La firme de high-tech allemande a été introduite à la Bourse de Francfort, rapportant 2,2 milliards d’euros à son propriétaire, le fonds britannique Permira.
La firme de high-tech allemande Teamviewer a été introduite mercredi à la Bourse de Francfort, rapportant 2,2 milliards d’euros (environ 2,4 milliards de francs) à son propriétaire, soit la plus grosse opération de l’année en Europe dans un contexte peu porteur.
La cotation de la société de Göppingen, près de Stuttgart dans le sud-ouest du pays, a débuté au prix de 26,25 euros, égal à son prix de souscription, avant de reculer jusqu’à 24,80 euros dans les premiers échanges.
Au prix d’introduction, l’entreprise est valorisée 5,5 milliards d’euros. Son propriétaire, le fonds britannique Permira, a placé 42% du capital et fait plus que doubler la mise par rapport aux 870 millions d’euros investis en 2014 pour mettre la main sur l’entreprise.
Teamviewer fait mieux à Francfort que la branche poids-lourds de VW, Traton, qui avait levé au début de l’été 1,56 milliard d’euros, soit 11,5% du capital. Et elle signe la plus grosse introduction de l’année en Europe, devant l’italienne Nexi, spécialisée dans les paiements, qui a levé 2,1 milliards d’euros en avril.
Créée en 2005 au coeur d’une région industrielle qui abrite Daimler et la machine-outil, Teamviewer fait partie des «licornes», ces start-up technologiques valant plus d’1 milliard de dollars avant même leur introduction boursière.
Très populaire dans les entreprises comme dans les foyers privés, la firme recense plus d’1,5 milliard d’identifiants dans le monde, qui utilisent le plus souvent gratuitement ses progiciels de maintenance à distance d’ordinateurs et de vidéoconférence.
Son modèle comprend aussi une offre payante par abonnement pour les entreprises, avec 368.000 clients à ce jour, regroupant des centaines de millions d’ordinateurs.
«Les possibilités d’investissement dans des sociétés allemandes d’informatique à la fois grosses, liquides et d’envergure internationale ont jusqu’à présent été très limitées. Teamviewer est donc un atout pour ce type de valeurs en Allemagne», note Pascal Spano, analyste chez Metzler, joint par l’AFP.
Reste pour celle-ci à écrire une histoire boursière à succès, alors que cette première cotation intervient dans un climat maussade.
Lors du troisième trimestre de l’année, le volume des émissions a reculé de 22% dans le monde, à 40,2 milliards d’euros, l’Europe enregistrant de son côté une baisse de 1% à 3,5 milliards d’euros en intégrant cette opération, selon une étude d’Ernst & Young publiée mercredi.
«Les conditions difficiles du moment font que l’empressement est moindre pour se préparer à une introduction en Bourse», commente Martin Steinbach , associé chez Ernst & Young, joint par l’AFP.
En particulier le marché allemand a été «très sur la retenue» cette année, après un cru 2018 flamboyant (Siemens Healthinners, DWS,...) et «nous ne prévoyons pas de reprise significative dans la première partie de 2020», ajoute Pascal Spano.
Le quatrième trimestre étant le plus actif en termes d’arrivées sur la cote, «certains émetteurs pourraient nous surprendre (à Francfort) et risquer l’introduction en Bourse même avant Noël», veut néanmoins croire M.Steinbach.