Ces acteurs qui accumulent davantage de dollars

Emmanuel Garessus

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La Chine diversifie ses avoirs et vend les bons du Trésor américain, mais les institutionnels internationaux en sont toujours plus friands.

Le dollar reste de très loin la première monnaie de réserve. Le total des réserves de change en dollars est plus de trois fois supérieur aux réserves en euros en 2023, selon Statista. Mais la domination du dollar est en baisse depuis 2015. Récemment, la Chine a vendu un montant record 53 milliards de dollars de bons du Trésor américain afin de diversifier ses avoirs au profit de l’or et d’autres matières premières. En 10 ans, ses avoirs en T Bonds sont tombés de près de quelque 500 milliards de dollars à 775 milliards, selon les statistiques du Département du Trésor et publiés par Newsweek. L’interprétation de ces variations se réfère généralement aux changements géopolitiques. Mais qu’en est-il des pratiques de l’ensemble des investisseurs non-américains?

Dans «Dollar Asset Holdings and Hedging around the Globe» (WP, NBER 32453, mai 20024), deux économistes américains, Wenxin Du et Amy W.Huber, affirment présenter la première estimation complète non seulement des actifs en dollars mais aussi l’étendue des instruments de protection. Ce dernier élément est crucial puisqu’il indique l’exposition nette des investisseurs après la couverture de change à travers des dérivés. Les montants de ces derniers sont d’ailleurs considérables. La BRI indique en effet que le chiffre d’affaires quotidien des dérivés de change s’élève à 5400 milliards de dollars, dont 88% incluent le dollar américain.

«Les investisseurs «étrangers», donc non-américains, ont multiplié par six leurs actifs en dollars en 20 ans.»

Forte hausse de l’exposition au dollar

Il en ressort une préférence accrue pour le dollar. Les investisseurs «étrangers», donc non-américains, ont multiplié par six leurs actifs en dollars en 20 ans. L’étude de Du et Huber s’intéresse avant tout à sept catégories d’investisseurs: le secteur public, les banques, les assurances, les caisses de pension, les fonds de placement, le secteur non-financier et les hedge funds. Ces secteurs représentent 75% des avoirs en dollars détenus par des non-Américains selon le Treasury International Capital et 60% des avoirs étrangers de titres américains.

Par ailleurs, les fonds de placement, assurances et caisses de pension ont accru de 15 points de pour-cent leur ratio de hedging du dollar après la crise financière bien que le coût de cette couverture ait renchéri. 

La demande de hedging est estimée à 2000 milliards de dollars en 2019. Les pratiques de hedging sont très hétérogènes et varient selon les pays et les catégories d’investisseurs., notent les chercheurs. Le taux de hedging est estimé à 44% pour les assurances, 35% les caisses de pension et 21% les fonds de placement. Pour ces 3 catégories, ce taux de couverture est 15 points de pour-cent après la crise financière qu’avant. Enfin, le montant de couverture atteint 2000 milliards de dollars par an. Il ressort aussi de l’étude que le hedging est plus élevé pour couvrir des positions en obligations que pour les actions.

Les auteurs mettent également en évidence le rôle toujours plus important du secteur non-bancaire lorsqu’il s’agit de proposer des instruments de couverture. Si les banques représentent la contrepartie naturelle des investisseurs institutionnels, elles ne sont pas les détenteurs ultimes du risque de change. Les auteurs montrent que la hausse du taux de couverture est consistante avec l’augmentation du rendement attendu des titres américains et de l’allocation au dollar.

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