Le yuan chinois accuse le coup mercredi, plombé par la menace de Donald Trump d’augmenter les droits de douane sur les importations en provenance de Chine, pays qui contribue selon lui à la présence sur le sol américain de fentanyl, une drogue de synthèse.
«C’est sans doute pour le 1er février», a déclaré le président américain, évoquant une hausse de 10% sur les produits chinois, dont la mise à exécution confirmerait sa volonté de lancer la guerre commerciale mondiale promise depuis son élection.
Les cambistes surveillent de près «la mise en oeuvre de la politique de la nouvelle administration», a résumé auprès de l’AFP Brad Bechtel, de Jefferies.
«Les marchés continuent d’être secoués par des mesures contradictoires sur les droits de douane», ont pour leur part commenté dans une note les analystes de Brown Brothers Harriman.
La date du 1er février correspond à celle à laquelle Donald Trump prévoit déjà d’augmenter les droits de douane à hauteur de 25% sur les produits du Mexique et du Canada, une annonce qui avait lourdement affaibli le peso mexicain et le dollar canadien.
C’est cette fois au tour du renminbi, l’autre nom de la monnaie chinoise, de céder du terrain par rapport au dollar: vers 20H00 GMT, le yuan onshore, échangé en Chine continentale, reculait de 0,20% face au dollar à 7,2762 yuans pour un dollar.
Donald Trump justifie ces possibles droits de douane par le fait que la Chine envoie «du fentanyl au Mexique et au Canada», qui finit selon lui par être consommé aux Etats-Unis. Cette drogue de synthèse, dont l’effet analgésique est 100 fois plus puissant que celui de la morphine selon l’agence américaine anti-drogue (DEA), est à l’origine d’une immense crise sanitaire aux Etats-Unis.
L’effet de cette annonce est «limité», relève cependant Kathleen Brooks, de XTB, qui souligne que les 10% brandis par le locataire de la Maison Blanche sont «nettement inférieurs au taux de 60%» initialement évoqués après son élection.
«En matière de droits de douane, les investisseurs estiment que Trump aboie plus fort qu’il ne mord», tranche-t-elle.
Le républicain avait aussi annoncé pendant sa campagne électorale «des droits de douane de 10 à 20% sur toutes les importations vers les Etats-Unis, quelle que soit leur origine», rappelle Michael Pfister, analyste chez Commerzbank.
Or, «l’abandon de cette approche» en faveur d’un arbitrage au cas par cas suppose selon lui qu’à «chaque fois que Trump annoncera des droits de douane sur un pays, d’autres devises qui ne sont pas affectées pourraient initialement surperformer --du moins jusqu’à ce que ces pays soient également touchés».
Dans ce climat d’«incertitude qui émane des Etats-Unis» en particulier concernant leur politique commerciale, l’or surfe sur sa réputation de valeur refuge, note Ahmad Assiri, analyste chez Pepperstone.
En conséquence, le métal jaune grimpe mercredi de 0,40%, à 2755,63 dollars, à une trentaine de dollars de son record historique de fin octobre.