Pétrole: lentement mais sûrement, l’Opep+ ouvre ses vannes

AWP

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Les treize membres et leurs dix alliés ont convenu d’ajuster leur niveau total de production de 400’000 barils par jour pour le mois de février.

Les vingt-trois pays de l’Opep+ ont décidé mardi d’augmenter à nouveau légèrement leurs vannes en février, alors que la demande de pétrole est à ce stade peu affectée par la propagation du variant Omicron.

Les représentants des treize membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et leurs dix alliés via l’accord Opep+ ont convenu «d’ajuster leur niveau total de production de 400’000 barils par jour pour le mois de février 2022», a annoncé l’Opep dans un communiqué à l’issue d’une entrevue rapide et sans surprise.

Ils maintiennent ainsi la stratégie de réouverture prudente amorcée en mai 2021 dans un contexte de reprise, après les coupes drastiques décrétées en 2020 pour surmonter le choc de la pandémie de COVID-19.

Puisque la demande a peu réagi à la propagation d’Omicron, «nous devons remplir les obligations auxquelles l’Opep+ s’est engagée dans le cadre de l’augmentation de la production», a déclaré à la télévision Rossiya 24 Alexandre Novak, vice-premier ministre russe en charge de l’Energie.

«La décision était largement anticipée et les prix du pétrole ont à peine réagi à l’annonce», a commenté Caroline Bain, analyste chez Capital Economics.

Le cours du Brent, référence européenne du brut, prenait 0,79% à 79,60 dollars, un mouvement limité mais qui maintient le pétrole à des niveaux élevés, soutenus par les perspectives optimistes de l’Organisation sur la demande.

Impact limité

Plusieurs indicateurs montrent par ailleurs que les pays membres ne sont pas tous en mesure d’augmenter leurs extractions, même avec un objectif relativement bas.

«Il faut bien se souvenir qu’une hausse du seuil de production autorisé n’est pas la même chose qu’une réelle augmentation», souligne dans une note Bjarne Shieldrop, analyste chez SEB.

En décembre, les producteurs avaient adopté la même cible pour janvier, malgré les inquiétudes autour d’Omicron qui avaient fait flancher les cours, promettant simplement de surveiller de très près le marché.

Pari payant pour le cartel: l’organisation avait ainsi répondu aux craintes de Washington sur les prix à la pompe, s’attirant les remerciements de la Maison Blanche... Alors même que les cours du brut repartaient de plus belle, alimentant une poussée de l’inflation à travers le monde.

Et plusieurs analystes s’attendaient à ce que la hausse des prix de l’or noir se poursuive en 2022, variant Omicron ou pas.

Les analystes de l’Opep ont affirmé aux 13 pays membres et à leurs dix partenaires lors d’une réunion technique lundi que les conséquences d’Omicron sur la demande seraient modérées.

De quoi doper l’appétit des investisseurs pour le brut, même si «l’Agence internationale de l’Energie prévient qu’il va y avoir un surplus d’or noir dans les premiers mois de 2022», souligne Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote.

Normalisation

Petit à petit, l’Opep+ se rapproche des niveaux prépandémie.

La hausse annoncée «signifie que d’ici le mois de février, nous atteindrons déjà environ 85% de la reprise de la production», soit «1,7 million de barils par jour sur les 2 millions» volontairement laissés sous terre au début de la pandémie, a précisé M. Novak.

Mais une inconnue subsiste pour 2022: l’Iran, poids lourd dont les exportations sont limitées par les sanctions américaines.

Et tandis que les pourparlers ont repris fin novembre à Vienne entre Téhéran et les Occidentaux pour tenter de faire revenir les Etats-Unis dans l’accord sur le nucléaire, avec à la clé pour la République islamique une levée des mesures punitives, le marché semble pour l’instant sceptique sur le retour des barils iraniens.

«Un échec (des négociations) mènerait à de nouvelles sanctions mais également à une remontée des tensions au Moyen-Orient et dans le Golfe», ce qui pourrait encore faire monter les prix, avertit M. Shieldrop.

A la veille du sommet de mardi, l’Opep a nommé un nouveau secrétaire général: le Koweïtien Haitham Al-Ghais, vétéran du secteur, succédera en août et pour trois ans au Nigérian Mohammed Barkindo.

En poste depuis 2016, c’est sous la houlette de M. Barkindo que l’Opep a repris son statut de meneur du marché du brut grâce à l’alliance Opep+.

«Alors qu’un autre chapitre débute avec la nouvelle année, souvenons-nous avec fierté de ce que nous avons accompli par le biais de cette coopération historique», s’est félicité M. Barkindo.

La prochaine réunion de l’Opep+ est prévue pour le 2 février.

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