Les nouvelles accusations à son encontre concernent la dissimulation de revenus sur trois années de plus, pour un montant de 31 millions d’euros.
Le parquet de Tokyo va requérir un nouveau mandat d’arrêt contre Carlos Ghosn, sur de nouveaux soupçons de minoration de revenus, assurent les médias japonais mercredi, des charges que l’intéressé nie et qui n’ont toujours pas été transmises à Renault.
Le CEO du constructeur automobile français, démis de ses fonctions de président des conseils d’administration de Nissan et Mitsubishi Motors après son interpellation à Tokyo le 19 novembre, est en garde à vue depuis pour avoir, selon les enquêteurs japonais, dissimulé aux autorités boursières environ 5 milliards de yens (38 millions d’euros) de revenus sur cinq années.
Les nouvelles accusations à son encontre, qui justifient selon la presse de relancer une procédure de garde à vue pouvant durer 22 jours à partir de lundi 10 décembre, concernent la dissimulation de revenus sur trois années de plus, pour un montant de 4 milliards de yens (31 millions d’euros).
Les investigations pourraient aussi ultérieurement être étendues à d’autres motifs, Nissan reprochant à son ancien sauveur d’avoir commis des abus de biens sociaux, tels que l’usage de résidences de luxe aux frais du groupe.
M. Ghosn continue de nier toutes les charges contre lui.
Chez Renault, où des nouvelles de l’intéressé parviennent par l’intermédiaire des avocats et du corps diplomatique, on assure qu’il est prêt à se défendre. «Il est dans un état d’esprit vaillant et combatif», indique-t-on au siège de Boulogne-Billancourt. «Des messages de soutien, de respect et même d’affection», lui ont été adressés par la direction.
Cependant, mercredi, le constructeur français, qui possède 43% de Nissan, n’avait toujours pas pu obtenir du partenaire japonais les éléments de son enquête interne transmis à la justice japonaise.
Selon une source proche de l’entreprise, le partenaire japonais a proposé de communiquer une synthèse sous forme de «slides», mais Renault réclame une transmission d’avocat à avocat de la totalité des pièces à charge.
Au sein du groupe français, on assure respecter les procédures en cours et la justice japonaise, mais on ne comprend toujours pas comment le patron aurait pu dissimuler des revenus.
«On respecte l’état de droit et la présomption d’innocence», confie un responsable. Mais la stupeur des premiers jours est toujours présente. «Les trois entreprises (Renault, Nissan et Mitsubishi) ont vécu un traumatisme et plus les jours passent, plus la stupeur monte», ajoute-t-il.
Chez Renault, on assure par ailleurs que l’entreprise continue de travailler «normalement» avec Nissan et Mitsubishi au sein de l’alliance franco-japonaise. Le directeur général délégué, Thierry Bolloré, qui assure l’intérim de M. Ghosn, connaît très bien le dirigeant de Nissan, Hiroto Saikawa, avec qui il travaille quotidiennement depuis cinq ans.
Selon une source proche du dossier, il était prévu avant le début du scandale que M. Bolloré, dauphin désigné en février dernier, succède formellement à M. Ghosn à la tête de Renault en février prochain. Sa priorité reste en tout cas le renforcement de l’alliance.
Au Japon, le parquet s’est de son côté défendu face à certaines critiques sur la longueur de la procédure judiciaire et les conditions de détention venues de l’étranger.
«Chaque pays a sa propre histoire, sa propre tradition, son propre système judiciaire. Je ne critique pas les législations des autres pays juste parce qu’elles sont différentes, et je trouve malvenu de le faire», a déclaré Shin Kukimoto, procureur adjoint de Tokyo, à l’occasion d’une conférence de presse.
«Nous ne gardons pas les suspects en garde en vue prolongée si ce n’est pas nécessaire», a-t-il martelé.
Loin de son style de vie naguère fastueux, Carlos Ghosn séjourne à présent dans une cellule d’un établissement pénitentiaire du nord de Tokyo. Ses avocats ne peuvent assister aux auditions et les visites sont très limitées.