Plusieurs sources diplomatiques européennes ont indiqué attendre désormais un feu vert de Londres, alors que les points les plus sensibles semblaient avoir été résolus.
Les négociateurs européens et britanniques ont travaillé jusqu’à la dernière minute avec l’espoir de présenter un accord sur le Brexit au sommet qui s’ouvre jeudi, au risque de faire passer au second plan le sujet brûlant de l’offensive turque en Syrie.
A quelques heures du Conseil, Londres et Bruxelles tentaient toujours d’arracher un accord pour éviter un divorce brutal entre le Royaume-Uni et l’UE à la fin du mois.
A l’issue d’une nouvelle longue journée de discussions, le négociateur de l’UE Michel Barnier a constaté mercredi soir de «bons progrès» mais indiqué que «le travail se poursuit».
Le travail effectué est «prometteur», selon une source européenne.
Plusieurs sources diplomatiques européennes ont indiqué mercredi soir attendre désormais un feu vert de Londres, alors que les points les plus sensibles semblaient avoir été résolus. A l’exception de la question de la TVA en Irlande du Nord, un sujet «pas négligeable», selon une des sources.
«Les discussions continuent à la fois ici et à Bruxelles, car il y a des obstacles qui subsistent à Bruxelles», a déclaré de son côté une source à Downing Street.
Le sommet de jeudi et vendredi est théoriquement le dernier avant le divorce entre Londres et l’UE, prévu le 31 octobre.
Les pourparlers ont porté sur plusieurs questions épineuses: la manière d’éviter le retour d’une frontière entre l’Irlande, membre de l’UE, et l’Irlande du Nord, partie du Royaume-Uni, afin de préserver la paix sur l’île tout en permettant des contrôles douaniers, le droit de regard accordé aux autorités nord-irlandaises sur l’accord de divorce, ou encore la relation future.
Echaudés par l’expérience de l’accord conclu avec Theresa May mais rejeté par le parlement britannique, les Européens s’inquiètent de savoir si le Premier ministre Boris Johnson peut trouver l’appui d’une majorité politique, y compris l’assentiment, essentiel, du parti unioniste nord-irlandais DUP.
Côté européen, on ne s’attendait pas à une finalisation de l’accord dans la nuit. Certains doutent à Bruxelles qu’un texte juridique abouti puisse être présenté aux dirigeants, a noté une source diplomatique, mais ceux-ci pourraient donner un accord politique pour qu’il soit finalisé dans les semaines à venir.
Les derniers développements sur le Brexit ont créé un flottement autour de l’organisation du sommet. Contrairement à l’habitude, le déroulé de la réunion n’avait toujours pas été publié, pas plus que la lettre d’invitation du président du Conseil européen Donald Tusk aux dirigeants.
Outre le Brexit, les chefs d’Etat et de gouvernement devraient évoquer la situation en Turquie et revenir en particulier sur la réponse européenne à l’offensive lancée en Syrie, selon des sources diplomatiques.
La Turquie viole le droit international et la souveraineté de Chypre avec ses forages illégaux et pose un risque pour sa sécurité de l’UE avec son opération militaire contre les milices kurdes dans le nord de la Syrie car elle compromet la lutte contre l’Etat islamique et risque de provoquer une nouvelle crise migratoire, accusent les Européens. Mais ils ne parviennent pas à faire plier le président Erdogan.
La présidence finlandaise a également annoncé que Donald Tusk souhaitait aborder la question de l’élargissement de l’UE à la Macédoine du Nord et l’Albanie.
Mardi, les ministres des Affaires européennes n’ont pas pu arriver à une décision unanime pour donner leur feu vert à l’ouverture des négociations d’adhésion.
«La discussion à Luxembourg a été difficile, celle au sommet sera encore plus dure», a prédit un diplomate européen qui évoque un «dilemme entre la nécessité de stabiliser les Balkans occidentaux et la fatigue de l’élargissement».
Une première discussion de fond sur le futur budget pluriannuel de l’UE pour la période 2021-2027 devrait mettre en lumière des positions de départ assez éloignées pour les 27 Etats membres à qui la Commission demande de mettre la main à la poche afin de compenser le départ du Royaume-Uni, contributeur net.
«Il est clair que l’on n’avance pas avec la rapidité souhaitable», a noté un diplomate européen.