BYD: le constructeur chinois qui fait de l’ombre

Salima Barragan

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Une guerre commerciale se prépare-t-elle dans les véhicules électriques? L’avis d’Alec Lucas de Global X ETFs.

Les véhicules électriques chinois sont vendus à un prix de 20 à 30% inférieur aux marques européennes. Ces nouveaux constructeurs venus d’Asie dérangent la Commission européenne, qui a lancé une enquête à leur encontre. Motif: les subventions chinoises diminuent artificiellement les prix des modèles exportés. Une guerre commerciale des VE se prépare-t-elle en Europe? Malgré les velléités géopolitiques, les investisseurs ne peuvent plus ignorer la montée en puissance des acteurs chinois. Le point avec Alec Lucas de Global-X.

Les ambitions chinoises

Les fleurons européens - Volkswagen, Mercedes-Benz – sont bien derrière Tesla et le constructeur chinois BYD, qui mène le marché mondial. Ce nouvel entrant a vendu davantage d’automobiles que la marque d’Elon Musk lors du dernier trimestre.

Le succès chinois s’explique par la volonté du gouvernement de développer et investir massivement dans l’écosystème autour des VH. En plus de la conquête du marché automobile avec de nouvelles marques telles que NIO, XPeng, Leapmotors et le rachat de l’anglais GM Motors, la Chine a la mainmise sur le segment lucratif des batteries électriques dont dépend les constructeurs européens. «Il en résulte que la technologie est normalisée en Chine grâce à une meilleure dynamique», relève Alec Lucas.

Les batteries constituent un second enjeu stratégique: la Chine est devenue la principale fournisseuse des constructeurs européens. Pour l’heure, elle produit 80% de ce type d’accumulateur et la société chinoise CATL domine le marché des batteries lithium-ion.

Si une guerre commerciale reste dans le domaine du possible, ce scénario semble cependant mitigé dans la mesure où l’Europe dépend de la Chine pour s’approvisionner en batteries de qualité.

La mainmise sur les ressources

L’avantage compétitif de la Chine réside dans l’extraction sur ses terres du graphite entrant dans la composition des batteries lithium-ion. Cette forme de carbone sert à faciliter le stockage et la libération d'énergie électrique au cours des cycles de charge et de décharge. Le graphite provient à 65% de Chine, et dans une moindre mesure du Mozambique et du Brésil.

Les ventes annuelles mondiales de batterie devraient passer de 10 millions en 2022 à 70 millions en 2035, entrainant une augmentation de la demande de graphite et de lithium. Ce métal provient en revanche principalement d’Australie, mais aussi de Chine. «L'Europe ne sera probablement pas en mesure de produire suffisamment de métaux pour soutenir son marché intérieur. Le secteur représente des opportunités pour les fournisseurs qui tentent de sécuriser les chaines logistiques», souligne Alec Lucas.

Vers une guerre commerciale?

Face à un marché intérieur en berne en raison d’une conjoncture difficile, la Chine ambitionne d’exporter ses modèles en Europe, notamment parce que le Vieux-Continent planifie d’interdire la vente des véhicules thermiques neufs à partir de 2035.

Cependant, la Commission européenne ne prendra pas le risque d’exposer son industrie automobile à une réédition de la débâcle des panneaux solaires, lorsque les matériaux bon marché venus de Chine ont pris de cours les entreprises européens.

Les efforts timorés de la Commission européenne suffiront-ils à freiner la concurrence chinoise? «Les tarifs pourraient augmenter en Europe, mais le Vieux-Continent se montrera vraisemblablement plus hospitaliser à l’encontre des importations chinoises que son homologue américain», répond Alec Lucas.

Si une guerre commerciale reste dans le domaine du possible, ce scénario semble cependant mitigé dans la mesure où l’Europe dépend de la Chine pour s’approvisionner en batteries de qualité, expliquant la cordialité de l’Europe au sujet du commerce avec la Chine. Sa taxe d’importation de 10% sur toutes les marques reste bien inférieure à celle pratiquée par les États-Unis de 27% (dont 2,5% sur n'importe quel véhicule et 25%  additionnels sur les modèles en provenance de Chine). «Déjà en mal avec les États-Unis, La Chine ne souhaite pas être en guerre avec deux continents à la fois», souligne Alec Lucas.

Les gagnants de demain

L’action de Tesla reste fluctuante, «pourtant la société d’Elon Musk a publié pour le 4e trimestre d’excellents résultats avec des livraisons record ! Nous ne sommes encore qu’au début de la phase d’adoption, mais lorsque la technologie sera mieux acceptée, le secteur deviendra moins volatil», commente le spécialiste.

La domination de Tesla dans les dix prochaines années n'est plus assurée: les investisseurs ne peuvent plus négliger le potentiel des constructeurs chinois, en plus des grands noms américains tels que Ford et GM qui se lancent aussi sur le marché de la mobilité électrique.

L’intégralité de la chaine logistique offre aussi de belles opportunités d’investissement, sans les incertitudes liées aux ventes de véhicules. GlobalX s’intéresse ainsi aux mines de Lithium. «Actif à l'échelle mondiale, Ganfeng Lithium est l'un des principaux producteurs ; de l’extraction, au raffinage et à la transformation du métal», explique Alec Lucas. Il apprécie également le chinois CATL. «Bien que cette dernière soit principalement connue comme l'un des plus grands fabricants de batteries au monde, elle est également impliquée dans la recherche et le développement de technologies liées au lithium.

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