USA: le taux d'emprunt à 10 ans dépasse le seuil de 3,05%

AWP

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Le taux de rendement sur les bons du Trésor à 10 ans poursuivait sa hausse en cours de séance et culminait vers 18h00 GMT à 3,08%.

Le taux d’emprunt de la dette américaine à 10 ans a franchi mardi un plus haut depuis juillet 2011, traduisant les craintes de hausses de l’inflation et de taux d’intérêt de la banque centrale américaine.

Le taux de rendement sur les bons du Trésor à 10 ans, la maturité de la dette américaine la plus surveillée par les marchés, a dépassé le seuil symbolique de 3,05% vers 12h50 GMT, au plus haut depuis juillet 2011.

Il poursuivait sa hausse en cours de séance et culminait vers 18h00 GMT à 3,08%.

«Cette progression reflète les attentes de hausses de taux régulières de la banque centrale américaine (Fed) en raison d’une progression de l’inflation et d’amélioration des perspectives de croissance économique au deuxième trimestre», a réagi Karl Haeling, vice-président au sein de la banque LBBW.

Mardi, la publication d’indicateurs économiques plutôt favorables sur les ventes au détail et l’activité manufacturière dans la région de New York ont encore poussé les taux, ont observé les analystes de Charles Schwab.

Quatre hausses de taux

L’indice des prix à la consommation publié jeudi dernier s’est affiché en hausse de 2,5% sur un an et à 2,1% hors aliments et énergie, soit assez proche de la cible d’inflation de la Fed, autour de 2%.

Alimentant également l’inflation, les cours du pétrole ont poursuivi leur hausse en mai, le baril de brut coté à New-York prenant 6% depuis le début du mois.

«La nouveauté depuis quelques jours c’est que désormais les courtiers parient à plus de 50% sur quatre hausses de la Fed cette année au lieu de trois», affirme Nicholas Colas, co-fondateur de la société d’analyse DataTrek.

«C’est un changement qui semble anodin mais il a beaucoup d’importance», affirme-t-il.

Pour éviter une surchauffe de l’économie américaine et endiguer les risques d’inflation incontrôlée, la Fed est actuellement engagée dans un processus de hausses de taux d’intérêt.

Les spéculations des courtiers pour 2018 évoluent entre trois et quatre hausses de taux. Ceux-ci sont actuellement dans une fourchette comprise entre 1,50% à 1,75% après une première hausse cette année en mars.

Les taux de rendement sur les bons du Trésor américains évoluent parallèlement à ces hausses de taux.

«La Fed a la meilleure vision du marché. Si elle s’inquiète de l’avancée de l’inflation au point d’imposer une quatrième hausse de taux, alors le marché obligataire doit s’en inquiéter» indique M. Colas.

Arbitrage avec les actions

La tension actuellement observée sur les taux d’intérêt de la dette américaine est également le fruit de l’objectif élevé des émissions de dette par l’administration américaine.

«Pour écouler de plus en plus de bons du Trésor sur le marché, l’administration doit offrir davantage», affirme M. Colas, ajoutant qu’»il va falloir s’y habituer dans la mesure où la hausse des émissions est prévue pour durer plusieurs années.»

Alors que les observateurs du marché prévoient une poursuite de la hausse du taux à 10 ans, certains au-delà de 3,5%, l’avancée des rendements pourrait affecter le marché des actions dans la mesure où, tout en offrant très peu de risque, le marché obligataire offre des rendements de plus en plus élevés.

A cet égard, la séance de mardi à Wall Street représentait «la première fois que la hausse des taux sembl(ait) avoir un impact significatif sur les indices boursiers» a commenté M. Haeling.

«Les investisseurs en actions semblent regarder de plus en plus du côté des bons du Trésor», a-t-il estimé.

MM. Colas et Haeling s’accordent toutefois à penser que l’arbitrage entre marché des actions et marché obligataire se ressent davantage sur le taux à deux ans, offrant une alternative de court terme aux investisseurs inquiets de l’évolution parfois erratique des marchés boursiers ces derniers temps.

«Nos clients nous disent qu’ils pensent à investir sur la dette à deux ans qui offre un rendement autour de 2,5%. Ainsi ils ne perdent pas d’argent et obtiennent un taux supérieur à l’inflation», indique M. Colas.

Mardi, le taux de rendement sur la dette à deux ans se tendait à 2,577% contre 2,548% la veille à la clôture.