Si 70% de la surface de la Terre est constituée d’eau, il s’agit pour l’essentiel d’eau salée. Moins de 1% des réserves d’eau douce de la planète est utilisable pour l’agriculture et l’industrie, et c’est sans compter sur la pollution qui a rendu une partie de ce 1% impropre à la consommation humaine. Pour compliquer encore les choses, seul un cinquième de l’eau propre à la consommation humaine est accessible, soit moins de 3% de l’ensemble des ressources en eau de la planète.

Compte tenu de l’offre limitée d’eau douce et de nos taux de consommation actuels, la pénurie d’eau est un véritable problème. Une étude récente¹ souligne qu’environ 3,8 milliards de personnes souffrent actuellement de pénurie d’eau pendant au moins un mois par an. L’édition 2018 du Rapport mondial sur la mise en valeur des ressources en eau des Nations unies estime que près de six milliards de personnes souffriront d’une telle pénurie d’eau propre d’ici à 2050.

Alors que l’eau potable en bouteille est commercialisée et expédiée dans le monde entier, les secteurs agricoles et industriels ont besoin de volumes d’eau importants qui ne peuvent être satisfaits que par des pipelines ou des canaux utilisés pour rediriger de plus grandes quantités d’eau. Ces difficultés commerciales, ainsi que l’importance géographique des lacs, des rivières et des bassins hydrographiques sous-jacents, font de l’eau une ressource géopolitiquement sensible. L’eau peut déclencher de violents conflits entre pays voisins.

La figure 1 présente les bassins fluviaux transfrontaliers et les zones de conflit actuelles dues à des litiges sur l’eau. Une autre considération est la comparaison entre la proportion de la population mondiale d’un pays et sa part des ressources en eau mondiales (voir figure 2). Cela montre que, outre la question globale de la pénurie d’eau, la répartition de l’eau - régions abondantes par rapport aux régions plus sèches - est un sujet géopolitique clé.

Cette situation est exacerbée par le changement climatique, qui semble susceptible d’avoir un impact sur les écarts temporels entre les périodes de précipitations et les périodes de sécheresse. Les différences spatiales entre les précipitations et les sécheresses sont également susceptibles d’être affectées. Selon un rapport des Nations unies (2022), les régions les plus vulnérables sont l’Afrique de l’Ouest et de l’Est, le nord du Moyen-Orient et les zones limitrophes de l’Asie centrale, de l’Asie de l’Est et de l’Asie du Sud.

Organisée chaque année depuis 1991 par l’Institut international de l’eau de Stockholm, la Semaine mondiale de l’eau estime que la résolution des plus grands défis de notre époque commence souvent par l’eau. Le thème de 2023, «Les graines du changement : Des solutions innovantes pour un monde plus respectueux de l’eau, nous invite à repenser la manière dont nous gérons l’eau.

Combler le fossé qui nous sépare d’un tel changement requiert de l’innovation, ce qui peut s’avérer très coûteux. En tant que répartiteurs de capitaux, les entreprises d’investissement ont un rôle clair à jouer. Nous pensons également que les investisseurs s’orientent de plus en plus vers le développement durable, y compris pour les décisions d’investissement. Les stratégies d’investissement à impact pourraient contribuer à relever les défis les plus pressants du monde en investissant dans des entreprises proposant des produits et des services innovants et évolutifs.

En ce qui concerne l’eau en particulier, les entreprises qui répondent aux besoins mondiaux en eau propre peuvent offrir aux investisseurs des opportunités intéressantes. Grâce à l’investissement d’impact, il est possible d’investir dans des entreprises qui fournissent de l’eau potable et gèrent les eaux usées, modernisent les vieilles infrastructures d’approvisionnement en eau en utilisant de nouvelles technologies et de nouveaux contrôles, s’occupent des infrastructures d’assainissement et de traitement de l’eau pour les pays émergents, créent des produits pour améliorer l’efficacité de l’utilisation de l’eau et permettent le dessalement.