USA/dette: toujours pas de percée à J-7 d’une possible banqueroute

AWP

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Malgré des jours et des nuits de discussions, les équipes du président américain et les négociateurs du camp républicain n’ont pas encore trouvé de compromis budgétaire.

Un risque de banqueroute... et des vacances parlementaires: à une semaine d’un possible défaut de paiement des Etats-Unis, les élus du Congrès ont regagné jeudi leurs circonscriptions, faute d’un accord avec le président Biden sur le relèvement du plafond de la dette.

Malgré des jours et des nuits de discussions, les équipes du dirigeant démocrate et les négociateurs du camp républicain n’ont pas encore trouvé de compromis budgétaire.

Mais ces négociations sont «productives», a assuré jeudi la porte-parole de l’exécutif, Karine Jean-Pierre, y voyant une preuve qu’il existait «une voie à suivre» vers un accord.

«Chaque camp va devoir comprendre que personne n’aura tout ce qu’il voulait», a-t-elle ajouté.

Et le président Joe Biden s’est montré optimiste, assurant qu’il n’y aurait «pas de défaut».

Sans accord, les Etats-Unis pourraient pourtant bien se retrouver dès le 1er juin en défaut de paiement, c’est-à-dire incapables d’honorer leurs engagements financiers, qu’il s’agisse de salaires, de retraites, ou de remboursements à leurs créanciers.

Coupes budgétaires

Comme toutes les grandes économies ou presque, les Etats-Unis vivent à crédit. Mais, c’est une particularité américaine, il est de la prérogative du Congrès de voter pour relever le montant maximal de la dette publique que la première économie mondiale est autorisée à accumuler, fixé actuellement à quelque 31.000 milliards de dollars.

Les républicains refusent cette fois-ci de relever ce fameux «plafond» sans conditions, exigeant des coupes budgétaires drastiques avant de donner leur feu vert. Les démocrates refusent. Et chaque camp accuse l’autre d’être responsable de cette situation.

Principal protagoniste républicain dans ce dossier, Kevin McCarthy, use et abuse d’une allégorie comparant les démocrates à un enfant dépassant allègrement le plafond de sa carte de crédit. «Au bout d’un moment, continuez-vous ainsi ou cherchez-vous à changer son comportement?», lance-t-il très régulièrement à la presse.

Le président américain avait initialement tout simplement exclu de discuter sous la menace d’une banqueroute.

Il a finalement fait à son adversaire républicain Kevin McCarthy, patron de la Chambre des représentants, plusieurs propositions pour alléger la facture de l’Etat fédéral, sans que cela ne suffise.

«Fabriquée de toutes pièces»

Une ambiance singulière règne à Washington: à quelques jours d’un défaut potentiellement catastrophique, la plupart des observateurs semblent confiants, certains qu’un accord sera trouvé.

Faute de percée majeure dans les négociations, les élus du Congrès ont ainsi quitté la capitale américaine à l’approche du long week-end férié de «Memorial Day».

Le patron de la Chambre des représentants a toutefois exigé qu’ils soient disposés à rentrer à Washington en urgence si un accord venait à être trouvé en leur absence.

Il est de fait très courant que des compromis de dernière minute soient conclus sur ce type de dossier.

Le monde économique a montré ses premiers signes de frémissement. L’agence de notation Fitch a émis mercredi un avertissement plaçant «sous surveillance» la note AAA des Etats-Unis.

Le Trésor américain a dénoncé jeudi une «crise fabriquée de toutes pièces», fustigeant le refus de conservateurs au Congrès de voter pour relever le plafond de la dette, manoeuvre indispensable pour éviter une banqueroute.

Cette situation inédite, aurait des conséquences potentiellement catastrophiques pour l’économie américaine, et mondiale.

Pour la première fois, des porteurs de bons du Trésor américains, le placement roi de la finance mondiale, ne pourraient plus récupérer leur mise.

Et les répercussions dépasseraient le monde économique. Il y aurait également «des conséquences sur la sécurité nationale», a prévenu jeudi le chef d’état-major américain, le général Mark Milley.

Le «paiement des troupes», «les systèmes d’armement, les contrats, tout cela serait perturbé», a-t-il dit, jugeant que cela nuirait à «la préparation, aux capacités et au moral» de l’armée.

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