USA: croissance bien plus forte que prévu au premier trimestre

AWP

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L’expansion de la première économie mondiale s’est établie à 3,2% en rythme annuel de janvier à mars, alors que les analystes misaient sur 1,9%.

La croissance de l’économie américaine a démarré l’année sur les chapeaux de roue, dépassant au 1er trimestre les projections des analystes et de l’administration Trump elle-même, notamment grâce au commerce.

Selon une première estimation du département du Commerce publiée vendredi, l’expansion de la première économie mondiale s’est établie à 3,2% en rythme annuel de janvier à mars, alors que les analystes misaient sur 1,9% après 2,2% au 4e trimestre.

Face aux prévisions modestes des analystes, l’économiste en chef de la Maison Blanche Larry Kudlow avait assuré en début de semaine que la croissance du trimestre hivernal, en général plus faible que le reste de l’année, serait «proche de 3%».

C’est l’amélioration de la balance commerciale, alors que le gouvernement de Donald Trump est en plein bras de fer avec la Chine, qui a notamment tiré cette expansion du Produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis ainsi que d’importants investissements dans les stocks.

Sur le trimestre, les exportations ont progressé de 3,7% et les importations, qui représentent un coût pour le PIB, ont diminué d’autant permettant aux échanges commerciaux de contribuer pour plus d’un point à la croissance.

Les Etats-Unis et la Chine négocient âprement depuis le mois de janvier un accord commercial très large qui doit permettre de mettre fin à la guerre commerciale déclenchée par Donald Trump à coups de tarifs douaniers pour forcer Pékin à mettre fin à des pratiques jugées déloyales. L’hôte de la Maison Blanche a affirmé jeudi que le président chinois Xi viendrait «bientôt» à Washington.

De janvier à mars, les investissements des entreprises ont progressé de 2,7%, plus faiblement qu’au trimestre précédent, mais avec une avancée soutenue (+8,6%) pour les dépenses dans les droits de propriété intellectuelle comme les logiciels.

___ Poids des stocks

Les investissements dans les stocks ont aussi largement contribué à la croissance (0,65 point), un facteur à double tranchant cependant car les stocks qu’ont emmagasinés les entreprises pendant ce trimestre seront autant de marchandises qui ne seront pas produites dans les mois qui viennent.

Certains analystes préféraient ainsi mentionner le chiffre des «ventes finales» qui exclut les stocks et qui montre alors une croissance de 1,4% seulement, «la plus faible en plus de trois ans», notait Paul Ashworth de Capital Economics.

Plus conforme au profil habituel d’un début d’année hivernal, la consommation des ménages a marqué le pas, n’avançant que de 1,2% au lieu de 2,5% au dernier trimestre 2018.

C’est sa plus faible progression depuis le 1er trimestre 2018, alors que les dépenses de consommation constituent la plus importante partie du PIB américain.

Le ministère a en outre indiqué que la croissance aurait pu être supérieure de 0,3 point de pourcentage sans les séquelles de la fermeture des services administratifs («shutdown») intervenue à la fin de l’année dernière avec le bras de fer entre la Maison Blanche et les démocrates sur le financement d’un mur anti-immigration.

Les dépenses publiques ont aussi nettement contribué à l’expansion à travers une hausse de 4,1% des dépenses dans le secteur de la défense même si les investissements fédéraux ont stagné.

Le marché immobilier, lui, est toujours en berne, perdant 2,8% après déjà quatre trimestres dans le rouge.

Cette bonne performance du début d’année va conforter l’administration Trump dans son assurance qu’elle peut faire durablement progresser l’économie des Etats-Unis à une allure de 3%, voire plus cette année, après 2,9% en 2018.

Elle devrait en revanche faire réfléchir la Banque centrale américaine (Fed) qui tient une réunion monétaire mercredi et qui a instauré une pause provisoire dans les hausses des taux d’intérêt, s’attendant à un ralentissement de l’expansion américaine doublé d’une faible inflation.

Lundi, la publication d’un chiffre crucial pourrait doublement l’interpeller: celui de l’inflation pour avril à travers l’indice PCE, sa mesure favorite pour jauger la hausse des prix.

Comme l’a résumé Ian Shepherdson, économiste en chef de Pantheon Macroeconomics, «si l’économie continue sur cette lancée au 2e trimestre, la Fed va connaître un été difficile».

La Banque centrale est en effet sous la pression constante de la Maison Blanche pour garder des taux d’intérêt faibles, voire pour les abaisser ce qui est en général contre-indiqué en cas de vive croissance, de peur de faire resurgir l’inflation, ennemie numéro un de l’amélioration du niveau de vie.

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