2025: trois grandes régions et trois challenges très différents

Valentin Aufrand, IG Bank

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Les marchés seront partagés entre la seconde présidence Trump aux USA, les nombreuses crises politiques en Europe et les tant attendues mesures de soutien à la consommation en Chine.

L'année 2025 n’a pas encore commencé, mais les rendez-vous sont déjà nombreux pour l’année prochaine.

USA: La présidence de Trump sera au centre des attentions

Au-delà des données sur l'emploi et l'inflation, le catalyseur le plus important pour les marchés en 2025 sera la présidence de Trump. Bénéficiant d’une plus grande expérience, d'un plus fort soutien populaire et d'une majorité dans les deux chambres, Trump devrait être en mesure de faire passer une grande partie de son programme, mais les propositions les plus extrêmes devraient se heurter à la résistance des républicains modérés.

Certaines de ses promesses de campagne ont de profondes implications pour l’économie, comme par exemple les tarifs douaniers généralisés, la déportation d’immigrés illégaux, la déréglementation ou encore la réduction de la dépense publique.

Des droits de douane généralisés augmenteraient les prix à l’importation, ce qui pénaliserait les entreprises américaines qui fabriquent à l’étranger. Alors que les droits de douane augmentent généralement les prix des biens importés, la perte de pouvoir d'achat des consommateurs qui en résulte à court terme pourrait exercer des pressions déflationnistes sur d'autres biens et services. L'impact global sur l'inflation est donc incertain. De même, l'expulsion des immigrés illégaux réduirait la main-d'œuvre dans des secteurs clés tels que l'agriculture, la construction et l'hôtellerie. Bien que cela puisse entraîner une hausse des coûts de production, cela pourrait également diminuer la demande de logements, de sorte que l'effet net sur l'inflation reste ambigu.

Beaucoup s’inquiètent des pressions inflationnistes que pourraient générer la politique de Trump, mais étant donné qu’il a capitalisé sur la forte inflation lors du mandat de Biden/Harris pour remporter les élections, il paraît peu probable que son administration mette en œuvre des politiques qui créeraient des pressions inflationnistes importantes.

La déréglementation du secteur financier serait évidemment une excellente nouvelle pour les banques, en particulier les banques régionales qui ne bénéficient pas des mêmes économies d’échelles que les plus grandes banques. Quant à la réduction de la dépense publique par Elon Musk et Vivek Ramaswamy, cela devrait ralentir la croissance, mais également l’inflation et représente une menace pour les entreprises dépendantes des commandes fédérales comme l’armement, la santé ou encore les infrastructures.

Europe: Tous les regards seront portés sur l’évolution des crises politiques

En Europe, les principaux catalyseurs en 2025 devraient surtout être axé sur la politique avec les élections allemandes, la guerre en Ukraine et l’instabilité en France.

Les élections allemandes de février pourraient souffler un vent d’espoir sur le Vieux Continent. L’alliance CDU/CSU, en tête des sondages, pourrait mettre en œuvre des réformes importantes, notamment un assouplissement du frein constitutionnel à l'endettement - une mesure qui limite le déficit structurel à 0,35 % du PIB allemand. Cet ajustement, préconisé depuis 2022 par la Bundesbank, permettrait non seulement de stimuler la croissance économique, mais aussi de réduire l'important excédent commercial de l'Allemagne, et donc le risque de tensions commerciales avec l'administration Trump.

La situation en Ukraine pourrait également contribuer à améliorer significativement le sentiment sur l'Europe, car Trump a affirmé qu'il mettrait fin à la guerre «dans les 24 premières heures de son mandat». Un accord de paix contribuerait à stabiliser les prix de l'énergie et abaisserait la prime de risque sur les actifs européens et l'euro.

En France, l'instabilité politique va probablement persister au moins jusqu'à ce que Macron puisse dissoudre à nouveau l'Assemblée en juillet. Si cette instabilité ne devrait avoir qu'un impact limité sur l'économie française, l’incertitude augmente la prime de risque sur les actifs français.

Chine: Des mesures de soutien à la consommation sont désespérément attendues

En Chine, des nouvelles mesures de relance seront suivies de près par les marchés. Si toute forme de relance est susceptible de stimuler le sentiment des marchés à court terme, des initiatives visant spécifiquement à soutenir la consommation intérieure sont nécessaires pour rééquilibrer l’économie chinoise.

L'importante surcapacité manufacturière de la Chine, qui se traduit par une déflation depuis deux ans et un gigantesque excédent commercial, souligne l'urgence de ce changement. En favorisant la croissance de la consommation vis-à-vis de la production, la Chine pourrait contrer les pressions déflationnistes tout en apaisant les tensions commerciales. Ce changement profiterait aux industries tournées vers la consommation, telles que la technologie, le commerce de détail et les services.

Bien que de telles mesures soient clairement justifiées et nécessaires pour éviter que la crise économique du pays s’accentue, Pékin s'est jusqu’à maintenant montré réticent à apporter un soutien direct aux ménages. Le président Xi Jinping a publiquement exprimé sa crainte que de telles politiques ne favorisent la complaisance des citoyens…

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