Cinq principes d’une stratégie d’investissement verte

Bruno Bamberger, AXA Investment Managers

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Les investisseurs responsables doivent prendre en compte les risques climatiques, dans tous leurs actifs.

Mais comment s’y prendre? Quels principes les investisseurs et les gestionnaires de placements peuvent-ils appliquer pour mettre en œuvre des stratégies qui laissent envisager des taux de rendement particulièrement élevés tout en respectant le climat? Voici cinq principes essentiels.

1 – Compléter les objectifs financiers au moyen de composantes climatiques

L'intégration des objectifs climatiques, tout comme l'orientation vers l’objectif de zéro émission nette («zéro net»), devrait être employée pour maintenir ou améliorer les rendements. Cette approche tient davantage compte des facteurs, tant existants que nouveaux, qui augmentent le risque de non-paiement et de dégradation de la note de crédit.

Les questions climatiques doivent également être prises en compte dans la recherche de crédit. Les portefeuilles doivent être structurés de sorte à minimiser les risques climatiques des emprunts de plus longue durée. L'objectif est d'obtenir un meilleur profil de risque climatique afin d’éviter autant que possible les ventes forcées, les déclassements et la volatilité.

2 – Investir dans la transition

Financer des entreprises qui s’attachent à réduire leurs propres émissions de CO2, c'est non seulement disposer d'un large choix d'opportunités d'investissement, mais c'est aussi réduire le risque de Spreads élevés et de réallocations fréquentes. Cela permet en outre de soutenir ces entreprises, à (encore) forte intensité de CO2, dans leurs efforts de décarbonation.

Exclure à priori les entreprises qui se trouvent encore en plein processus de décarbonation n’entraverait non seulement les efforts globaux pour atteindre l’objectif de ‘zéro net’, mais aussi le développement de ses propres investissements responsables et de ses propres revenus financiers.

Il convient néanmoins d'exclure les retardataires climatiques qui font trop peu de progrès ou qui ne sont pas disposés à décarboner. Prenons l'exemple d'un fournisseur d'énergie renouvelable qui réaliserait une part importante de son chiffre d'affaires au moyen d’une nouvelle centrale à charbon. Une telle entreprise n’a pas sa place dans un portefeuille intégrant le respect du climat.

3 - Un alignement systématique sur l’objectif ‘zéro net’

Il existe diverses possibilités de rendre son portefeuille conforme aux principes de «zéro émission nette». Il est ainsi possible de définir qu'un portefeuille doit être climatiquement neutre d'ici 2050 ; en passant par l'objectif intermédiaire de réduire les émissions de 50 pour cent d'ici 2030. Ou alors, on peut se fixer plusieurs objectifs pour ajuster graduellement le portefeuille à zéro net au fil du temps.

Cela peut se faire, par exemple, en ne choisissant que des émetteurs qui visent ou atteignent la neutralité climatique d'ici 2030 selon les six catégories définies par l'Institutional Investors Group on Climate Change (IIGCC). De cette manière, les investisseurs peuvent progressivement réorienter leurs portefeuilles vers des émetteurs dont les objectifs climatiques sont ambitieux mais réalisables. Ces deux méthodes ne s'excluent pas mutuellement et peuvent être utilisées de manière complémentaire.

4 - S’engager à tous les niveaux

L'engagement peut aider les entreprises à être moins vulnérables aux conséquences du changement climatique. Intervenir parallèlement à différents niveaux est particulièrement efficace. Il s'agit notamment de la collaboration des analystes de crédit avec les émetteurs, de la coopération des équipes quantitatives avec les fournisseurs de données, ainsi que de l'implication des associations sectorielles et des autorités de régulation.

Cet engagement devrait toujours être aussi un outil permettant de réduire les risques. Les entreprises qui ont une conscience aiguë de la durabilité réagissent plus rapidement aux exigences de plus en plus étendues de leurs clients et ont moins de problèmes liés à la réglementation ou au droit du travail, par exemple avec les grèves. De plus, cela diminue la probabilité qu’elles soient mises à l’écart par les investisseurs.

5 - La transparence grâce à une communication ouverte

Pour les responsables des placements, la communication d’informations devient de plus en plus complexe. Les gestionnaires d'actifs peuvent les aider en leur fournissant des données claires et complètes qui montrent comment une stratégie spécifique peut générer de meilleurs résultats financiers, profiter à l'environnement et répondre aux exigences réglementaires.

Mais comme il n'existe pas d’indicateur unique pouvant refléter l'ajustement à ‘zéro net’, il faut recourir à diverses données indicatives. Celles-ci devraient au minimum inclure des fourchettes d'émissions de CO2, le degré d'alignement sur l’objectif zéro net et un outil de mesure des risques liés au climat. Ces indicateurs doivent être faciles à comprendre, cohérents sur la durée et associables entre les différentes classes d'actifs.