Commentaire hebdomadaire de Raiffeisen

Raiffeisen Suisse CIO Office

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La BNS reste fidèle à ses principes et garde son taux directeur inchangé à -0,75%, mais elle allège la pression sur les banques en raison des taux négatifs.

La BNS se prépare à un «freeze» monétaire. Le taux directeur de la BNS reste inchangé à -0,75%. Tout investisseur ayant craint des taux négatifs plus élevés en Suisse, après un train de mesures monétaires supplémentaires annoncé par Mario Draghi la semaine passée, peut se voir soulagé. En effet, il y avait des signaux de détente en amont de son évaluation de la politique monétaire. Au cours des derniers jours, la BCE a clairement illustré avoir tiré presque toutes ses cartouches monétaires et que les obstacles se dressant contre des mesures d’assouplissement monétaires supplémentaires avaient nettement augmenté. Le change EUR / CHF s’est ensuite ressaisi, évitant ainsi la nécessité de resserrerla vis de taux négatifs cette semaine. Or, la politique de la BCE a des répercussions: la BNS doit se préparer à une phase de faibles taux sur des années. Elle a donc décidé de procéder à un ajustement de la base de calcul en lien avec les taux négatifs, afin de soulager les banques en attendant ce gelmonétaire. Cette mesure pourrait alléger de moitié la tâche des banques par rapport à la situation actuelle – une autre raison de se voir rassuré, car elle signifie également une pression moins forte à vouloir répercuter les taux d’intérêt négatifs sur les clients bancaires.

Une Fed en désaccord continue de «s’assurer». Entretemps, la Fed a une nouvelle fois baissé son taux directeur (de -25 points de base) ce mercredi – une étape largement attendue – faisant passer le taux directeur à désormais 2%. Il s’agit de se «couvrir» contre une récession économique plus accentuée au vu des risques géopolitiques plus marqués. Le comité n’était toutefois pas unanime lors de cette décision, deux banquiers centraux s’étant exprimés contre la nouvelle baisse des taux. La projection du «dot plot» montre également à quel point l’avis de la Fed est partagé: alors que sept des 17 membres du comité décisionnaire s’attendent à une autre baisse des taux en cours d’année, les dix autres estiment que le niveau des taux directeurs est approprié, voire trop faible. Dans ce contexte, toute future baisse du taux directeur US ne semble nullement acquise. La Fed repassera en mode «wait-and-see» à notre avis également. Le marché financier est plus pessimiste à ce sujet et table sur une nouvelle baisse en 2019 et sur deux autres en 2020.

Risques évidents et effets secondaires du choc pétrolier. Bien que le prix du pétrole ait fortement augmenté lundi, par moments d’environ 20%, la situation s’est quelque peu détendue sur le marché du pétrole brut par la suite. Toutefois, l’attaque contre le centre névralgique de la production pétrolière saoudienne risque d’avoir des séquelles. Il est certes possible de récupérer une grande partie des capacités perdues dès la fin septembre, mais force est deconstater que le Moyen-Orient est une poudrière politique. La «guerre asymétrique» de l’Iran a remis en question la fiabilité de l’Arabie saoudite en tant que plus grand producteur de l’OPEP et souligné sa vulnérabilité. Même le président US Donald Trump devrait se rendre à l’évidence que sa politique de «pressions maximales» envers l’Iran n’aaucun effet, car ce dernier a menacé de causer des «dégâts maximums». Il est pour le moins discutable de savoir dans quelle mesure le nouveau durcissement des sanctions contre l’Iran atteindra son objectif. Le dernier événement en date risque d’entraîner une légère hausse de la prime de risque ces prochaines semaines. Mais nous n’escomptons aucune conséquence négative pour l’économie mondiale dans l’état actuel des choses. En effet, il faudrait que le prix du pétrole augmente de manière nettement plus forte et sur une période plus longue.

Graphique de la semaine

Les investisseurs ne se sont pas rués sur les actions à valorisation bon marché «value» ces derniers mois. Leur évolution a été moins bonne que celle des titres de croissance («growth»). Cependant, ces «facteurs» ont récemment connu un revirement impressionnant en parallèle à la nette hausse des taux d’intérêt. Reste à savoir dans quelle mesure celle-ci est durable. Une autre stabilisation des indicateurs économiques soutiendrait les actions de valeur.

GROS PLAN

Les banquiers (d’affaires) n’ontrien appris. Le ministère américain de la justice reproche aux traders de JPMorgan d’avoir manipulé le marché à termes des métaux précieux (or, argent, platine et palladium) pendant des années et risque de l’accuser d’avoir «monopolisé» le marché de l’argent.

LE PROGRAMME

«Flash» indices des directeurs d’achat. L’«atterrissage en douceur» réussira-t-il dans les pays industrialisés? Les PMI avancés (lundi) et l’in-dice Ifo allemand (mardi) devraient fournir un nou-vel indice à cette question au cours de la prochaine semaine.

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