 5 mai. Mais sans jamais revenir au-dessus de 10.000 dollars, ce qui peut refléter le découragement des investisseurs.

Depuis, le BTC a rechuté durant tout le mois de mai, revenant à 8000 dollars, puis à 7000 et, aujourd’hui, sous les 700 dollars. Jani Ziedins s’attend à ce que la panique surprenne les investisseurs dès que les 5000 dollars seront testés. Cela peut prendre du temps. «Il faut entre six et vingt-quatre mois pour qu’une bulle finisse par éclater», écrit le trader sur sa plateforme.

le BTC à $25.000 d’ici la fin de l’année

Enfin, d’autres parient toujours sur un le BTC à 25.000 dollars d’ici la fin de l’année. C’est le cas de Fundstrat Global Advisors, qui constate une prise de conscience graduelle des plateformes d’échanges sur la nécessité de se conformer à la réglementation. Comme l’illustre le rachat annoncé par la plateforme d’échanges Coinbase du courtier californien en actifs financiers traditionnels Keystone Capital, régulé par la Financial Industry Regulatory Authority (Finra) aux États-Unis.

L’opération permettrait à Coinbase de s’étendre sur le marché des actifs traditionnels tout en élargissant sa base d’utilisateurs de cryptomonnaies auprès d’investisseurs institutionnels. Les parties doivent cependant obtenir le feu vert du régulateur, qui doit décider si Coinbase est en mesure ou non de gérer les licences de Keystone Capital. Président et CEO de Coinbase depuis décembre 2017, Asiff Hirji a déjà fait savoir son optimisme quant à cette décision et s’attend à ce que l’intégration des services de Keystone prennent plusieurs mois.