BCE: une nouvelle hausse des taux de 50 points de base, voire 75, en septembre?

Ulrike Kastens, DWS

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Que ce soit les projections ou le discernement, le mandat de la Banque centrale européenne est massivement dépassé.

Après des années de léthargie, les décisions de la BCE en matière de relèvement des taux d'intérêt sont redevenues un sujet d'actualité. D'autant plus que le taux fédéral poursuit une voie claire, comme Jerome Powell l'a réitéré avec éclat à Jackson Hole. La Fed, bien qu'elle ait un double mandat, s'engage pleinement dans la lutte contre l'inflation et continuera à relever les taux directeurs, même si cela affecte gravement les marchés du travail.

Dans la zone euro, en revanche, de nombreux acteurs du marché s'attendent à ce que la BCE mette davantage l'accent sur l'évolution de l'économie, car les indicateurs économiques avancés actuels se sont détériorés et laissent présager une récession tout au moins légère dans les mois à venir. Par le passé, la réponse de la BCE à un environnement économique plus faible a toujours été une politique monétaire plus expansionniste. Cette fois-ci, nous pensons que c'est différent: la situation des prix s'est détériorée de façon spectaculaire. La hausse des prix du gaz et de l'électricité propulsera l'inflation dans la zone euro à plus de 10% en automne. Aujourd'hui déjà, l'inflation de la moitié des États membres dépasse les 10%. La tendance sous-jacente de l'inflation a déjà progressé, et ce malgré le fait qu'il n'y ait pas encore eu de fortes augmentations de salaires. Isabel Schnabel avait donc de bonnes raisons de tirer la sonnette d'alarme à Jackson Hole également et d'appeler à une politique monétaire plus restrictive.

Par conséquent, la BCE s'inquiète également de plus en plus du risque de voir les anticipations d'inflation s'emballer. Les nouvelles projections de croissance et d'inflation seront également présentées lors de la réunion. Il faut s'attendre à une importante révision à la hausse des prévisions d'inflation pour 2022 et 2023. La projection de 2,1% pour 2024 devrait également être revue à la hausse en raison de l'augmentation des coûts structurels (protection du climat, démographie). Face au niveau d'incertitude élevé, la BCE ne s'appuiera plus exclusivement sur les projections. Selon la présidente Lagarde, le diagnostic des banques centrales devrait jouer un rôle plus important. Que ce soit les projections ou le discernement, le mandat de la BCE est massivement dépassé. Nous nous attendons donc à ce que tous les taux directeurs soient relevés de 50, voire 75 points de base lors de la réunion du 8 septembre. D'autres mesures devraient suivre en octobre et en décembre. 

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