- Les élections vont et viennent. Mais leur impact est souvent surestimé.
Cette année encore, l’actualité politique devrait faire la une des journaux. Après tout, plus de la moitié de la population mondiale sera appelée aux urnes en 2024. Büchler s’attend à des débats controversés sur l’immigration, la politique internationale et les questions sociales, en particulier autour des élections présidentielles américaines. Cela devrait entraîner une volatilité accrue sur les marchés. La bonne nouvelle, c’est que la volatilité peut aussi offrir des opportunités aux investisseurs patients. «Les entreprises de qualité sont souvent dans le collimateur de la politique, ce qui peut donner lieu à des opportunités d’achat», explique Büchler.
Il fait en outre remarquer: Aux États-Unis, l’issue d’une élection n’a guère eu d’impact sur les rendements à long terme du marché par le passé. Depuis 1936, le rendement annualisé sur 10 ans des actions américaines, mesuré par l’indice S&P 500, a été de 11,2% les années d’élection où un démocrate l’a emporté et de 10,5% les années où un républicain l’a emporté.
- Les liquidités ne sont peut-être pas aussi attrayantes qu’on le pense.
En 2023, l’aversion au risque des investisseurs se serait transformée en aversion aux pertes: les investisseurs anxieux auraient transféré des milliards vers les liquidités et les équivalents de liquidités. «Lorsque l’incertitude est grande, on cherche naturellement la sécurité, et la rémunération attrayante des fonds du marché monétaire et des équivalents de liquidités peut être rassurante», explique Büchler. «Mais le cash n’est peut-être pas aussi attractif qu’on pourrait le penser si l’on considère le coût d’opportunité».
Il suffirait aux investisseurs de jeter un coup d’œil à leurs bilans du quatrième trimestre 2023 pour se rendre compte qu’il pourrait être risqué de rester sur la touche. Selon lui, le S&P 500, une large mesure des actions américaines, a augmenté de 11,69% au cours des trois mois précédant le 31 décembre 2023, et l’indice Bloomberg US Aggregate, une large mesure du marché obligataire américain, de 6,82%. «Les investisseurs qui restent sur la touche risquent de passer à côté d’opportunités futures et de compromettre leurs objectifs à long terme. En effet, les investisseurs à long terme se voient à nouveau offrir des possibilités de placement intéressantes dans les actions et les obligations», explique Büchler.
- L’innovation est une bonne chose, mais la diversification est également importante
Récemment, des percées dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA) ont captivé le monde et fait grimper le cours des actions d’une poignée de méga-entreprises de technologie de pointe. Selon Büchler, certaines de ces entreprises leaders resteront probablement à la pointe du développement de l’innovation. Toutefois, leurs récents succès ont conduit à un marché boursier américain plus concentré qu’à l’époque des dotcoms. En décembre 2023, les dix plus grandes entreprises du S&P 500 représenteraient 30,9% de la capitalisation boursière, contre 26,6% en mars 2000.
«Étant donné qu’un si petit nombre d’actions technologiques américaines représentent une part aussi importante des rendements globaux du marché, les avantages potentiels de la diversification n’ont pas été évidents l’année dernière», explique Büchler. «Mais au vu des incertitudes économiques de ce début d’année, je pense que la diversification est plus importante que jamais». Il voit des opportunités d’investissement prometteuses dans les entreprises technologiques américaines de premier plan ainsi que dans les sociétés versant des dividendes et les entreprises mondiales de premier plan. Selon lui, l’Europe et l’Asie abritent des pionniers dans différents secteurs, de l’aérospatiale à l’automatisation des usines. L’entreprise française Safran, par exemple, leader mondial des moteurs d’avions à fuselage étroit, développe en collaboration avec General Electric des moteurs qui permettent de réduire les émissions de 20%. Au Japon, SMC est leader dans le domaine des composants pour les installations robotiques et la production de semi-conducteurs.
- Le retour des obligations ne fait peut-être que commencer
Au cours des deux dernières années, les obligations n’ont pas offert la stabilité relative et la diversification que les investisseurs attendaient. Le tableau s’est toutefois nettement éclairci ces derniers temps. L’inflation ayant reculé plus rapidement que prévu, la banque centrale américaine a indiqué qu’elle ne voulait plus augmenter les taux d’intérêt - une nouvelle qui a déclenché un rallye sur les marchés obligataires au quatrième trimestre. Du point de vue de Büchler, la fin d’un cycle de resserrement est généralement un bon moment pour acheter des obligations. «Étant donné que les rendements ont nettement augmenté dans tous les secteurs du crédit et que tout ralentissement de l’économie pourrait entraîner une baisse des taux d’intérêt, les obligations pourraient être l’histoire du retour en 2024», conclut Büchler.
- Il y a toujours des raisons de ne pas investir, mais cela ne doit pas nécessairement décourager les investisseurs
«En 25 ans d’investissement, je n’ai jamais vu de bon moment pour investir. Il y a toujours une douzaine de bonnes raisons d’attendre», a déclaré un jour Graham Holloway, le défunt président d’American Funds Distributors. «L’époque actuelle ne fait pas exception: les taux d’intérêt, le président, les troubles persistants au Moyen-Orient, une réglementation gouvernementale excessive et un Congrès qui fait davantage partie du problème que de la solution. Les investisseurs prudents pourraient être tentés de ne pas investir dans ces circonstances - à moins qu’ils ne souhaitent saisir une opportunité».
Du point de vue de Büchler, ces mots auraient pu être prononcés hier. Ils datent toutefois de mai 1981, lorsque les marchés étaient également marqués par l’incertitude. «A court terme, les nouvelles provoquent des turbulences, mais à long terme, ce sont les données fondamentales des entreprises qui déterminent les marchés», conclut l’expert.