Les minutes de la dernière réunion monétaire démontrent la volonté de donner un coup de pouce à la croissance.
Inquiète du ralentissement économique causé par la pandémie de COVID-19 et de l’absence d’un nouveau plan de relance, la Banque centrale américaine (Fed) veut ajuster «assez rapidement» son programme de rachats d’actifs, afin de donner un coup de pouce à la croissance, selon des minutes de sa dernière réunion monétaire publiées mercredi.
«De nombreux participants (à cette réunion) ont jugé que le Comité (de politique monétaire) voudra peut-être améliorer ses orientations concernant les achats d’actifs assez rapidement», selon le compte-rendu de la réunion tenue les 4 et 5 novembre et ayant abouti au maintien des taux directeurs à quasiment zéro.
Ils ont estimé que «des ajustements immédiats du rythme et de la composition des rachats d’actifs n’étaient pas nécessaires», mais «que les circonstances pourraient changer justifiant de tels ajustements».
La réaction a été immédiate sur le marché obligataire américain: le taux à 10 ans sur les bons du Trésor reculait légèrement (-0,38%), s’établissant à 0,8766% vers 20H00 GMT.
La Fed rachète actuellement pour 120 milliards de dollars de bons du Trésor et de MBS (produits financiers adossés à des prêts immobiliers) par mois. Elle pourrait décider d’augmenter ces rachats actifs ou d’allonger la durée de maturation de ces obligations, d’après les experts.
Lors de la réunion des 4 et 5 novembre, tenue au lendemain de l’élection présidentielle, l’institution s’était posée en bouée de sauvetage de l’économie, assurant qu’elle était prête à ouvrir de nouveau, et autant que nécessaire, sa boîte à outils.
«Au cours des prochains mois, il pourrait être approprié que la Réserve fédérale augmente ses avoirs en bons du Trésor et en MBS au moins au rythme actuel pour maintenir le bon fonctionnement du marché et des conditions financières accommodantes, soutenant ainsi le flux de crédit vers les ménages et les entreprises», avait-elle estimé.
Cette réunion a aussi été l’occasion pour la puissante banque centrale d’alerter sur l’importance cruciale d’aider financièrement les ménages, entreprises et collectivités locales, renvoyant la balle dans le camp des politiques.
Les participants à cette réunion avaient ainsi relevé que la hausse des cas de COVID-19 qui commençait alors à se dessiner et a depuis grimpé à des niveaux record, constituait «un risque pour l’économie».
Par ailleurs, «quelques-uns» ont noté que la probabilité de plus en plus grande qu’aucun plan de relance ne soit trouvé au Congrès «augmentait les risques et ajoutait à l’incertitude sur les perspectives économiques».
«L’absence de soutien budgétaire supplémentaire devrait causer d’importantes difficultés pour nombre de ménages», est-il encore détaillé dans le compte-rendu de la réunion.
Mais le fait que des foyers ont pu épargner notamment grâce aux aides versées par le gouvernement fédéral devrait suffire pour «permettre à la consommation de se maintenir en grande partie jusqu’à la fin de l’année».
L’économie américaine, qui avait nettement rebondi au début de l’été lorsque l’activité économique avait commencé à reprendre, peine désormais à se maintenir à flot, et les économistes, dont le président de la Fed, Jerome Powell, mais aussi des chefs d’entreprises et de nombreux élus, préviennent depuis plusieurs mois sur la nécessité d’un nouveau plan de relance.
Les mesures qui avaient été adoptées dans le premier plan, en mars, arrivent en effet à expiration.
Le président élu Joe Biden, qui arrivera à la Maison Blanche le 20 janvier, a aussi insisté sur l’urgence de telles aides. Les élus du Congrès ont repris les discussions, mais l’issue est incertaine tant républicains et démocrates sont divisés sur le montant de l’enveloppe.