Le 24 février 2022, le président russe Vladimir Poutine lâchait ses troupes sur l’Ukraine, pour ce qui était censé être une opération-éclair.
La bataille fait rage pour le contrôle de Bakhmout, dans l’est de l’Ukraine, le président ukrainien Volodymyr Zelensky accusant la Russie d’envoyer massivement ses hommes à une mort certaine dans le seul but de s’emparer de cette localité symbolique.
En Russie, l’armée a de son côté rapporté avoir abattu plusieurs drones ukrainiens qui visaient des infrastructures civiles, sans faire de dégâts. Pour la première fois, l’un d’entre eux s’est écrasé dans la région de Moscou.
Dans la soirée de mardi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, lors de son allocution quotidienne, a déclaré que «les plus grandes difficultés, comme auparavant, sont à Bakhmout (...) La Russie ne compte pas du tout ses hommes, les envoyant constamment à l’assaut de nos positions. L’intensité des combats ne fait qu’augmenter».
Malgré une importance stratégique contestée par les experts, Bakhmout est devenue un symbole de la lutte pour le contrôle de la région industrielle du Donbass. M. Zelensky, qui s’était rendu sur place en décembre, avait juré de défendre cette ville-forteresse «aussi longtemps que possible».
«La situation aux alentours de Bakhmout est extrêmement tendue», avait constaté plus tôt dans la journée le commandant des forces terrestres ukrainiennes, Oleksandre Syrsky, cité par le centre de presse officiel de l’armée.
Selon lui, le groupe paramilitaire russe Wagner, en première ligne dans cette bataille, tente de «percer la défense de nos troupes et d’encercler la ville».
Le patron de Wagner, Evguéni Prigojine, a revendiqué tour à tour ces dernières semaines la prise de localités autour de Bakhmout. Soledar est tombée en janvier, puis Krasna Gora en février, et samedi Iaguidné, située aux portes de la ville.
Conséquence de cette lente poussée russe, trois des quatre routes permettant aux Ukrainiens d’approvisionner Bakhmout ont été coupées, ne laissant plus comme voie de sortie que celle menant à l’ouest vers Tchassiv Iar, au sud de laquelle les Russes essaient également de progresser.
Bakhmout, qui comptait 70.000 habitants avant la guerre, a été en grande partie détruite par les combats qui ont provoqué de lourdes pertes dans les deux camps. Quelque 4.000 civils y demeurent malgré le danger, se réfugiant dans des sous-sols et des abris, selon Stéphane Dujarric, porte-parole du Secrétaire général de l’ONU.
«Très peu d’organisations humanitaires et de volontaires sont (actuellement) dans la région, et la plupart des habitants de la ville dépendent donc principalement des provisions issues des distributions humanitaires précédentes», a-t-il alerté.
M. Zelensky avait reconnu lundi soir que la situation aux alentours de Bakhmout devenait «de plus en plus compliquée» pour les soldats ukrainiens, qui ont décrit des scènes rappelant celles de la Première Guerre mondiale.
Les militaires ukrainiens interrogés par l’AFP à Bakhmout lundi ont affirmé garder le moral. «Nous ne pouvons pas connaître toute la situation opérationnelle mais nous sommes ici, nous ne nous sommes pas enfuis», a déclaré un soldat de 44 ans dont le nom de guerre est «Kaï».
«Non seulement Bakhmout mais la Crimée et tout le reste: nous allons tout récupérer», a renchéri «Died», 45 ans, en tirant sur une cigarette.
«Fox», 40 ans, est plus pessimiste : «Je comprends contre quel pays nous nous battons (...) Ils ont des gens intelligents là-bas, des gens qui savent comment se battre. Ils pensent, ils apprennent, de la même façon que nous».
«Je pense que Bakhmout va probablement tomber», a-t-il lâché, évoquant un manque de munitions et d’effectifs côté ukrainien.
La Russie a de son côté affirmé qu’un drone ukrainien s’était écrasé mardi à une centaine de kilomètres de Moscou, non loin d’une station de compression de gaz. Trois autres ont été abattus ailleurs dans le pays, sans faire de dégâts.
Plusieurs incidents ayant impliqué des drones se sont produits ces derniers mois sur le territoire russe, parfois très loin du front en Ukraine, mais c’est la première fois qu’un drone est signalé près de la capitale.