Il est certain que les six prochains mois vont comporter leur lot d’événements susceptibles de transformer les marchés.
Feu le Premier ministre britannique Harold Macmillan, à qui l’on avait demandé une fois ce qui le préoccupait le plus, avait eu cette réponse: «Les événements, mon cher, les événements».
Au premier semestre 2019, on peut dire que les investisseurs ont dû eux aussi composer avec un certain nombre d’événements. Entre les annonces de ralentissement de la croissance mondiale, les changements soudains de politique de la part des banques centrales, les tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine, et les incertitudes à propos du Brexit qui perdurent en Europe, le ressenti des investisseurs n’a cessé d’osciller de la confiance à l’inquiétude et de l’inquiétude à la confiance.
En dépit de ce brouhaha quotidien, les marchés ont fait preuve d’une remarquable résilience. Cette année (au 30 juin 2019), le Standard & Poor’s 500 Composite Index a gagné 18,54%, le MSCI All Country World Index ex USA ayant quant à lui augmenté de 13,60%.
en mettant un coup d’arrêt à la remontée des taux d’intérêt.
À quoi les investisseurs doivent-ils s’attendre pour la deuxième partie de l’année? L’avenir nous dira comment les conflits commerciaux vont évoluer, ou quand le Royaume-Uni pourra quitter l’Union européenne. Il est certain que les six prochains mois vont comporter leur lot d’événements susceptibles de transformer les marchés et de générer des opportunités d’investissement. Voici quatre grandes recommandations que nous vous conseillons de suivre pour vous y retrouver à mesure que les événements se produiront.
Vous avez dit «récession»? Il n’y a pas si longtemps, le mot qui commence par un «r» était le premier qui venait à l’esprit de nombreux investisseurs. Et puis en janvier, la Fed a opéré une brusque volte-face dans sa politique monétaire en mettant un coup d’arrêt à la remontée des taux d’intérêt. Partout dans le monde, les grandes banques centrales ont pris le même type de mesures, pour garantir que les conditions monétaires continuent de soutenir la croissance.
Ce revirement de politique, ainsi que des taux plus bas sur de plus longues durées, rallongent l’existence de la période d’expansion, qui atteint désormais la décennie. Aux États-Unis, l’économie a solidement progressé à un taux annuel de 3,1% au premier trimestre. Les marchés des actions ont réagi positivement et ont enregistré des gains importants au cours de la première moitié de l’année. «Avec la Fed qui envisage une diminution proactive des taux, je dirais que la croissance va se maintenir, voire s’accélérer», indique Hilda Applbaum, gestionnaire de portefeuille chez Capital Group. «Cela devrait être de bon augure pour les marchés, au moins à court terme».
Les marchés des actions peuvent encore grimper, mais ne vous y trompez pas: les conditions de fin de cycle s’amplifient. Avoir moins de chômage et des salaires plus élevés, ainsi que des vents arrière dans les dépenses de consommation, tout cela va finir par comprimer les bénéfices des entreprises.
Conclusion: Il n‘est pas trop tôt pour préparer les portefeuilles à affronter les mers houleuses qui s’annoncent. «Nous sommes un peu sur la corde raide parce que les évaluations d’actifs sont supérieures depuis un moment à ce qu’elles ont été. Avec en plus de cela des tensions commerciales qui perdurent, la solidité de cette corde pourrait être mise à mal », ajoute Mme Applbaum. « Dans le marché actuel, ce qui est crucial, c’est l’équilibre».
Les investisseurs doivent s’assurer que les portefeuilles sont correctement diversifiés et qu’ils ont une répartition équilibrée entre des actions orientées vers la croissance et les dividendes, et des actions à revenu fixe.
Depuis toujours, les entreprises qui versent des dividendes jouent un rôle important en contribuant à l’atténuation de la volatilité des marchés des actions. C’est parce que les dividendes possèdent un potentiel de rendement régulier quand les cours des actions sont à la baisse. Mais toutes les entreprises qui versent des dividendes ne se valent pas, et elles ne sont pas toutes pérennes.
sont susceptibles de réduire leurs dividendes dans les périodes difficiles.
Aujourd’hui, grâce aux taux d’intérêt ultra-bas, de nombreuses entreprises ont emprunté à des taux extrêmes. Fin 2018 aux États-Unis, dans le secteur des sociétés non financières, l’emprunt représentait 46,7% du PIB, un pourcentage record. La majeure partie de cet endettement à faible taux a servi à financer des dividendes, des rachats d’actions, des fusions et des acquisitions. Le problème est que les entreprises qui empruntent beaucoup sont susceptibles de réduire leurs dividendes dans les périodes difficiles. C’est la raison pour laquelle la sélectivité est essentielle. La solution consiste à se concentrer sur des sociétés qui ont évité les pires excès de cette décennie d’expansion.
«Plus cette expansion dure, plus je fais attention à l’endettement de l’entreprise», explique Joyce Gordon, gestionnaire de portefeuille d’actions, qui investit depuis 40 ans dans des sociétés qui versent des dividendes. «Celles qui ont un endettement important sont confrontées à de nombreuses difficultés. Par exemple, elles peuvent se sentir contraintes de réduire leurs dividendes pour conserver une cote de crédit de catégorie investissement».
Quand on compare deux par deux des entreprises de différents secteurs, on peut voir que celles qui ont les cotes de crédit les plus basses sont davantage susceptibles de réduire leurs dividendes dans les périodes difficiles. Mais par exemple Nestlé, dont le poids de la dette est gérable, n’a pas diminué ses dividendes depuis des dizaines d’années. Inversement, Kraft Heinz, qui est plus fortement endettée, a récemment réduit ses dividendes.
Même lorsqu’elles sont confrontées aux perturbations du marché, les sociétés qui savent faire preuve de souplesse et qui ont de solides équipes de direction sont capables de s’adapter aux changements de situations et de prospérer, en créant potentiellement de la valeur pour les investisseurs sur le long terme. C’est pour cela que les investisseurs feraient bien de détourner leur attention des gros titres au quotidien pour s’intéresser à des sociétés qui ont prouvé qu’elles avaient le sens de l’innovation et qui ont un potentiel de longue trajectoire de croissance.
un certain nombre d’autres avantages potentiels.
«L’innovation améliore la vie des gens et favorise la croissance et les opportunités pour les entreprises», déclare Anne-Marie Peterson, gestionnaire de portefeuille d’actions.
Prenons, par exemple, les innovations rapides dans le domaine de la santé. Les progrès de la génomique ont fait baisser le coût du séquençage d’un ensemble de gènes humains de 100 millions de dollars en 2006 à environ 1000 dollars aujourd’hui, ce qui permet aux sociétés spécialisées de développer de nouvelles thérapies à partir de tests génétiques. Parmi ces thérapies, beaucoup ont le pouvoir de rallonger la vie et de générer des milliards de dollars de chiffre d’affaires.
Par exemple, le géant pharmaceutique suisse Novartis a obtenu au début de l’année l’aval de la FDA pour un traitement destiné à une maladie de la moelle épinière qui est la principale cause génétique de mortalité infantile. Des patients ont déjà commencé à prendre le traitement, dont le coût serait de plus de 2 millions de dollars. En outre, les laboratoires pharmaceutiques américains AbbVie et Merck, le fabricant du traitement par immunothérapie Keytruda qui a rencontré un véritable succès commercial, ont investi des millions de dollars dans le développement de traitements basés sur la génétique pour contrer divers cancers.
Les rendements des marchés des actions américains ont devancé les marchés non américains pendant dix ans, ce qui a incité de nombreux investisseurs à compter et à se concentrer davantage sur la plus grande économie mondiale.
Mais pour investir, prendre simplement en considération la répartition géographique peut être trompeur. Quand on s’intéresse de plus près aux entreprises à titre individuel plutôt qu’aux pays, l’image que l’on obtient est très différente. Alors que les indices boursiers non américains étaient largement derrière ceux des États-Unis, depuis 2009, on voit que les 50 premières entreprises en termes de rendement annuel sont très majoritairement domiciliées en dehors des États-Unis. Si vous aviez décidé d’abandonner les investissements internationaux, vous auriez manqué un grand nombre des meilleures opportunités.
«En plus de la diversification, les actions non américaines présentent un certain nombre d’autres avantages potentiels», souligne le gestionnaire de portefeuille d’actions Gerald Du Manoir. Certaines des entreprises les mieux gérées et au développement le plus rapide sont domiciliées à l’étranger. Un grand nombre de sociétés européennes et asiatiques offrent des rendements en dividendes assez attractifs, et la plupart des sociétés non américaines n’ont pas adopté la culture du rachat d’actions qui prévaut aux États-Unis et qui a bien souvent entraîné un endettement excessif.
«Pour avoir un portefeuille d’actions solide et bien équilibré, il est impératif d’investir au niveau mondial, même si l’on pense que le marché américain dans son ensemble va continuer à donner de meilleurs résultats à court terme», déclare M. Du Manoir.
Qui plus est, dans presque tous les secteurs, il existe des entreprises non américaines comparables qui se négocient à des évaluations plus faibles que leur contreparties domiciliées aux États-Unis. Comme exemples classiques, on peut citer ExxonMobil par rapport à Total et Samsung Electronics par rapport à Apple. La plupart de ces entreprises ont des bilans et des activités solides. À long terme, ce sont les fondamentaux de ces sociétés qui déterminent les rendements boursiers, pas les troubles géopolitiques ou juste le lieu d’implantation d’une société.