Trump exhorte à une baisse des taux malgré des emplois solides

AWP

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«Si la Fed baissait les taux d’intérêts, nous serions comme une fusée», a affirmé le président républicain qui brigue un second mandat en 2020.

Donald Trump a exhorté vendredi la Banque centrale à baisser les taux d’intérêt pour stimuler davantage la croissance bien que les données de l’emploi du mois de juin témoignent de la solidité de l’économie américaine.

«Si la Fed baissait les taux d’intérêts, nous serions comme une fusée», a affirmé le président républicain qui brigue un second mandat en 2020. «Mais nous payons beaucoup d’intérêts et ce n’est pas nécessaire», a-t-il déploré, accusant la Réserve fédérale de ne pas savoir ce qu’elle fait.

Depuis des mois, le président républicain reproche à la Fed de brider l’expansion économique.

Au total, 224.000 emplois ont été enregistrés le mois dernier quand les analystes tablaient sur 160.000. Et si le taux de chômage est remonté à 3,7% (+0,1 point), c’est pour une bonne raison: le taux de participation a été plus élevé.

Le vigoureux rebond enregistré le mois dernier après un mois de mai particulièrement décevant où seulement 72.000 créations d’emplois avaient été comptabilisées (nombre révisé en baisse) devrait faire taire les rumeurs d’une baisse marquée de l’activité économique et ravir le président Donald Trump, qui fait campagne pour sa réélection en 2020.

«Nous sommes dans un cycle de prospérité solide», a d’ailleurs réagi le conseiller économique de la Maison Blanche Larry Kudlow. «La croissance est plus rapide, la prospérité est plus forte, les inégalités moins grandes», a-t-il ajouté sur Fox News.

Le rapport sur l’emploi a néanmoins été accueilli fraichement par les marchés boursiers qui tablaient sur une baisse des taux d’intérêt de la Banque centrale américaine après une série d’indicateurs économiques défavorables, et ce dès la prochaine réunion de la Fed fin juillet.

Or un bon rapport sur l’emploi devrait éloigner la perspective d’une baisse des taux.

Pour le président républicain, l’économie reste la pièce maitresse de son actuel mandat et son meilleur argument pour prétendre au second.

La nouvelle offensive de Donald Trump combiné à ces nouveaux chiffres de l’emploi vont compliquer la tâche de l’institution pour prendre sereinement une décision sur les taux.

PIB au deuxième trimestre

Sa prochaine réunion se tiendra les 30 et 31 juillet. D’autres indicateurs économiques seront publiés d’ici cette échéance. Et dans ce contexte, la première estimation de croissance du deuxième trimestre, publiée le 26 juillet, sera scrutée à la loupe.

Donald Trump a affirmé récemment que l’économie américaine pourrait caracoler à «4%, voire 5%» de croissance, si la Fed consentait à une telle décision au lieu d’afficher le comportement «d’un enfant têtu».

Si la Maison Blanche prévoit toujours 3% de croissance au moins pour 2019, la plupart des économistes et institutions sont sceptiques.

Après 2,9% en 2018, la Fed mise sur un ralentissement à 2,1% cette année et le FMI table sur 1,9%, relevant que les mesures ayant largement stimulé l’expansion l’an passé, en particulier la baisse des impôts accordée aux entreprises, s’estompent cette année.

La Fed a laissé entendre lors de sa dernière réunion en juin qu’elle pourrait baisser les taux si elle estimait que les tensions commerciales créées par le président américain s’accroissaient, si l’économie mondiale montrait des signes de faiblesse plus marqués et si l’inflation s’entêtait à rester en dessous de son objectif de 2%.

Opter pour un statu quo dans les taux d’intérêt exposerait la Fed à de nouvelles critiques virulentes de la part de l’hôte de la Maison Blanche.

L’économie américaine est certes entrée lundi dans la plus longue période d’expansion économique de son histoire contemporaine. Et les chiffres de l’emploi de juin sont solides.

Mais pour le premier semestre, les créations d’emplois se sont établies en moyenne mensuelle à 172.000 contre 223.000 en moyenne mensuelle en 2018.

Le mois dernier, l’emploi dans le secteur manufacturier, cher à Donald Trump, a enregistré 17.000 nouvelles créations, marquant un rebond pour ce secteur évoluant au gré des incertitudes entourant la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine ainsi que les tensions commerciales de Washington avec d’autres partenaires majeurs comme l’Union européenne et le Japon.

Mais cela reste très inférieur aux chiffres de 2018.

«Pour la Fed, les membres (du comité monétaire) ont désormais besoin de chiffres économiques faibles pour affirmer honnêtement que l’économie a besoin de soutien», a estimé l’économiste Joel Naroff.

«Malgré la vigueur du marché du travail qui a réduit l’urgence d’une réduction des taux de la Fed à court terme, nous continuons de rechercher une réduction plus tard ce mois-ci», ont réagi pour leur part Lydia Boussour et Gregory Daco, économistes chez Oxford Economics dans une note, relevant que des pics avaient été atteints.

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