Il n’est pas certain que les 11 participants au FOMC qui prévoyaient un taux terminal de 5,125% en mars aient changé d'avis.
Alors qu'un accord a été conclu sur le plafond de la dette américaine, de nombreux investisseurs tournent leur regard vers la Fed pour savoir si celle-ci relèvera à nouveau son taux directeur en juin ou en juillet. A l'heure où nous écrivons ces lignes, les futurs des fonds fédéraux anticipent une probabilité d'environ 60% d'une hausse de 25 points de base (pb) lors de la réunion de juin.
Nous avons toujours considéré que la Fed adopterait une position d'attente après la hausse de 25 pb en mai. Nous avons maintenu également que l'incertitude concernant l’orientation à court terme de la politique monétaire persisterait. Si la Fed devait probablement marquer une pause, elle émettrait aussi des signaux destinés à maintenir les marchés dans une certaine perspective de relèvement lors de sa prochaine réunion. La politique monétaire semble avoir une certaine logique et les conditions financières doivent rester strictes afin de réduire l'inflation à l’avenir.
A ce jour, le marché obligataire intègre désormais la perspective d'une nouvelle hausse, très probablement lors de la prochaine réunion les 13 et 14 juin, et notre mesure des conditions financières au sens large s'est resserrée pour revenir à son pic de la fin octobre 2022.
Trois données récentes ont coïncidé avec cette réévaluation des anticipations. Toutefois, nous pensons qu’elles n’auraient pas dû modifier sensiblement les perspectives américaines, pour plusieurs raisons:
- Rapport d'avril sur les ventes au détail aux Etats-Unis: les données sont solides, mais un facteur ponctuel qui a probablement contribué à cette vigueur, devrait s'inverser au cours du second semestre 2023.
- Rapport d'avril sur l'inflation au Royaume-Uni: ces données ont aussi été beaucoup plus fermes que prévu, mais l'inflation britannique est peu pertinente concernant la politique monétaire américaine, selon nous.
- Rapport d'avril sur les revenus et les dépenses aux Etats-Unis: la vigueur des dépenses réelles en avril (et donc la baisse du taux d'épargne) aurait pu être déduite des ventes au détail et des ventes d'automobiles publiées précédemment.
Une autre explication de l'évolution récente des prix des fonds fédéraux est la persistance d'une inflation élevée, alors que le marché du travail américain est resté solide.
Selon nous, il n’est pas certain que les 11 participants au FOMC qui prévoyaient un taux terminal de 5,125% en mars, aient changé d'avis. Nous continuons de penser que les risques de dégradation des perspectives de croissance aux Etats-Unis ont augmenté, depuis le stress du secteur bancaire en mars, car les freins économiques sont susceptibles de peser sur l'économie américaine et éventuellement de modérer l'inflation au cours des trimestres à venir.