Royaume-Uni: les ventes au détail stagnent en janvier

AWP

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L’ONS explique cette quasi-stagnation de 0,1% par la hausse des prix toujours vive au Royaume-Uni, l’inflation ayant atteint 3% en janvier.

Les ventes au détail au Royaume-Uni ont fait du surplace en janvier, reflétant la prudence des consommateurs dont le pouvoir d’achat souffre d’une inflation élevée sur fond de Brexit.

L’Office des statistiques nationales (ONS) a annoncé vendredi une très légère hausse de 0,1% des ventes au détail par rapport à décembre.

Ce chiffre, qui intervient après une baisse de 1,4% en décembre (chiffre révisé), est moins bon que prévu par les économistes interrogés par Bloomberg, qui s’attendaient à un rebond de 0,5%.

L’ONS explique cette quasi-stagnation par la hausse des prix toujours vive au Royaume-Uni, l’inflation ayant atteint 3% en janvier. Cette dernière a accéléré progressivement dans le courant de 2017 du fait de la faiblesse de la livre, entretenue par les incertitudes du Brexit, ce qui renchérit le coût des biens importés.

Les Britanniques hésitent à consommer

Comme la progression des salaires peine à suivre le rythme, même s’il y a des signes d’amélioration, le pouvoir d’achat des Britanniques se comprime et ces derniers hésitent à consommer autant qu’avant.

«Les ventes au détail ont été globalement stables au début de la nouvelle année et la tendance de long terme est celle de la poursuite du ralentissement. Cela peut être en partie attribué à un contexte de hausse générale des prix», explique Rhian Murphy, statisticien à l’ONS.

L’indicateur a été tiré vers le bas par le nouveau repli dans les commerces alimentaires (-0,4%) - même si cette baisse est moins forte que celle de décembre - ainsi que par les ventes de carburants (-0,6%).

En revanche, les ventes dans les magasins non alimentaires ont rebondi de 0,7%, grâce à de moins mauvaises performances dans l’habillement et les biens pour la maison. Le contexte reste néanmoins délicat pour les professionnels, comme l’a montré l’avertissement sur résultats émis cette semaine par la chaîne d’articles pour la maison Laura Ashley qui a évoqué une baisse de la demande pour les meubles et les papiers peints au Royaume-Uni.

Pédale de frein

Au total par rapport à janvier 2017, les ventes au détail ont progressé de 1,6%, soit bien moins que la hausse de 2,4% enregistrée un an plus tôt à la même époque.

«Après une période de Noël particulièrement difficile pour les commerçants, les consommateurs ont continué à appuyer sur la pédale de frein en janvier», relève James Smith, économiste chez ING, qui voit «peu de facteurs pouvant entraîner un rebond dans les prochains mois».

Seul motif d’espoir à court terme, les ventes dans l’alimentaire pourraient retrouver des couleurs «maintenant que les supermarchés ont dans l’ensemble achevé la répercussion sur les prix de la baisse de la livre», cette dernière ayant en outre enrayé sa baisse récemment, souligne Samuel Tombs, économiste chez Pantheon Macroeconomics.

La prudence des économistes

Mais il n’est pas certain que cela suffise à redonner le sourire aux consommateurs et, dans l’ensemble, les économistes restent prudents sur l’évolution des ventes au détail.

«La grande question est de savoir si c’est le début d’une tendance préoccupante pour l’économie ou si la baisse de l’inflation et la hausse des salaires vont venir à la rescousse», selon Ben Brettell, économiste chez Hargreaves Lansdown.

La confédération syndicale TUC s’inquiète en particulier de la situation des ménages, alors que «le niveau de vie des personnes qui travaillent diminue rapidement». Elle appelle le gouvernement à encourager les hausses de salaires.

Pour l’heure, les indicateurs n’augurent rien de bon pour la consommation, alors que cette dernière avait été le moteur de la croissance économique britannique ces dernières années.

Le coup de frein dans les dépenses accompagne un ralentissement progressif de l’activité économique, qui devrait se poursuivre en 2018 après une hausse du produit intérieur brut (PIB) de 1,8% en 2017 et de 1,9% en 2016.