Commentaire hebdomadaire de Raiffeisen

Raiffeisen Suisse CIO Office

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Alors que les indices des directeurs d’achat se tournent vers l’avenir, les chiffres semestriels témoignent du passé.

Quand les directeurs d’achat jugent la situation conjoncturelle. «Pardon, auriez-vous une minute pour une enquête?» Si vous passez régulièrement par la Bahnhofstrasse à Zurich au niveau du grand magasin Globus, vous ne devriez que trop bien connaître cette question. Les sondages constituent un instrument très répandu, notamment pour les thèmes du réchauffement climatique ou de la protection des animaux. Mais ils sont aussi très usités dans le cadre d’études économiques, comme pour l’indice des directeurs d’achat, aussi appelé PMI (Purchasing Managers' Index), qui est l’un des indicateurs avancés sans doute les plus importants basés sur de tels sondages qualitatifs. Le PMI est actualisé mensuellement pour différents secteurs dans les principaux pays industrialisés. Les directeurs d’achat des entreprises estiment l’évolution des conditions commerciales et sectorielles par rapport au mois précédent, et ce sur la base de données essentielles comme les prix, le besoin en personnel et le cahier des commandes. Les résultats sont transposés sur une échelle numérique de 0 à 100, c’est-à-dire que les valeurs supérieures (inférieures) à 50 signalent une expansion (contraction) de l’économie. Ce niveau est souvent aussi appelé seuil de croissance. Au vu de la méthodologie utilisée, le PMI n’est toutefois pas un indicateur «dur» mais «mou». Il ne faut donc pas l’interpréter de manière absolue, mais relative: si le PMI augmente par exemple de 20 à 35 points par rapport au mois précédent pour le secteur des services suisses, cela signifie certes que le contexte économique s’est bien amélioré, mais que les perspectives restent tout sauf roses puisque l’indicateur se situe clairement au-dessous du seuil de croissance. Et n’oublions pas qu’il ne s’agit en l’occurrence que d’un indicateur avancé, qui reflète les attentes des gens quant aux futures activités commerciales: si l’économie atteint son plancher, la logique habituelle des personnes interrogées veut que «la situation ne peut s’empirer, tout ira pour le mieux par la suite» et que le PMI va donc forcément remonter. C’est justement ce genre de critère qui a souvent conduit le PMI à être interprété comme un indicateur de reprise ces derniers mois.

Les trois catégories d’entreprises. La saison pendant laquelle sont publiés les résultats est déjà bien entamée depuis trois semaines maintenant. Une chose est sûre et certaine: dans toute crise, il y a des gagnants et des perdants, mais il y a aussi ceux qui se situent entre les deux. L’industrie pharmaceutique appartient à la première catégorie. En effet, la pandémie du coronavirus lui a globalement profité, surtout à Roche, ainsi qu’à Lonza, le fabricant à façon. Les deux entreprises ont assez bien tiré leur épingle du jeu. Un certain nombre d’entreprises non pharmaceutiques, comme Julius Baer ou Logitech, ont également connu un semestre réussi. La Banque privée a su enregistrer un bénéfice record de près de 500 millions de francs grâce à la volatilité sur le marché. Le fabricant d’accessoires pour ordinateur a, lui aussi, très largement dépassé les prévisions en raison de la rapide croissance des services en ligne due à la pandémie. En revanche, le segment des biens de luxe et l’industrie du tourisme font partie des grands perdants. Chez Swatch, le confinement a entraîné un recul des ventes de 46%. Rieter, le constructeur de machines, a dû essuyer d’importantes pertes à hauteur de 54 millions de francs, le semestre passé. La troisième catégorie intègre les entreprises comme Ems-Chemie, Temenos ou Huber+Suhner: elles ont vécu un exercice peu mirobolant, certes, mais les chiffres ont été meilleurs que ceux redoutés et les résultats annoncés cette année ne plairont pas forcément à tout le monde. Toujours est-il que la crise du coronavirus n’est rien d’autre qu’un petit poil malencontreux dans le grand bol du potage savoureux et appétissant.

Graphique de la semaine

Les estimations des bénéfices des banques européennes pour 2021 ont pour l’instant stoppé leur chute du fait de la crise du coronavirus. Elles semblent désormais se stabiliser (à un niveau très faible). Dans le passé, une telle stabilisation (notée en vert dans le graphique) a été favorable aux indices bancaires européens. Actuellement, l’incertitude qui règne autour de ces prévisions est particulièrement élevée.

GROS PLAN

Le coronavirus affecte la caisse de l’Etat allemand. En juin, les recettes fiscales allemandes ont fléchi de 19% en glissement annuel, à cause de la pandémie. Avec -25,8%, l’impôt sur l’énergie a été particulièrement touché. En revanche, l’impôt sur le tabac a connu une hausse de 22,3%.

LE PROGRAMME

Chiffres d’affaires du commerce de détail en Suisse. Le 31 juillet, l’Office fédéral de la statistique (OFS) publiera les chiffres des ventes au détail pour le mois de juin. Il faut s’attendre à ce que la situation sectorielle se soit davantage stabilisée.

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