Accords commerciaux et suspension des droits de douane: un soulagement, mais pas une guérison complète

Communiqué, Invesco

3 minutes de lecture

«Plus les droits de douane sont bas, moins l'économie est pénalisée», explique Paul Jackson d'Invesco.

Début avril, la vague de droits de douane imposée par l'administration Trump a secoué les marchés. Aujourd'hui, l'accord commercial conclu avec le Royaume-Uni et la «pause douanière» convenue entre les États-Unis et la Chine ont ravivé l'espoir que le choc du «Liberation Day» puisse être évité. Paul Jackson, responsable mondial de la recherche en allocation d'actifs au sein du Global Market Strategy Office d'Invesco, continue toutefois de penser que les droits de douane resteront plus élevés qu'au début de l'année, ce qui, selon lui, nuirait principalement à l'économie américaine et pourrait être préjudiciable aux actions américaines.

Dans la dernière édition de la publication d'Invesco intitulée «Uncommon Truths», l'expert d'Invesco présente ses estimations des effets maximaux de la première vague de droits de douane sur les prix à la consommation et le PIB américains selon différents scénarios. Ses calculs montrent que la mise en œuvre complète des «droits de douane réciproques» pourrait entraîner à court terme une hausse de l'indice des prix à la consommation pouvant atteindre 3,5% et une baisse du PIB d'environ 2,25%, ce qui entraînerait un risque réel de récession.

Ce danger immédiat semble pour l'instant écarté. L'accord conclu avec le Royaume-Uni et la trêve dans le conflit douanier avec la Chine laissent espérer que le gouvernement américain reviendra sur certains des éléments les plus perturbateurs de ses projets tarifaires, d'autant plus que le président Trump a également laissé entrevoir un accord possible avec l'UE.

Seul bémol: l'accord entre les États-Unis et la Chine prévoit certes que les deux pays suppriment complètement une partie des droits de douane qu'ils se sont mutuellement imposés et suspendent les autres pendant 90 jours, mais le taux combiné des droits de douane américains sur les importations chinoises reste à 30% et les surtaxes chinoises sur les importations en provenance des États-Unis à 10%. La suite après cette pause de 90 jours reste incertaine. Les deux gouvernements poursuivent toutefois leurs négociations et pourraient donc conclure un autre accord. En ce qui concerne l'accord commercial entre les États-Unis et le Royaume-Uni, les calculs de Jackson (basés sur les données de 2024) montrent qu'il couvrirait probablement au maximum 23% des exportations britanniques vers les États-Unis et 35% des exportations américaines vers le Royaume-Uni.

Du point de vue des marchés financiers, la valeur symbolique de ces accords pourrait toutefois être plus importante que les détails de ce qui a été convenu. «Ces accords semblent indiquer que les États-Unis sont prêts à trouver des moyens de maintenir les droits de douane en dessous du niveau annoncé le 2 avril», explique Jackson. «Et plus les États-Unis iront loin dans la suppression de ces droits de douane réciproques, moins l'économie américaine devrait en souffrir.»

Bien que des accords avec les États-Unis profiteraient à tous les pays concernés, ce sont les États-Unis eux-mêmes qui en tireraient le plus grand bénéfice, selon M. Jackson, et qui auraient le plus à perdre si aucun accord n'était conclu. Selon lui, des pays comme le Vietnam et le Cambodge, pour lesquels le commerce avec les États-Unis revêt une importance économique particulière, auraient beaucoup à gagner. La Chine est certes moins dépendante du marché américain, mais elle profiterait également beaucoup de la réduction des droits de douane extrêmement élevés imposés par les États-Unis sur les importations chinoises, auxquels elle a réagi par des mesures tout aussi draconiennes.

«Plus les droits de douane sont bas, moins l'économie est pénalisée», souligne l'expert d'Invesco. Il estime toutefois peu probable que les États-Unis renoncent complètement à leurs projets douaniers. Les accords conclus avec la Chine et le Royaume-Uni plaident plutôt en faveur d'un taux de douane de base permanent de 10%. M. Jackson estime qu'un taux de douane uniforme de 10% entraînerait toujours une hausse de 0,9% de l'indice des prix à la consommation américain et pourrait réduire le PIB américain de 0,6%. Toutefois, en raison des droits de douane initialement très élevés sur les produits chinois et de l'incertitude qui règne depuis plusieurs semaines, les dommages latents pourraient déjà être plus importants.

Un coup d'œil sur la performance des marchés boursiers depuis le début de l'année – en dollars américains afin de tenir compte des effets des fluctuations monétaires – montre que le marché américain a davantage souffert que les autres marchés. L'Allemagne, le Royaume-Uni et l'UE ont profité des plans de relance annoncés pendant cette période. Selon M. Jackson, les dommages potentiels pour l'économie pourraient être encore plus importants que ne le laisse supposer la baisse des cours sur le marché boursier américain, surtout si les droits de douane sur les importations chinoises sont fixés à 40% ou plus après la pause de 90 jours.

Selon lui, les marchés financiers ne reflètent que partiellement les changements importants intervenus depuis le début de l'année. Après la panique initiale déclenchée par les annonces de Donald Trump le 2 avril, les marchés semblent avoir apaisé leurs inquiétudes à cet égard: de nombreux marchés boursiers ont enregistré une nette reprise au cours du mois dernier. Dans ce contexte, M. Jackson estime qu'il est prématuré d'augmenter la pondération des actions américaines, qui ont selon lui démarré l'année à des niveaux de valorisation très élevés. Dans son modèle d'allocation d'actifs, le marché américain reste donc sous-pondéré au profit de l'Europe, de la Chine et des marchés émergents. Le dollar américain, que M. Jackson juge également cher, reste sous-pondéré.

A lire aussi...