Alors qu’un Boris Johnson affaibli se bat pour survivre à Downing Street, le pays est aux prises avec une crise du coût de la vie et l'impact du Brexit.
Pourtant, l'économie britannique se trouve sur une trajectoire de reprise et continue à offrir d’intéressantes opportunités d'investissement.
Boris Johnson est-il capable de défier les lois de la gravité ? C’est l’impression qu’il a donnée en 2012, quand il s’est suspendu à une tyrolienne au-dessus du parc olympique. Aujourd'hui, cela paraît moins évident. Même si le Premier ministre a su faire bonne figure après la publication, le 31 janvier, d'un rapport très attendu – bien qu'abrégé – sur les fêtes organisées à Downing Street, d’autres accusations et enquêtes se sont accumulées en janvier. Sa crédibilité et sa confiance ont été affaiblies. Les progrès sur les questions essentielles, comme la lutte contre la pauvreté, le défi des énergies renouvelables et l'endiguement des périlleuses traversées de la Manche par les migrants, sont au point mort.
Peu importe le sort deM. Johnson, les principaux défis de la Grande-Bretagne restent l'économie et le Brexit. La crise du coût de la vie s'aggravera encore en avril, avec l’augmentation prévue de 50% des factures d'énergie et l’apparition de nouvelles taxes, qui mettront à rude épreuve la patience de la population. Les travailleurs gagnent déjà en moyenne un salaire réel inférieur à celui d'avant la crise financière mondiale. Aux prises avec un taux d’inflation de 5,4% en décembre, l'économie ouverte de la Grande-Bretagne demeure particulièrement vulnérable aux problèmes liés aux chaînes d'approvisionnement. Entre-temps, avec un baril de Brent excédant les 80 dollars, les prix à la pompe restent élevés. De plus, après des années de croissance, le commerce avec l'UE s'est effondré depuis le Brexit et l'Office de responsabilité budgétaire (OBR) estime que le total des importations et des exportations britanniques sera inférieur de 15% à ce qu'il aurait été si le pays était resté au sein de l'UE.
Pour autant, les perspectives économiques du Royaume-Uni sont loin d'être moroses. Le pays a signé une septantaine d’accords commerciaux et post-Brexit. Face aux défis du Brexit, la City de Londres fait preuve de résilience. Après l'une des récessions pandémiques les plus graves, la reprise au Royaume-Uni compte désormais parmi les plus rapides. Nous pensons que la croissance pourrait dépasser 5% cette année. La demande latente dans le secteur des services pourrait être un facteur important: en effet, bien qu'il ait baissé en janvier en raison des restrictions dues à Omicron, l'indice PMI des directeurs d'achat dans le secteur des services a été plus élevé que prévu, indiquant une solide expansion. La politique budgétaire du gouvernement continuera à soutenir la croissance. Dans le même temps, le marché du travail reste étonnamment vigoureux malgré la pandémie, avec un taux de chômage en baisse en décembre, à 4,1%, contre 3,8% avant la pandémie.
La résilience du marché du travail a été l'un des facteurs à l'origine de la première hausse des taux directeurs décidée par la Banque d'Angleterre en décembre, pour contrer l’inflation. Les marchés anticipent quatre hausses supplémentaires en 2022, ce qui porterait le taux directeur à 1,25% d'ici la fin de l'année. Les anticipations d'assouplissement monétaire à venir ont contribué à soutenir la livre sterling, qui a gagné du terrain tant contre le dollar que contre l'euro. Nous pensons qu'une forte divergence de politique monétaire avec l'Europe pourrait aider la livre sterling contre l'euro dans les mois à venir. Nous maintenons donc notre prévision d’un taux de change GBP/USD plus proche de 1,30.
Le Royaume-Uni demeure l'un des marchés boursiers les moins chers au monde, et nous maintenons une surpondération de 1,5% des actions britanniques dans les portefeuilles de nos clients. Après les sorties de capitaux post-Brexit, certains signes indiquent le début d’un possible changement. Un grand nombre de sociétés mondiales minières, pharmaceutiques et de biens de consommation du FTSE réalisent l’essentiel de leurs revenus en dehors des frontières du Royaume-Uni. L’indice est composé d’un plus grand nombre de titres de type «valeur» que de titres de croissance, y compris dans des secteurs tels que l'énergie, les matières premières, la santé et les banques que nous privilégions dans un environnement de hausse des taux. Dans ce contexte, le sort d'un seul homme politique reste secondaire.