USA/dette: Joe Biden reçoit l’opposition, la sortie de crise semble loin

AWP

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«Clairement, l’écart est immense entre la position du président et celle des républicains», a souligné lundi la secrétaire au Trésor Janet Yellen.

Joe Biden reçoit mardi des ténors de l’opposition républicaine, sans grand espoir toutefois de dénouer un conflit sur la dette publique, qui pourrait, dans le pire des cas, acculer les Etats-Unis à la faillite.

Le président américain a convié dans le Bureau ovale, à 16h00 locales (22h00 HEC), les représentants des partis démocrate et républicain à la Chambre des représentants et au Sénat.

La confrontation elle-même a peu de chances de déboucher sur un accord pour relever le «plafond de la dette», une manoeuvre législative indispensable pour que la première économie mondiale puisse continuer de payer ses factures, ses fonctionnaires et ses créanciers.

«Clairement, l’écart est immense entre la position du président et celle des républicains», a souligné sobrement lundi la secrétaire au Trésor, Janet Yellen, qui, selon une source proche du dossier, s’est entretenue de la situation avec des patrons américains.

«Les républicains de la Chambre (des représentants) sont en train de fabriquer une crise de toutes pièces», a fustigé le même jour la porte-parole de la Maison Blanche Karine Jean-Pierre, en les appelant à relever «sans conditions» ce fameux plafond d’endettement.

Hors de question pour les républicains, qui conditionnent leur accord à des coupes budgétaires.

«Nous ne voterons pas pour un texte qui augmente le plafond d’endettement sans réformes substantielles du budget et des dépenses publiques», ont affirmé ce week-end une quarantaine de sénateurs conservateurs.

Cette impasse politique, si elle n’est pas complètement inédite - républicains et démocrates s’étaient déjà livrés des joutes semblables pendant la présidence de Barack Obama - n’en suscite pas moins la fébrilité des marchés.

Wall Street a ouvert en baisse mardi et la société d’analyse Oxford Economics signale dans une note que les investisseurs «boudent la dette américaine arrivant à échéance en juin, juillet et août». Certains titres appelés «Credit Default Swaps», qui sont des assurances contre un risque de défaut, s’échangent à des niveaux historiquement élevés, un indicateur de plus de l’inquiétude du monde de la finance.

31’000 milliards

Pour lever la menace d’un défaut de paiement, qui serait du jamais-vu, Joe Biden a besoin de convaincre une partie des sénateurs républicains, faute de majorité suffisante à la chambre haute.

Il lui faut surtout trouver un terrain d’entente avec celui qui préside la Chambre des représentants, passée sous pavillon républicain en janvier: Kevin McCarthy, l’invité le plus en vue mardi.

Le président démocrate et le chef républicain jouent gros: la crédibilité de la plus lourde dette du monde, mais aussi leur crédit politique.

Le premier, à 80 ans, est candidat à sa réélection et n’arrive pas à faire décoller sa faible cote de popularité. Le second, élu difficilement à la tête de la chambre basse par une mince majorité, doit consolider sa position.

Les Américains, eux, n’ont guère envie de prendre parti dans ce bras de fer politico-budgétaire. Un sondage Gallup tout juste sorti montre qu’en matière économique, ils ne sont que 35% à avoir confiance dans Joe Biden, et 38% dans la direction du parti républicain.

Le plafond de la dette est jusqu’ici fixé à quelque 31’000 milliards de dollars - le record de toutes les dettes souveraines dans le monde en valeur absolue. Ce montant a été atteint à la mi-janvier mais le gouvernement fédéral a jusqu’ici géré la situation par des manoeuvres comptables.

Si l’impasse se poursuit après le 1er juin, selon l’administration, les Etats-Unis se trouveraient non seulement dans l’incapacité de payer factures et salaires, mais aussi de rembourser leurs créanciers.

Pour la première fois, des porteurs de bons du Trésor américains, le placement roi de la finance mondiale, ne pourraient plus récupérer leur mise.

Alors, la Maison Blanche l’assure, finie la reprise robuste dont le président américain s’attribue le mérite: les marchés s’effondreraient, la récession serait historique et le chômage flamberait brutalement aux Etats-Unis - avec des conséquences sur toute l’économie mondiale.

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