USA: les consommateurs ressortent mais s’inquiètent de l’inflation

AWP

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Les ventes au détail reculent de 1,3% en mai sur un mois, alors que les analystes tablaient sur une baisse de seulement 0,6%.

La pandémie semble n’être plus qu’un mauvais souvenir pour les consommateurs américains, mais les difficultés d’approvisionnement et la hausse des prix empêchent l’économie de repartir à plein régime, un sujet qui devrait être au coeur de la réunion de la Réserve dédérale (Fed) mardi et mercredi.

Les ventes au détail ont reculé en mai, pour la première fois depuis février. Le montant total s’est élevé à 620,2 milliards de dollars en mai, soit 1,3% de moins qu’en avril, selon les données publiées mardi par le département du Commerce. Cette baisse est bien plus forte que prévu par les analystes (-0,6%).

En cause notamment, les ventes de voitures neuves qui baissent (-3,7%), puisque les fabricants sont contraints par la pénurie mondiale de semi-conducteurs à ralentir la cadence, malgré une demande toujours très élevée.

La vie a repris aux Etats-Unis, le temps estival aidant, et maintenant que près de la moitié de la population est totalement vaccinée.

Mais les secteurs qui avaient brillé pendant la crise sont désormais boudés par les consommateurs: les ventes sont en baisse pour l’ameublement de la maison (-2,1%), l’électroménager (-3,4%), le jardinage et les matériaux de construction (-5,9%).

A l’inverse, les bars et restaurants retrouvent leur clientèle (+1,8%), après avoir particulièrement souffert depuis un an.

Et maintenant que les consommateurs américains sortent de nouveau de chez eux, ils ont également besoin de renouveler leur garde-robe: les magasins de vêtements et accessoires ont vu leurs ventes grimper de 3%.

Les ventes au détail devraient connaître des mois difficiles, ce qui ne doit «pas être considéré comme un signe de méfiance des ménages mais plutôt un signe que les consommateurs vaccinés réorientent leurs dépenses vers les services», souligne Lydia Boussour, analyste pour Oxford Economics, dans une note.

En effet, voyages, concerts, loisirs ... Les services qui, avec la réouverture, captent une part de plus en plus importante de l’argent des ménages américains, ne sont pas comptés dans ces chiffres.

Inquiétudes pour le pouvoir d’achat

Par ailleurs, avertit Mme Boussour, «les prix des biens ont pesé sur les attitudes d’achat des consommateurs».

Les ménages américains s’inquiètent en effet pour leur pouvoir d’achat, car les prix grimpent.

Les prix de vente des produits fabriqués aux Etats-Unis et des services fournis par des entreprises américaines ont d’ailleurs atteint en mai un record, selon l’indice PPI publié mardi par le département du Travail.

La hausse des prix a été en mai la plus forte depuis 13 ans, +5% sur un an, selon l’indice CPI. La Fed utilise une autre mesure de l’inflation, l’indice PCE, qui a connu en avril sa plus forte accélération depuis 2007, +3,6% sur un an.

Le risque posé par l’inflation va sans aucun doute être discuté lors de la réunion du Comité monétaire de la Banque centrale américaine (Fed), qui a débuté mardi matin et s’achèvera mercredi midi.

L’institution monétaire a jusqu’à présent martelé que la hausse des prix est temporaire, anticipant une inflation autour de 2%, son objectif, à partir de 2022. Mais les inquiétudes persistent, et ses commentaires sur le sujet sont très attendus.

Les responsables de la Fed veulent aussi, avant d’agir, que le pays ait retrouvé le plein emploi. Car si le taux de chômage est tombé à 5,8%, il reste très loin des 3,5% d’avant la crise, et il manque encore 7,6 millions d’emplois par rapport à cette période.

Aucun changement n’est donc attendu, tant pour les taux directeurs qui devraient demeurer encore un moment dans la fourchette de 0 à 0,25%, que pour les achats d’actifs dont le rythme devrait être maintenu.

Mais les responsables de l’institution monétaire de Washington pourraient donner des indications sur le moment auquel ils envisagent de réduire le soutien de la Fed à l’économie.

Ils publieront également des prévisions économiques -- croissance et emploi-- probablement améliorées. Ils donneront également leur dernière projection d’inflation qui sera scrutée par les économistes.

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