Résistance face aux crises: la recette romande

Communiqué, BCV

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Au niveau des régions helvétiques, la Suisse centrale et la Suisse du Nord-Ouest ont affiché des augmentations plus importantes (respectivement de 53,7% et 52,5%).

De 2000 à 2020, la Suisse romande a affiché une croissance de 45,2%. Pourtant, cette période a été marquée par des chocs à répétition: de l’effondrement de la bulle technologique à la crise du Covid-19. La Suisse romande a ainsi été plus dynamique que le pays dans son ensemble, dont le produit intérieur brut (PIB) a augmenté de 39,3% sur vingt ans, que les États-Unis (+33,5%) ou la zone euro (+17,7%). Au niveau des régions helvétiques, la Suisse centrale et la Suisse du Nord-Ouest ont affiché des augmentations plus importantes (respectivement de 53,7% et 52,5%). En revanche, la croissance des autres régions, Berne-Soleure, la Suisse orientale, Zurich et le Tessin (de 24,2% à 37,0%), a été moins élevée.

Bien que l’économie romande n’ait pas été épargnée par les chocs économiques au cours des vingt dernières années, elle affiche une croissance appréciable, plus élevée que celles d’autres économies industrialisées, en Europe de l’Ouest ou outre-Atlantique. Elle est ainsi l’un des moteurs de la croissance suisse, comme le montre la 14e étude sur le PIB romand publiée par les six banques cantonales romandes, en collaboration avec l’Institut CREA d’économie appliquée de la Faculté des HEC de l’Université de Lausanne et le Forum des 100 du quotidien Le Temps.

La Suisse romande se distingue également au niveau de l’emploi, avec une hausse de 31,8%. Mis à part le Luxembourg (+79,5%), une petite économie très profilée dont les performances économiques sont excellentes, la Suisse romande se détache par rapport aux économies d’Europe de l’Ouest ou d’Amérique du Nord. En comparaison avec les autres régions helvétiques, elle est celle dans laquelle le plus d’emplois ont été créés. La Suisse centrale (+27,7%) la suit de près, de même que Zurich (23,1%) et la moyenne nationale (21,3%). La dynamique est en revanche moins marquée en Suisse orientale (+14,9%), dans la Suisse du Nord-Ouest (+12,6%) ainsi que dans la région Berne-Soleure (+12,5%).

Principal moteur: le tertiaire

À l’instar de la plupart des autres régions industrialisées, l’économie romande est assez fortement tertiarisée. Les activités de services représentent environ les trois quarts de la valeur ajoutée et de l’emploi, alors que le poids du secondaire est d’environ un quart et celui du primaire de l’ordre du pourcent. Logiquement, le tertiaire a été le principal moteur de la croissance entre 2000 et 2020 et contribue à hauteur d’environ trois quarts à la hausse du PIB. Notamment, les services aux entreprises et les activités immobilières ainsi que les services publics et parapublics ont affiché une forte croissance. Le bilan depuis le début du siècle est également positif pour le commerce, pour les services financiers ainsi que pour les transports et les communications. Le secteur secondaire a également contribué à la croissance, en particulier la chimie-pharma – notamment la «Health Valley» de Suisse occidentale –, ainsi que l’industrie des machines, l’horlogerie et la construction.

La vitalité de l’économie romande a conduit à une forte croissance démographique, liée avant tout à l’immigration. L’accord sur la libre circulation des personnes avec l’Union européenne a permis aux entreprises romandes de recruter hors des frontières helvétiques les collaboratrices et collaborateurs dont elles avaient besoin. En vingt ans, la population romande a augmenté d’un quart, bien que la hausse se soit modérée après 2008 et la crise des subprimes. Parmi les régions suisses, seule celle de Zurich a connu une hausse légèrement supérieure à la moyenne romande. Le dynamisme de la démographie s’est révélé moins fort dans les économies industrialisées, notamment la zone euro ou les pays voisins de la Suisse.

L’augmentation de la population n’a pas conduit à une hausse du chômage. Sur vingt ans, le taux de sans-emploi est resté relativement stable en Suisse romande, à environ 4% (3,7% en août 2021). Il a augmenté à l’occasion des chocs conjoncturels, pour se résorber ensuite. En 2019, à 3,3%, il était même proche de son plus bas niveau depuis le début du siècle. Traditionnellement, le chômage est plus élevé en Suisse romande qu’en moyenne nationale et que dans les autres régions du pays. En revanche, le taux de sans-emploi est plus bas en Suisse romande qu’en moyenne dans les pays industrialisés, la zone euro ou certains pays voisins.

Reprise de l’économie romande
En raison de la crise du Covid-19, le produit intérieur brut (PIB) romand a baissé de 2,3% en 2020, selon les dernières estimations du CREA. Ce recul est similaire à celui du PIB suisse (-2,5%) et moins profond que celui observé dans les principales économies développées, telles que les États-Unis (-3,5%) ou la zone euro (-6,5%).

La crise du Covid-19 n’a pas été aussi grave que ce qui était redouté après le semi-confinement du printemps 2020, soit l’une des récessions les plus profondes depuis un siècle avec recul du PIB romand attendu à 5,7% en été 2020. La résistance de l’économie romande s’explique par sa diversification et la capacité d’adaptation des entreprises. En outre, les aides massives des pouvoirs publics et des mesures de protection tendanciellement plus souples au fil des vagues de la pandémie ont également soutenu la conjoncture.

En 2021, l’économie romande, comme l’économie suisse et mondiale, est engagée dans une reprise vigoureuse. En Suisse romande, la reprise attendue porte sur un PIB en hausse de 2,8% cette année et de 4,2% l’an prochain. Au niveau national, la croissance est prévue à 3,2% en 2021 et à 3,4% en 2022. La croissance mondiale est anticipée à 6,0% cette année et à 4,9% l’an prochain. Le degré d’incertitude demeurant néanmoins élevé, une certaine prudence reste de mise.

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