Très peu de nuages à l'horizon des banques suisses

AWP

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L'écrasante majorité des établissements anticipe une hausse des résultats ces trois prochaines années, selon une enquête d'Ernst & Young (EY).

L'accumulation d'obstacles comme la crise sanitaire, la poussée inflationniste ou les cyberattaques n'entameraient en rien la confiance des banques suisses. L'écrasante majorité des établissements anticipe une hausse des résultats ces trois prochaines années, selon une enquête d'Ernst & Young (EY).

Le secteur bancaire a pour l'instant traversé la crise sans heurts et affiche un optimisme quasi inoxydable, à en croire les données publiées mardi par le géant du conseil. Parmi les sondés, 87% tablent sur une amélioration de leur performance opérationnelle à court terme, contre 73% l'année précédente. Les perspectives à long terme (trois ans ou plus) restent très favorables, avec un taux de réponses positives s'approchant toujours de 90%.

Les auteurs de l'étude émettent cependant quelques réserves, se demandant si cette "confiance accrue" est justifiée. Les banques interrogées ne tablent pas sur une inflation supérieure à 2% en Suisse à court terme. Un tel scénario impliquerait un maintien des taux d'intérêts à un niveau très bas, ce qui va accentuer l'érosion des marges dans les opérations de crédit.

Dans ce contexte, les établissements spécialisés dans la gestion de fortune seraient les mieux lotis. L'ensemble des banques privées ayant participé au sondage s'attendent à améliorer leurs résultats dans un horizon de deux ans. Les réponses sont plus mitigées pour les banques régionales, très axées sur les activités de détail, dont la proportion d'optimistes recule à 65%.

Risques limités des crédits aux PME

La répercussion – totale ou partielle – des taux négatifs demeure une réalité pour le secteur bancaire helvétique. Les établissements se disent déterminés à en exempter les particuliers dont les dépôts ne dépassent pas 100'000 francs. Quelques exceptions existent toutefois, rappelle EY dans les conclusions de son enquête.

Cette situation pousse la majorité des établissements sondés à renforcer l'activité de placement, afin de contrebalancer l'érosion des marges de les affaires crédits, une tendance tout sauf nouvelle. Les banques cantonales affichent le plus grand enthousiasme pour la gestion de fortune, identifiée comme l'activité décelant le plus grand potentiel de croissance (à 74% contre 55% en 2020), davantage même que les banques privées (68%).

Alors que l'économie helvétique a été durement touchée par la pandémie de coronavirus, la plupart des banques (64%) n'entendent pas relever à court terme leur provisions de crédits aux PME. La proportion recule cependant à 54% dans un horizon de trois ans ou plus.

En termes de risques, les cyberattaques occupent de plus en plus le secteur. Le nombre de tentatives d'intrusion a augmenté principalement pour les banques régionales interrogées, qui ont répondu par la positive à 70%, contre 50% pour les banques cantonales, 52% pour les établissements de gestion de fortune et 46% pour les banques étrangères. Le renforcement de la sécurité informatique figure parmi les principales hausses de coûts attendues.

Les participants à l'enquête souhaitent par ailleurs investir pour développer les plateformes numériques, mais également l'offre de placement durable ou ESG.

 

Les banques suisses se laisseraient tenter par les cryptomonnaies

Le vent semble tourner au sein du secteur bancaire au sujet des cryptomonnaies. Initialement sceptiques, voire méfiants, de nombreux établissements helvétiques envisageraient désormais de proposer à leurs clients cette classe d’actifs comme produit d’investissement.

Une majorité d’acteurs bancaires va même plus loin, anticipant une démocratisation des cryptodevises dans un horizon de dix ans, selon une enquête publiée mardi par Ernst & Young (EY). Pour 55% des sondés, le bitcoin, l’ethereum, le dodgecoin et consorts deviendront à terme une catégorie de placement classique, au même titre que les actions ou les obligations.

Les banques privées et les établissements sis en Suisse mais détenus par des groupes étrangers sont les plus convaincus, souscrivant respectivement à 64% et 66% à un tel scénario.

Les banques prévoyant de proposer une offre de placement en cryptomonnaies dans les trois prochaines années sont également majoritaires, à 55%. Les banques privées (68%) se distinguent une nouvelle fois, suivies par les banques cantonales (50%).

Selon EY, les clients sont déjà très demandeurs. «La raison de cet intérêt élevé (...) pourrait être liée aux faibles corrélations entre les placements en cryptomonnaie et les placements traditionnels», affirme le géant du conseil.

Des réticences n’en demeurent pas moins au sein des banques, surtout du point de vue de la réglementation. Le Comité de Bâle sur le contrôle bancaire - émanation de la Banque des règlements internationaux - a proposé en juin dernier des prescriptions très strictes en termes de fonds propres pour les établissements souhaitant s’aventurer sur le terrain des cryptodevises, rappelle EY.

Dans une note diffusée en juillet dernier, UBS a mis en garde contre les «risques substantiels» que représentent les cryptomonnaies. Le numéro un bancaire zurichois recommande aux investisseurs d’éviter ce type d’actifs dans leur portefeuille et de leur préférer des valeurs technologiques moins risquées, comme les fintech.

Pour sa part, la Banque nationale suisse (BNS) ne reconnaît pas le statut de monnaie pour bitcoin ou l’ether. Ces cryptodevises ne remplissent pas des conditions essentielles pour être considérées comme monnaie et les variations de cours élevées plaident contre un tel statut, avait souligné en juin Andrea Maechler, membre du directoire de la BNS.

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