Confiné en absurdité

Clément Inbona & Olivier de Berranger, La Financière de l'Echiquier

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Un vent d’euphorie a balayé les investisseurs en cette fin de semaine électorale.

En cette semaine de scrutin, le président Trump, emmuré à la Maison Blanche au sens propre comme au figuré, apparaît de plus en plus isolé. Une ambiance de fin de règne plane sur Washington. Car même si son électorat s’est mobilisé bien au-delà de ce que les sondeurs anticipaient, une fracture semble bel et bien ouverte avec l’appareil de son parti. Dans l’indécision du dépouillement des résultats, bien peu de ses membres semblent soutenir la posture de Donald Trump qui crie au scandale électoral et au trucage des dépouillements. Et si les réseaux sociaux modéraient déjà les fake news du président sur la pandémie ou la politique, les médias n’hésitent plus non plus à censurer la communication du président. Ils ont été nombreux jeudi dernier à couper sa déclaration prononcée depuis la salle de presse de la Maison Blanche, la jugeant outrageusement mensongère.

On pouvait craindre que le scénario d’un scrutin serré et contesté fasse tanguer des marchés financiers déjà fragilisés par les nouvelles vagues de Covid qui déferlent sur l’Europe et les Etats-Unis. Il n’en est rien. Et même si l’issue présidentielle est restée indécise plusieurs jours après le vote et que les recours juridiques se sont multipliés, un vent d’euphorie a balayé les investisseurs en cette fin de semaine électorale.

De prime abord étonnant, le retour de l’appétit pour le risque et les actions dès le lendemain des élections s’explique aisément. Si les résultats étaient encore indécis tant au niveau présidentiel que sénatorial, une victoire démocrate nette et sans bavures faisant basculer l’ensemble Congrès de son côté ne semble pas probable. Historiquement, les marchés préfèrent les périodes où le Congrès est divisé, car qui dit Congrès bipartite, dit nécessité de trouver des compromis et de former des consensus. Ce ne sera donc pas une révolution mais une évolution démocrate. Les réformes les plus clivantes du candidat Biden vont très certainement être très limitées, en premier lieux les hausses d’impôts ou encore un généreux plan de relance.

Les premières bénéficiaires de ce regain d'appétit ont été les grandes valeurs technologiques dont l’indice phare, le Nasdaq, a progressé de plus de 6% au cours des deux jours qui ont suivi le scrutin, surpassant de près de 2% le S&P 500, moins «technocentré». La perspective de démantèlement pour cause d’abus de position dominante, chère aux démocrates, est au moins repoussée, sinon écartée à brève échéance.

D’autre part, le taux d’emprunt à 10 ans américain a reflué rapidement dès les premiers résultats officiels connus, actant un plan de relance raisonnable qui n’entraînera pas de hausse inquiétante du poids de la dette américaine au point d'inciter les prêteurs à la défiance.

Si les marchés ont su raison garder, on ne peut pas en dire autant de Donald Trump.

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