Une séparation de l’UE sans accord fin décembre est de plus en plus probable pour le Royaume-Uni. Un scénario qui serait favorable à Berne.
Londres ne souhaite pas prolonger la phase transitoire après le Brexit. Une séparation sans accord de l’UE fin décembre est de plus en plus probable. Ce scénario pourrait aider la Suisse à se libérer de la prise d’otages dont elle est victime avec le Brexit.
Londres et Bruxelles avait jusqu’à mardi pour décider de prolonger d’un an ou deux la période transitoire. En coulisses mais jamais officiellement, la Suisse a toujours été liée au sort du Brexit. La situation britannique planait sur les discussions pour un accord institutionnel entre Berne et Bruxelles.
Pourtant, la Suisse et la Grande-Bretagne n’ont rien en commun. La première n’a jamais été membre de l’UE, alors que la seconde l’était. Les relations entre Berne et Bruxelles n’ont cessé de se développer, alors que la Grande-Bretagne veut quitter le bloc européen. La Suisse applique la libre circulation des personnes, alors que Londres souhaite s’en défaire.
Mais ces différences n’ont presque jamais été prises en considération à Bruxelles. Les craintes étaient trop importantes que si l’UE tendait la main à Berne, Londres exigerait la même attention pour elle.
Début 2019, une diplomate européenne avait affirmé à Keystone-ATS que la Suisse était «otage» du Brexit et le resterait encore en cas d’accord avec la Grande-Bretagne. A l’inverse, la Suisse pourrait se libérer de cette situation en cas de séparation sans arrangement ou avec peu de compromis entre Londres et l’UE. Un scénario qui n’est pas improbable.
Il y a quelques semaines déjà, le premier ministre britannique Boris Johnson avait laissé entendre à l’UE qu’il ne demanderait aucune prolongation du délai transitoire. Il ne voulait rien entendre non plus de l’offre européenne d’un accord commercial avec accès au marché intérieur sans douane ni tarifs. Car la Grande-Bretagne devrait alors appliquer les standards européens sur les questions sociales, environnementales et de consommation.
Autre problème, les deux parties se sont affrontées sur la pêche, le rôle de la Cour de justice de l’UE en cas de différend et l’échange de données dans les investigations policières. Devant autant d’obstacles, les discussions n’ont quasiment pas avancé, même si Londres et Bruxelles ont décidé de les intensifier ces deux prochaines semaines.
M. Johnson accélère depuis peu la cadence et souhaite qu’un accord dans ses grandes lignes soit atteint dès cet été. L’économie britannique a besoin de clarté aussi rapidement que possible; un compromis seulement à l’automne est «beaucoup trop tardif», selon le premier ministre.
Comme le temps presse, seul un accord sur les composantes les plus importantes devrait aboutir d’ici fin décembre. Le reste devrait être réglé plus tard, dont l’accès au marché intérieur avec un accord sur les prestations financières, souhaité par Londres.
Côté suisse, la situation est totalement différente. Les accords bilatéraux règlent notamment la question de l’accès au marché intérieur. Un rejet de l’initiative de limitation en septembre prochain serait considéré comme une reconnaissance de cette approche.
Les discussions sur l’accord institutionnel reviendraient alors au menu après la votation populaire. Ce scénario permettrait à nouveau aux diplomates suisses de relever les différences entre la Suisse et la Grande-Bretagne.