La banque centrale américaine (Fed) devra être «méthodique et prudente» lorsque le moment sera venu de baisser les taux, a souligné mardi un responsable de l’institution, qui s’est dit «de plus en plus convaincu» que la baisse actuelle de l’inflation est durable.
«Lorsque le moment sera venu de commencer à baisser les taux, je pense que ceux-ci peuvent et doivent être abaissés de manière méthodique et prudente», a déclaré Christopher Waller, l’un des gouverneurs de la Réserve Fédérale, lors d’un discours à la Brookings Institution, à Washington.
«Avec une activité économique et un marché du travail en bonne santé, et une inflation qui descend progressivement à 2%, je ne vois aucune raison d’agir aussi vite ou de réduire aussi rapidement que par le passé», a-t-il détaillé.
«Si nous pensons que nous devons avancer plus rapidement, nous pourrions le faire. (...) L’essentiel est que nous ayons la flexibilité nécessaire pour être méthodiques et prudents», a-t-il ensuite commenté.
Les taux de la Fed sont, depuis le mois de juillet, compris dans une fourchette de 5,25 à 5,50%, leur plus haut niveau depuis plus de 20 ans.
«Les conditions financières restent restrictives et continuent d’avoir l’effet souhaité, de freiner l’activité économique et exercer une pression à la baisse sur l’inflation», a souligné M. Waller.
Il s’est dit «de plus en plus convaincu que nous sommes sur le point d’atteindre un niveau durable d’inflation PCE de 2%».
La mesure privilégiée par la banque centrale américaine (Fed), et qu’elle veut ramener à 2%, l’indice PCE, sera publiée le 26 janvier pour décembre. En novembre, elle était tombée au plus bas depuis début 2021, à 2,6% sur un an.
L’indice d’inflation CPI, sur lequel sont indexées les retraites, est reparti en hausse en décembre, à 3,4% sur un an.
Réduction du bilan
La prochaine réunion du comité de politique monétaire de la Fed, le FOMC, aura lieu les 30 et 31 janvier. Un maintien des taux est majoritairement attendu par les acteurs du marché, puis une première baisse lors de la réunion suivante, les 19 et 20 mars, selon l’évaluation de CME Group.
«Tant que l’inflation ne repart pas à la hausse et ne reste pas élevée, je pense que le FOMC sera en mesure d’abaisser (les taux) cette année», a encore précisé M. Waller, avertissant cependant que «le calendrier» et «le nombre (...) de réductions en 2024 dépendront des données à venir».
Il a également évoqué le ralentissement du rythme de réduction du bilan de la Fed: «je dirais qu’à un moment cette année, il sera raisonnable de commencer à y réfléchir».
Son bilan s’élève à près de 8 milliards de dollars.
La Fed avait en effet acheté à partir de mars 2020 des milliards de dollars de bons du Trésor et autres actifs, afin de permettre à l’économie de continuer à fonctionner malgré le Covid. Cela avait fait plus que doubler la taille de son bilan, frôlant les 9.000 milliards de dollars.
Elle avait commencé à s’en séparer en juin 2022, afin de permettre à l’inflation de baisser: elle ne rachète, depuis, plus de titres, et laisse les obligations arriver à échéance.
Avec une exception lors de la crise bancaire du printemps dernier: elle avait prêté plus de dix milliards de dollars aux banques, pour leur permettre d’honorer les demandes de retraits de leurs clients, et éviter la contagion après la faillite de la Silicon Valley Bank.