Sur les trois mois de mai à juin, la croissance du PIB s’est établie à 2,4%, contre 2,0% au premier trimestre, selon la première estimation du département du Commerce.
La croissance du PIB des Etats-Unis a déjoué les pronostics pessimistes, et s’est accélérée au deuxième trimestre, tirée notamment par les dépenses de consommation et la hausse des investissements. Elle semble pouvoir échapper à la récession cette année, mais les économistes sont divisés.
Sur les trois mois de mai à juin, la croissance du Produit intérieur brut (PIB) s’est établie à 2,4%, contre 2,0% au premier trimestre, selon la première estimation du département du Commerce, publiée jeudi.
Certains analystes tablaient sur une croissance de 2%, identique à celle du premier trimestre, selon le consensus de MarketWatch. D’autres anticipaient même un ralentissement, à 1,6%, selon Briefing.com.
Si l’on compare simplement au trimestre précédent, comme le font d’autres économies avancées, la croissance est de 0,6%.
Elle a été tirée notamment par la consommation, son habituel moteur de croissance, qui a cependant ralenti par rapport au premier trimestre. Les ménages américains ont dépensé plus d’argent pour leur loyer ou les soins de santé, et acheté plus de billets d’avion.
Les investissements ainsi que les dépenses de l’Etat et des administrations locales, ont également contribué à la croissance, détaille le département du Commerce dans son communiqué. En revanche, les achats immobiliers ont reculé, de même que les exportations.
Ces évolutions tiennent compte de l’inflation, ce qui signifie que la croissance n’est pas due à la hausse des prix.
Malgré l’inflation d’un côté, et les hausses de taux de la banque centrale de l’autre, la première économie du monde surprend par sa résilience.
Le PIB «a été plus fort que prévu», a souligné dans une note, Rubeela Farooqi, économiste pour High Frequency Economics. Et selon elle, les ménages «continuent de bénéficier d’une croissance positive de l’emploi et de la hausse des revenus réels (ce qui) devrait maintenir la croissance sur une trajectoire positive cette année».
La récession, qui semblait inéluctable il y a encore quelques mois, paraît même désormais pouvoir être évitée.
Les économistes de la Réserve fédérale (Fed) viennent de retirer ce risque de leurs prévisions économiques, anticipant seulement «un ralentissement notable de la croissance» en fin d’année, a indiqué mercredi le président de l’institution, Jerome Powell.
Le Fonds monétaire international (FMI) anticipe lui une croissance de 1,8% cette année.
Mais d’autres économistes se montrent plus pessimistes.
«L’économie évite encore la récession ce trimestre», relève ainsi Oren Klachkin, économiste pour Oxford Economics, qui anticipe «un ralentissement» au 3e trimestre, puis «de légères contractions» aux 4e et 1er trimestres.
«Les dépenses des consommateurs et des entreprises restent sur une bonne voie, mais nous pensons que ce n’est qu’une question de temps avant qu’elles ne ressentent l’impact des taux d’intérêt élevés et des conditions de prêt plus strictes», a-t-il précisé.
La croissance pâtit en effet de la forte hausse des prix, qui avait atteint un niveau jamais-vu depuis plus de 40 ans, réduisant le pouvoir d’achat des ménages, et restreignant donc la consommation.
L’inflation est cependant tombée en juin à son plus bas niveau depuis mars 2021, à 3,00% sur un an, selon l’indice CPI.
Pour ralentir cette hausse des prix, la banque centrale américaine (Fed) relève ses taux directeurs depuis mars 2022. En conséquence, les banques proposent des crédits à des taux plus élevés aux ménages et aux entreprises, moins enclins alors à consommer ou investir, ce qui pèse également sur l’économie.
La Fed a ainsi procédé mercredi à une 11e hausse, plaçant son principal taux directeur.
Son président a toutefois fait état d’un «équilibre entre les deux risques. Le risque d’en faire trop ou pas assez», entre inflation et récession, avec «des risques des deux côtés».
Le chômage reste toujours très bas, à 3,6% en juin.
En 2022, la croissance de l’économie américaine avait ralenti à 2,1%, après avoir connu en 2021 la plus forte croissance depuis 1984 (5,9%), et en 2020 le plus fort recul du PIB depuis 1946 (-3,5%) et deux mois de récession à cause du Covid-19.