Credit Continuum

Michael McEachern, Muzinich & Co.

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Même si la volatilité observée au mois d’octobre a généré un certain attrait pour le crédit, la classe d’actifs fait face a un tableau contrasté à l’approche de la fin d’année.

La soudaine correction des actions américaines en octobre nous a semblé paradoxale au sein d'une économie qui affiche actuellement peu de signes d'affaiblissement. En effet, le PIB américain a progressé à un taux annualisé de 3,5% au troisième trimestre, la consommation domestique semble robuste et les dépenses d'investissement sont solides1.

Cependant, les inquiétudes entourant une éventuelle décorrélation entre le cycle monétaire de la Réserve fédérale américaine et le cycle économique, au cours d'une période où les risques pesant sur la croissance se multiplient (montée des tensions commerciales, ralentissement de l’économie chinoise, croissance plus lente que prévu des économies européennes au troisième trimestre), ont pesé sur le moral des investisseurs2.

Selon nous, la hausse persistante de la volatilité contraint les investisseurs à réduire leur exposition aux actifs risqués, en particulier les «capitaux spéculatifs» des hedge funds, qui ont, selon toute vraisemblance, réduit leur positionnement en octobre.

Les obligations souveraines semblent avoir temporairement bénéficié de la correction des actions. Nous estimons néanmoins que la baisse des rendements des obligations d'État ne reflète pas l'ampleur du choc sur les actions, ce qui, à notre avis, souligne la difficulté pour les obligations souveraines de jouer leur rôle traditionnel de valeur refuge au cours d’une période où l'inflation semble progresser vers les objectifs des banques centrales. Ainsi, le discours de la prochaine réunion de la Réserve fédérale devrait faire l’objet d’un examen minutieux.

Notre vision stratégique demeure inchangée: les rendements américains devraient augmenter en 2019, mais certaines opportunités tactiques sur la partie longue de la courbe pourraient se présenter car les rendements globaux atteignent de nouveaux plus-hauts.

En Europe, l’environnement politique et budgétaire, en particulier en Italie, reste problématique. Les statistiques économiques publiées récemment affichent des signes de faiblesse, tandis que les discussions sur le budget continuent de faire du surplace3.

ans le même temps, les résultats inattendus des élections régionales allemandes mettent en évidence un changement de sentiment dans le pays et ont ouvert une période de transition au sein du leadership politique allemand.

Nous pensons par conséquent que les marchés européens devraient contenir une prime de risque politique jusqu'aux élections européennes de mai prochain. Cette prime de risque devrait, à notre avis, s’exprimer principalement par la valeur des devises et les valorisations des actions, le crédit étant moins impacté.

Les chiffres macroéconomiques confirment un ralentissement de la croissance dans la zone euro, l'indice des directeurs d’achat (PMI) du mois d’octobre tombant à son plus bas niveau depuis 2 ans4.

Or, la faiblesse de l’indice PMI ne se retrouve pas actuellement dans d’autres chiffres, et à notre avis, les deux prochains mois seront déterminants pour évaluer la dynamique de la croissance réelle.

Selon nous, la réunion de la Banque centrale européenne (BCE) du mois de décembre devrait être un indicateur clé à cet égard, car la BCE publiera ses nouvelles prévisions macroéconomiques, notamment ses très attendues anticipations d’inflation pour les trois prochaines années.

Après la correction massive du mois d’octobre, les valorisations ont, selon nous, atteint de meilleurs niveaux sur l’ensemble du spectre de crédit. Ces valorisations ne compensent toutefois pas totalement les investisseurs en cas de détérioration éventuelle des fondamentaux qui refléterait, à notre avis, la dernière phase du cycle.

Nous pensons donc au sein de nos stratégies de crédit multi classes d’actifs, qu’une exposition au crédit high yield de court terme (principalement aux États-Unis où le cycle demeure le plus robuste) ainsi qu’une exposition à la duration longue sur des titres de grande qualité (titres investment grade et bons du Trésor américain) permettraient d'équilibrer les risques entre un possible rebond en fin d’année et un ralentissement de la dynamique en début d’année prochaine.

 

2 Source: Eurostat, Bloomberg surveys

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